LE DOSSIER Municipales : culture, santé, équipements… Promesses tenues à Alès ?
Max Roustan va fêter ses 30 ans de mandat le 22 février. Il ne compte pas se représenter mais son président d’agglo Christophe Rivenq est partant.
« Vous l’avez vu le pont sur le Gardon ?, ironise Paul Planque, conseiller municipal d’opposition à Alès. Il n’y a absolument rien. » Pour cet élu communiste, « toutes les opérations structurantes » comme transformer la rocade en boulevard urbain ou encore créer un pôle d’échange multimodal « n’ont pas été faits ». Max Roustan, vieux routard de la politique, élu depuis 1995, avait fait un programme moins touffu que celui de son homologue nîmois. Où en-est-il ?
ÉCONOMIE
• Pôle santé bien-être aux Fumades. Fait. Inauguré le 18 juillet, il comporte notamment de nouveaux espaces rhumatologie, ORL et dermatologie, de la balnéothérapie, un grand jardin de plantes aromatiques et 67 chambres d’hôtellerie.
• Rénovation des Halles de l’abbaye. Bien avancé. La livraison du marché et des trois niveaux du parking souterrain est prévue en juin 2025. « Ils vont tout faire pour que les grandes inaugurations aient lieu durant la période pré-électorale », persiffle Paul Planque, ingénieur-architecte-urbaniste de métier.
• Création d’une marque territoriale. Fait. « Sud ingénieux » est né le 13 avril 2022.
• Création d’une maison de l’économie. Fait.
• Un parc scientifique et technique de 8 hectares aux Près-Saint-Jean. En cours. Ce projet présenté en septembre prévoit 4 400 m² de bureaux et ateliers et 1 000 m² pour la formation.
URBANISME
• La place des martyrs. Fait. « Elle est très minéralisée. Elle ne correspond pas aux enjeux actuels d’environnement », balaie Paul Planque.
• Nouveau pont sur le Gardon pour décongestionner la circulation. Non réalisé à cause de contraintes techniques et financières.
• Requalification de la grand-rue Jean-Moulin dans le cadre du second plan de rénovation urbaine. Bien avancé. Livraison totale du projet prévue en juin.
CULTURE
• Réaménagement de la mine témoin. Fait. Des travaux de sécurisation ont été faits pour que cet équipement fermé depuis des intempéries en 2014, puisse rouvrir durant l’été 2020. « On travaille à un projet de développement », ajoute Christophe Rivenq.
• Création d’une salle multi-activités de 3 000 places en périphérie. Non réalisé pour raisons budgétaires.
• Lancement d’un festival du livre. Fait. Il y a eu deux éditions de « Passeurs de livres ».
• Parrainage de jeunes talents à fort potentiel. Fait. Avec notamment le concours « L’incroyable alésien ».
SANTÉ
• Politique attractive et accompagnement à l’implantation de médecins. En cours. Organisation des États généraux de la santé. Mais malgré cela, selon une « enquête population » réalisée en août dernier, par Nicaya pour la ville d’Alès, la santé reste une préoccupation forte. Quand on demande aux Alésiens de choisir parmi une liste de points faibles, 75 % d’entre eux cochent la case « il y a des difficultés pour trouver des médecins et des spécialistes ».
TRANSPORTS
• Développement du système de vélos Ales’y + création parking covoiturages. Fait. En septembre 2020, Alès s’est équipé de cent vélos à assistance électrique avec locations courte et longue durée.
• Extension des navettes gratuites progressivement passées à l’électrique en cœur de ville. Fait.
• Création d’un pôle échange multimodal autour de la gare. En discussion avec la SNCF.
• Lancement de la requalification rocade en boulevard urbain avec aménagements de voies déplacements doux et de transports en commun. Non réalisé.
• Création d’une halte ferroviaire aux Près-Saint-Jean. En attente de la revalorisation de la ligne Alès-Bessèges. Le projet piloté par la Région fait face à des contraintes administratives et environnementales. Il y a régulièrement des comités de pilotage.
ÉCOLOGIE
• Mise à disposition de terres pour les agriculteurs. Fait à Saint-Hilaire-de-Brethmas. Service ruralité créé à l’agglo.
• Plantation d’un arbre par enfant né à Alès. Non réalisé.
