LES PRÉSIDENTS DU NÎMES OLYMPIQUE Rani Assaf, l’insubmersible ?
Tous les samedis, Objectif Gard vous propose une série de portraits des présidents les plus marquants du Nîmes Olympique. Personnalité importante de la ville, l’homme fort du NO est souvent la cible des critiques quand les résultats sont mauvais, mais aussi très respecté quand l'équipe gagne. Bienfaiteurs ou fossoyeurs, les présidents des Crocodiles s'inscrivent dans leur époque. Pour cette dernière de l'été, sans surprise, nous revenons sur la présidence de Rani Assaf.
Nîmes Olympique et Rani Assaf n’ont rien en commun. Ils n’étaient pas faits pour se rencontrer et encore moins vivre ensemble. C’est un hasard, comme la vie en propose parfois, qui a bombardé l’homme d’affaire à la tête du club nîmois. Arrivé avec le duo Conrad-Kasparian au printemps 2014, Rani Assaf a récupéré le NO en plein cœur de l’affaire des matchs truqués. Ils n’étaient pas nombreux à l’époque pour éviter au club de couler complétement.
Table rase du passé
Assaf était là et le Nîmes Olympique a traversé la tempête tant bien que mal, sans sombrer. L’histoire pourrait être belle et même très belle puisque conduits par le duo Blaquart-Boissier, les Crocodiles retrouvent l’élite du football français en 2018, un quart de siècle après l’avoir quittée. Si les manières de l’actionnaire principal ne font pas l’unanimité, elles passent beaucoup mieux en raison des bons résultats. Mais l’embellie ne dure pas. Dès lors les orages éclatent de tous les côtés. Les anciens joueurs se voient retirer leurs invitations, les abonnements disparaissent, tout comme l’agrément du centre de formation.
Comme un symbole, l’historique fanion est remplacé, en 2017 et en 2018 avec plus ou moins de réussite. Rani Assaf fait table rase du passé, mais c’est justement ce à quoi sont attachés les supporters. Les relations entre les deux camps sont mauvaises, pour ne pas dire déplorables et la méfiance s’accompagne avec une dose d’aigreur. Sur le terrain, Nîmes Olympique chute en Ligue 2 en 2021, puis en National en 2023. Devenu président en 2016, l’ancien cadre de Free ne fait pas, ou très peu de concessions.
« Quand vous avez des cellules à l'intérieur et autour du club qui attaquent le corps, c'est un cancer »
Lors d’une conférence de presse, en mai 2022, il s’emporte : « Qu’on fait mes prédécesseurs depuis 30 ans ? Rien ! » Il fait aussi son autocritique : « Il y a certainement eu des erreurs sur le sportif, j’en suis conscient et je suis le premier à le regretter. » Enfin, il attaque les supporters qui le rejettent : « Ils veulent tous juste la mort du club. On appelle ça un cancer. Quand vous avez des cellules à l'intérieur et autour du club qui attaquent le corps, c'est un cancer. » La ligne rouge est franchie, la guerre déclarée.
Rani Assaf c'est aussi et surtout un projet de nouveau stade et de quartier. Mais cela ne suffit pas à décrisper l’atmosphère. Les rapports avec la ville de Nîmes se dégradent aussi. Au stade, les groupes de supporters expriment leur colère avec des banderoles et des fumigènes. Le fossé se creuse de jour en jour. L’exaspération est mutuelle et une réconciliation semble impossible. Le stade des Costières, puis le stade (provisoire) des Antonins se vident et les affluences sont faméliques.
« Je veux faire un club de foot qui vit sans ses actionnaires, qui vit de ses propres revenus »
Les entraîneurs se succèdent (Blaquart, Arpinon, Plancque, Usaï et Bompard) ainsi que les directeurs sportifs (Boissier, Hammache et Larcier) et chacun se heurte à la méthode Assaf. Aujourd’hui, Nîmes Olympique est en National où il va tenter de se maintenir. Le tableau n’est pas très reluisant, mais face aux nombreux opposants, Rani Assaf ne bronche pas, il ne recule pas. Il s’accroche à son idée : « Je veux faire un club de foot qui vit sans ses actionnaires, qui vit de ses propres revenus. Ça n’existe pas encore en France. Mais ma réussite sera de dire « J’ai inventé un nouveau modèle de fonctionnement de club ». Je vais copier à droite et à gauche ce qui se fait de mieux et je vais l’adapter à ma sauce. » Manifestement, ça ne fonctionne pas encore mais Rani Assaf est toujours là. Avec ses idées et ses polémiques.