ARLES Un conseil municipal sous haute tension
De vifs échanges ont eu lieu entre la majorité et l'opposition lors du conseil municipal du 7 novembre qui comportait 26 délibérations.
Le conseil municipal de jeudi 7 novembre s'est ouvert sur la prise de parole de Cyril Girard, élu d'opposition. "Vous nous avez envoyé un mail pour nous informer que suite à une demande exprimée par madame Guintoli, et dans un souci d’équilibre pour représenter les différents courants au sein du conseil municipal, les modalités de la page réservée aux tribunes au sein d'Arles info seront modifiées." Le conseiller municipal a précisé que la majorité et le groupe d'opposition bénéficiaient jusqu'à présent de 3000 signes chacun. "Vous proposez désormais 2000 pour les deux camps et 800 pour madame Guintoli et monsieur Meyssonnier. Sous couvert de liberté d'expression, c'est un coup de rabot aux oppositions", a-t-il estimé. Patrick de Carolis s'est défendu, indiquant qu'il avait fait ce choix car le groupe d'opposition le Parti des Arlésiens a refusé d'inclure les deux élus de son ancienne majorité.
L'opposition a alors prévenu le maire qu'elle avait saisi le tribunal administratif. "Vous n'avez pas le droit de modifier les modalités d'attribution des tribunes dans les 14, 15, 18 mois qui précèdent une élection municipale", a ainsi soulevé Nicolas Koukas. "Et c'est fort de café de nous dire qu’il aurait fallu faire de la place à des élus qui figuraient sur votre liste et que vous avez jeté salement dehors de votre majorité." Le communiste de conclure : "Il est grand temps que cette page de Carolis se termine. Vous manquez cruellement de concertation. On voit bien que vous êtes fatigués, que les projets sont arrêtés, votre majorité est fragile, vous vous recroquevillez en ayant peur de l’expression d’autrui. Il nous reste 18 mois pour tourner cette page et qu’on vous dise au revoir." Réponse de Patrick de Carolis : "Je salue ici le lancement de votre campagne municipale. Moi j’ai une totale confiance dans les arlésiens et c’est eux qui décideront du sort de notre majorité. " Le ton était donné pour la suite du conseil municipal...
Une aide de 10 000 euros pour les inondations en Mauritanie et en Espagne
La première délibération concernant l'attribution de subventions exceptionnelles aux sinistrés des inondations pour les villes de Sagne en Mauritanie, et de Valence en Espagne, n'a pas calmé les tensions de ce conseil municipal qui avait des allures de campagne électorale...En effet, s'ils affirment bien volontier leur accord pour allouer des subventions aux villes sinistrées, plusieurs élus de l'opposition se sont montrés "surpris du montant", qui s'élève à 5000 euros par ville. "C'est humiliant ! Ce qu'il s'est passé en Espagne est dramatique, nous avons vécu la même chose en 2003 et nous avions reçu des aides exceptionnelles de leur part", a tenu à rappeler Nicolas Koukas.
L'élu communiste a également pris l'exemple de la ville de Nîmes, municipalité de droite, qui a voté une aide de 100 000 euros. "Et qu'à fait le CCAS pour leur venir en aide ? Monsieur Fournier a de son côté également mobilisé son centre social. Vous faites rire tout le monde !" Patrick de Carolis s'est défendu, arguant que la ville ne peut donner que ce qu'elle a. "Vous connaissez les finances de la ville puisque vous avez été adjoint aux finances. Vous nous avez laissé une dette de 108 millions d'euros... On n'aurait pas fait ce geste vous nous auriez dit que c'était inadmissible, nous le faisons ce n'est pas assez... Vous ne faites que de la politique politicienne !"
Lui coupant la parole, Nicolas Koukas a assuré que l'ancienne municipalité avait laissé "7 millions d'excédents budgétaire !" "Si vous voulez prendre la parole vous me la demandez", s'est agacé Patrick de Carolis. "Oui chef, est-ce que je peux prendre la parole ? Majesté ?", s'est exécuté Nicolas Koukas, réitérant ses propos. "Il suffit de ne pas faire de travaux la dernière année, et vous avez des excédents à la fin de l'année", rétorque à son tour le maire assurant avoir un excédent de 20 millions d'euros. "Vous êtes un petit garçon monsieur Koukas. Je vais vous dire une chose. Pour la première fois cette année Arles sort du réseau d’alerte financier. Qu'est-ce que vous avez fait pendant 19 ans pour en sortir ? Vous devriez applaudir. Tous les arlésiens verrons que cette équipe prépare l’avenir. Et j’en suis convaincu, la population vous tournera à nouveau le dos !" Malgré ses tentatives pour répondre, Nicolas Koukas n'a pas obtenu la parole. Ancienne élue de la majorité, Carole Guintoli s'est de son côté demandé pourquoi ne donner que 5 000 euros, à plus forte raison si la ville dispose bien d'un excédent de 20 millions d'euros. Au milieu de cet échange tendu, Éric Souque a assuré que le CCAS était en contact avec des associations comme la Croix Rouge afin de cibler les besoins en Espagne.