JEUNESSE ET SPORT
• Déplacement et extension de la Maison des jeunes. Fait. « C’est très bien fait. Ils font plein d’animations, de sorties », reconnaît Paul Planque. Mais il estime que c’est « une vitrine » et que les places sont trop limitées. « On est victime de notre succès. Si on s’aperçoit qu’elle est trop petite, je ne m’interdis rien », ajoute Christophe Rivenq.
• Créer des équipements sportifs. Fait. Il n’y avait pas de projets précis annoncés dans le programme. Dans le mandat, une salle d’escalade a été inaugurée avec deux blocs : un de niveau départemental, l’autre de niveau régional. Le complexe Raphaël-Pujazon a été refait à neuf. Ouverture d’une Maison sport-santé à Clavières.
SÉCURITÉ
• Objectif 230 caméras. Pas encore. Christophe Rivenq assure que l’objectif de caméras est « quasiment en voie d’être atteint ». « Le nombre de caméras installées sur Alès est de 114, auxquelles il faut rajouter les 3 prévues dans la délibération de décembre 2024, soit 117 », affine Paul Planque, conseiller municipal d’opposition. Le président de l’agglo d’Alès met en avant un nouvel hôtel de police et un centre de supervision urbaine « digne du Pentagone ». « On a créé une brigade tranquillité et on va créer une brigade de nuit dans les prochaines semaines. On est passé à moins de 1 % des dépenses de fonctionnement pour la sécurité en 1995 à 10 %. »
Entretien avec Christophe Rivenq
Président d’Alès agglomération et premier adjoint au Maire d’Alès
« On a gagné plus de 5 000 habitants en six ans, c’est génial »
Objectif Gard le magazine : Les thermes des Fumades ont rouvert l’été dernier. Les Halles de l'abbaye seront-elles opérationnelles l’été prochain ?
Christophe Rivenq : Elles seront inaugurées en juin. À 3 mois près, les délais sont tenus malgré les problèmes techniques de solidité de parking. Le coût du projet est entre 13 et 14 millions d’euros. Le projet des Fumades est un projet phare pour le territoire co-porté par Alès et Allègre-les Fumades. Il y avait eu tellement de problèmes administratifs et financiers que c’était un soulagement de l’inaugurer.
Qu’est devenu le projet de salle de spectacles de 3 000 places ?
Il n’a pas vu le jour. Entre le Covid et les problèmes financiers, on a préféré le décaler. On s’est concentré sur d’autres missions. On est aussi sur les travaux du Cratère. C’est le cinquième mandat où je suis présent auprès de Max Roustan et je n’ai jamais vu autant de problèmes dans un mandat. En culture, le festival « Passeurs de livre » cartonne. Ce qui n’était pas prévu dans le programme, c’est que le territoire candidate pour être « capitale française de la culture » 2024. Même si nous avons fini numéro 2, l’agglo a quand même organisé l’an dernier plus de 500 évènements. Après le Covid, on avait besoin de renouer avec des rencontres.
À Saint-Julien-les-Rosiers, une bâche annonce « Urgent, village recherche médecins ». Les spécialistes sont une denrée rare à Alès. Le programme prévoyait de se mobiliser contre la désertification médicale…
En 2022-23, on a organisé les états généraux de la santé. 1 200 personnes ont participé. On a reçu un financement exceptionnel pour la création d’un centre de premier recours, d’un centre pédiatrique. On travaille sur l’accueil des internes. Jusqu’à présent, il y en avait 3 ou 4 en moyenne par an, à l’hôpital d’Alès. Cette année, au premier semestre, il y en a eu une trentaine et il y en a une quarantaine au second semestre. Il va y avoir 27 nouveaux médecins d’ici juin à l’hôpital d’Alès. Les contrats sont signés. On a besoin d’une soixantaine de lits nouveaux à créer. À Mons, on a accueilli un nouveau médecin. On a un plan d’action pour les 5-6 prochaines années. On a recréé une dynamique favorable. Les choses bougent sérieusement mais il faut du temps. Il faut que l’ARS, la CPAM, l’État nous accompagnent.
Vous voulez ouvrir une zone d’activité aux Près-Saint Jean, ce n’est pas un secteur inondable ?
