GORGES DU GARDON Comment allier préservation du patrimoine et des paysages avec la transition écologique ?
Comment préserver les ressources naturelles tout en alliant la nécessité d'aller vers une transition énergétique ? C'est la question à laquelle le syndicat mixte des gorges du Gardon (SMGG) veut répondre en concertation avec tous les acteurs du territoire. La semaine dernière, une série d'ateliers a été organisée autour de plusieurs sites-clés comme la plaine de Remoulins, le plateau de Valliguières ou la plaine Baudran.
Pour cela, un plan paysage transition énergétique (PPTE) va être élaboré. Son périmètre comprend donc le Grand site de France du Pont-du-Gard et le Grand site en projet des gorges du Gardon. "C'est un outil de valorisation des paysages et du patrimoine", résume Bérengère Noguier, présidente du SMGG.
Quelles terres doivent rester vierges d'intervention humaines ? Parce qu'elles ont une biodiversité importante, parce qu'elles sont exposées au risque de crue ou parce qu'elles ont une covisibilité avec des monuments... Et au contraire, quelles terres peuvent accueillir des panneaux photovoltaïques, voire des éoliennes ? "Les enjeux des ressources naturelles et de la transition énergétiques s'entrechoquent parfois. On veut les faire coexister", poursuit Bérengère Noguier, qui ajoute : "C'est le territoire qui va décider ce qu'on accepte et ce qu'on refuse."
Cinq expérimentations menées sur des Grands sites de France pendant 18 mois
Cinq expérimentations sont menées dans le cadre des Grands sites de France, en concomitance avec le ministère de la Transition écologique et le réseau des Grands sites de France. "Des territoires à forte valeur patrimoniale ont été choisis pour voir ce qu'on peut faire en termes d'installations énergétiques. L'idée c'est que si on arrive à construire des objectifs communs dans ces territoires-là avec une forte valeur ajoutée paysagère, c'est possible de le faire partout", relate la présidente du SMGG.
Ce dispositif va s'étendre sur 18 mois avec la concertation au coeur du processus. Le premier grand axe de travail passera tout d'abord par une information complète et équivalente pour tous. Ensuite, s'ouvrira une phase de réponses aux problématiques puis viendra l'expérimentation pour voir si cela fonctionne.
Élus, associations, chefs d'entreprise, habitants de longue date ou nouveaux venus doivent donc réfléchir ensemble au devenir du territoire. "On a une préservation excellente de notre patrimoine, mais sous couvert de cela, on ne peut pas ne rien faire pour aller vers la sobriété énergétique", réaffirme Nicolas Cartailler, maire de Remoulins et vice-président au SMGG. D'autant que le Gouvernement projette la neutralité carbone horizon 2050.
Une cinquantaine de personnes réunies aux ateliers
Plusieurs sujets s'inscrivent dans ce champ de réflexion comme la cheminée d'Aramon. Faut-il la préserver comme un vestige patrimonial quand d'autres n'y voient "qu'une verrue" au milieu des plaines ? Quelle image donnerait au territoire l'éventuelle implantation d'une plateforme logistique Amazon à quelques kilomètres du Pont du Gard ?
Une cinquantaine de personnes étaient réunies la semaine dernière à ces ateliers. C'est aussi pour elles, une manière de réaffirmer leur "attachement au territoire". De plusieurs visions individuelles, il faut arriver à "une échelle commune". Déjà en juillet, un premier atelier avait été organisé au Pont du Gard pour "dégrossir" les enjeux et pour inciter les acteurs du territoire "à s'emparer de ces problématiques". Durant les ateliers, des experts sont aussi intervenus pour apporter des éléments techniques et parfois pour déconstruire des a priori qui peuvent découler sur des prises de décision subjectives voire biaisées.
Toutes ces réflexions viendront aussi nourrir les PCAET (Plans climat air énergie territoriaux) en cours d'élaboration et également la préfiguration du parc naturel régional. "Jusqu'à présent le paysage était peu appréhendé dans les questionnements, c'était un peu le parent pauvre. On veut lui redonner toute sa place", conclut Lydie Defos de Rau, chargée de mission au SMGG.
Marie Meunier