Publié il y a 19 jours - Mise à jour le 14.11.2024 - Propos recueillis par Abdel Samari - 3 min  - vu 695 fois

L'INTERVIEW Claire Starozinski, présidente de l’Alliance anticorrida : "Si la proposition de loi est supprimée au Sénat, il n'y a plus de démocratie dans notre pays"

Claire Starozinski, présidente de l'Alliance anticorrida s'exprime sur la proposition de loi interdisant la corrida aux mineurs.

- Photo : Coralie Mollaret

"Bien sûr, la corrida est dépénalisée, mais ce n'est pas parce qu'elle est dépénalisée que ça change la nature du spectacle. Cela reste des sévices graves et des actes de cruauté sur animaux."

Une proposition de loi demandant l’interdiction des corridas aux moins de 16 ans est examinée au Sénat ce jeudi 14 novembre. La présidente de l’Alliance anticorrida, Claire Starozinski révèle qu’elle a été auditionnée par les sénateurs il y a quelques semaines sur cette question.

Objectif Gard : Vous avez été auditionnée à Paris pour exposer votre point de vue sur l’interdiction de la corrida aux mineurs ?

Claire Starozinski : Oui, j'ai été auditionnée fin octobre par la commission des lois du Sénat. Plus précisément par le sénateur-rapporteur Horizons Louis Vogel. L’Alliance anticorrida est la seule ONG de protection animale auditionnée.

Quelles sont les questions que l’on vous a posées ?

Principalement celle qui concernait le seuil pour l'âge du mineur. Je vais y revenir. Ensuite, la question de la responsabilité des parents, la liberté parentale et les sanctions. Il y a quand même quelque chose que j'aimerais préciser, l’une des raisons pour lesquelles j'ai fondé l'association à Nîmes il y a 30 ans. D’ailleurs, dans notre objet social a toujours figuré la protection des mineurs.

Concernant le seuil dès 16 ans, vous en pensez quoi ?

Je suis quelqu'un de mesuré. J’ai donc expliqué qu'effectivement jusqu'à 16 ans, l'enfant se construit. Actuellement, on parle beaucoup de l'excuse de minorité. Donc, je n'étais pas hostile à un âge de 14 ans comme en Catalogne. Là-bas, la corrida est interdite aux mineurs de moins de 14 ans. Dans les autres pays taurins, c'est 16 ans, voire 18 ans.

Il y a un sujet dans cette proposition de loi, c’est la question de la sanction. Elle est disproportionnée non ?

75 000 euros d'amende et cinq ans de prison, c’est en effet bien trop. Évidemment que les parlementaires ont simplement repris les sanctions qui étaient déjà présentes dans l'article 521 du Code pénal. C'est évident. C'est disproportionné. Moi, je serais plutôt pour avoir les mêmes sanctions que par exemple un responsable de cinéma qui laisse entrer un enfant à un film qui est interdit au moins de 18 ans par exemple. Aujourd’hui, l’ARCOM a bien classifié les films qui sont interdits au moins de 12 ans, au moins de 16 ans, au moins de 18 ans. La main n'a pas tremblé quand on a décrété cette interdiction

Les aficionados mettent en avant la responsabilité parentale. C’est bien normal non que ce soit les parents qui décident si leur enfant peut voir un spectacle taurin...

Il faut toucher à la responsabilité parentale. Pourquoi la main doit trembler dès qu'on évoque la liberté parentale ? Il y a quelque chose d'extrêmement important pour moi. Au terme du Code pénal, il faut être très clair, la corrida est assimilée à des sévices graves et des actes de cruauté sur animaux. À partir de là, la seule question qu'il faut se poser, c'est, doit-on continuer à exposer des enfants à des sévices graves et des actes de cruauté sur animaux ? C'est tout. Ce n'est pas compliqué.

Mais la corrida est autorisée dans certaines régions françaises…

Pour moi, c'est la seule question à se poser. Dans les régions de tradition comme Nîmes, il y a une exception. Bien sûr, la corrida est dépénalisée, mais ce n'est pas parce qu'elle est dépénalisée que ça change la nature du spectacle. Cela reste des sévices graves et des actes de cruauté sur animaux. C'est tout. On ne peut pas tergiverser là-dessus. Le reste n'est que littérature. Je termine en précisant que jamais, on ne m'a parlé du droit des enfants dans une audition qui a duré 45 minutes. Je n'ai jamais entendu l'expression « droit des enfants ». Alors qu'elle est au cœur du sujet. Parce que c'est bien évidemment l'impact psychologique pour les enfants qui est en question.

Est-ce qu’il existe des études qui vont dans ce sens ?

Elles sont toutes en anglais. Peut-être que les aficionados ne comprennent pas l'anglais, mais les études existent.

Vous restez confiante ce jeudi ? Vous pensez que les sénateurs pourraient approuver le texte ?

On sait que ça sera difficile vu la composition du Sénat qui est très conservateur. Si la proposition de loi n'arrive pas jusqu'au débat et qu'elle est purement et simplement supprimée, ça voudrait dire qu'il n'y a plus de démocratie dans notre pays.

Propos recueillis par Abdel Samari

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