Calend'Arles
Les débats ont ensuite porté sur le marché prévu du vendredi 29 novembre au mardi 24 décembre place de la République dans le cadre des festivités de Noël "Calend'Arles". Après une question de Nicolas Koukas portant sur l'emplacement de cet événement et la place accordée aux associations et aux strucutres locales, cette délibération a été adoptée. Jean-Michel Jalabert a en effet justifié le choix d'un lieu fixe place de l'hôtel de ville. "Nous avions dans l'idée de faire un parcours mais les commerçants nous ont dit que selon l'endroit où ils allaient se trouver certains seraient plus favorisés que d'autres." Il a également expliqué que le feu d'artifice du 23 décembre serait désormais le feu annuel d'Arles afin de remplacer celui du 14 juillet que la commune a du mal à maintenir en raison des risques incendies.
Débats autour du stationnement
S'en est suivi une délibération proposant la gratuité des parkings excentrés Chabourlet, Les Minimes et Sixte-Quenin durant les temps forts des Calend’Arles 2024, du 7 au 31 décembre 2024, ainsi que la distribution de 5000 chèques-parking permettant de bénéficier de 3 heures de stationnement gratuit au Parking du Centre. Ces chèques seront à récupérer à l'Hôtel de ville, contre un justificatif de paiement d’un stationnement et la preuve d’un achat dans une boutique du centre-ville. L'opposition dans son ensemble s'est abstenue, estimant notamment que cela imposait aux visiteurs de faire des achats. "Pourquoi ne pas programmer directement les horodateurs pour que tout le monde ait le droit à trois heures gratuites ?", a par exemple suggéré Cyril Girard.
L'actualisation des tarifs et du règlement d'attribution du stationnement payant sur la voirie pour l'année 2025 a également suscité de nombreux échanges. Jean-Michel Jalabert a ainsi proposé de mettre en place un abonnement sur une année glissante et non plus sur une année civile, afin que cela soit "moins injuste." Mais l'opposition a regretté la hausse du tarif des abonnements. "En zone verte le tarif passe de 65 à 78 euros. Cela fait une augmentation de 13 euros entre 2020 et 2025, ce n'est pas négligeable dans ce contexte économique et social. Tous les arlésiens n'ont pas les moyens nécessaires", a estimé Nicolas Koukas. "Cette année, l'augmentation est de 2%, c'est le niveau de l'inflation", a justié le premier adjoint. Prenant de la hauteur sur le sujet, Cyril Girard a regretté "l'absence de véritable projet de mobilité en dehors de la voiture", estimant que la municipalité est encore sur des projets du 19 ème siècle.
Lors de cette soirée, les débats ont également porté sur la création de 10 emplois permanents. L'occasion pour la conseillère municipale Marie Andrieu d'alerter sur le manque de médiateurs culturels au sein des services culturels de la ville. "J’ai été saisie par des enseignants qui s’inquiètent d’avoir vu, depuis la rentrée scolaire, leur visite de musée ou de monuments supprimées par manque de médiateurs culturels", explique-t-elle. Sophie Aspord a assuré qu'une procédure de recrutement était en cours. La question d'une fermeture de quinze jours supplémentaires des crèches de la ville a également été mise sur la table.
Conseil municipal du 7 novembre
Vendredi 8 novembre, Patrick de Carolis a fustigé par le biais d'un communiqué des "dérapages inadmissibles de certains élus de l'opposition" lors du conseil municipal, affirmant que des "propos injurieux" ont été prononcés hors micro à son égard et à l'égard de l'une de ses adjointes. "Arles mérite mieux que des échanges d'une telle bassesse. Arles mérite mieux que cela", a-t-il conclu.
Nicolas Koukas, s'est quant à lui dit "assez surpris par ce communiqué", assurant qu'il n'y avait eu aucune injure de la part de ses élus. "Débattre ou contredire monsieur de Carolis ne veut pas dire injurier. L'heure est au respect des uns et des autres. Notre conseil municipal doit rester un lieu de débat dans le respect du pluralisme des opinions politiques."