Il y a des endroits où on déconstruit pour diminuer l’aléa à cause du risque inondation mais c’est au niveau du marché des Près-Saint-Jean. Là on va être sur la partie haute, à côté de Pôle Emploi. On a choisi le maître d’œuvre. Le permis de construire va être bientôt déposé. Les travaux vont commencer dès que possible.
Où en êtes-vous sur les déplacements doux et écologiques ?
La première navette gratuite thermique avait été lancée lors du précédent mandat. Deux autres ont été ajoutées. Les trois navettes sont aujourd’hui électriques. J’ai commandé 4 bus électriques de ville pour 2025. On continue à développer le covoiturage public via l’application Ales’y. On a créé Ales’y en vélo avec la location de vélos électriques. Ce n’est pas Paris ou Amsterdam mais le vélo commence à prendre. On peut même se faire livrer un vélo sur la commune si elle est un peu loin.
Avez-vous renoncé au pôle d’échange multimodal à la gare ?
C’est en cours. On négocie avec la SNCF gares et connexions. Ce sera un des projets du prochain mandat. Il existe déjà ce pôle d’échange multimodal puisqu’il y a le train, le bus, les parkings vélos, des places de stationnement. On va essayer de moderniser et de permettre une meilleure utilisation.
La rocade est très embouteillée. Sa transformation en boulevard urbain avec pistes cyclables et voies de bus est en attente ?
Nous avons eu plus de 5 000 habitants en 6 ans. Selon l’INSEE on fait partie des deux villes de plus de 40 000 habitants ayant eu, en pourcentage, la plus forte croissance démographique. C’est génial. C’est le résultat de 30 ans d’action politique. Mais cela fait beaucoup plus de voitures. Deuxième problématique : cette rocade appartient en partie au Département, à l’État et à la Ville. Il faut que tous soient d’accord.
Vous vouliez aussi construire un nouveau pont pour désengorger les bords du Gardon…
C’est un projet qui va nécessiter de l’argent, des autorisations et de trouver le bon emplacement. Ce n’est pas un projet abandonné, c’est un projet qui prend un temps dingue.
Le programme prévoyait la création d’une filière véhicules anciens, d’une autre sur les mobilités. De quoi s’agit-il ?
C’est des partenariats. La filière véhicules anciens s’est mise en place sur le Purple campus d’Alès qui a ouvert un Certificat de qualification professionnelle. Sur les mobilités, il y a des entreprises qui travaillent dans ce domaine dans différents secteurs. On a accompagné Vincent Beltoise pour le développement de son Catheram électrique sur le pôle mécanique. Il y a des entreprises qui sont en train de préparer des projets mais je ne peux pas en parler aujourd’hui car il y a une clause de confidentialité. On ne va pas construire une usine Tesla à Alès. L’enjeu c’est sur la recherche et le développement. On crée les conditions, les outils pour développer ces filières. On a créé le bâtiment Ingénium au pôle mécanique avec des salles de travail, de conférences.
Nîmes fait planter, chaque année, un arbre aux élèves de CP. Vous vouliez un arbre par enfant né à Alès. Objectif tenu ?
On n’a pas planté un arbre par enfant. Par contre on travaille sur la renaturation de la grand-rue Jean-Moulin. Sur ce mandat, on aura dégoudronné, débétonné plusieurs dizaines d’hectares sur la ville. Les Cévennes ne sont pas un territoire où il manque des arbres. On travaille sur la préservation de la forêt. J’ai mis en place une charte forestière. Nous avons aussi obtenu la « fleur d’or ». En région, personne d’autre ne l’a.
Comme Nîmes, vous aviez aussi promis un moratoire sur les grandes surfaces en périphérie. Pourtant un Aldi a ouvert et le plus grand Lidl d’Occitanie s’est installé à la pierre plantée…
Aldi n’est pas une grande surface, c’est une petite surface. On peut s’opposer sur les Commissions départementales d'aménagement commercial (CDAC). Notre avis est demandé sur les projets de plus de 1 000 m². Le Lidl qui a été créé, a remplacé un Auchan qui a disparu. Le Lidl qui a augmenté a conduit à la fermeture de deux Lidl de surface équivalente. Nous n’avons donné aucune autorisation de création de nouvelle activité en CDAC depuis 6-7 ans.