FAIT DU JOUR Codognan remet les pendules à l'heure
Ce mercredi 14 février, Philippe Gras, le maire de la commune, inaugurait la restauration de l’horloge de Codognan qui trône au centre du village depuis plus de cinquante ans.
Du haut de ses 13 mètres, la tour de l’horloge est le repère visuel, sonore et emblématique de Codognan.
Adieu cadrans solaires
À la fin du XIXᵉ siècle, l'horloge a remplacé les cadrans solaires qui ornaient les murs des maisons du village. Son image figure sur les cartes postales de la Belle Époque ainsi que sur le blason de la ville, tableaux et logos d’associations. Perchée au sommet de la tour, la cloche de 200 kilos, coulée en 1857 par François Baudouin, fondeur à Alès, sonne toutes les demi-heures.
Le sommet crénelé de la tour est équipé d’une structure en fer forgé surmontée d’une boule représentant la terre et d’une girouette. La mise en place de cette cloche laïque a mis un terme aux « rivalités sonores » entre église et temple. Trois de ses faces sont parfaitement orientées au nord, à l’est et au sud, alors que la face ouest, côté rue de la Mairie, présente une légère orientation sud-ouest. Mieux qu'une boussole, elle donne l'heure sur les quatre faces et indique le Nord !
Les deux tours
Le matin même, avant qu’elle ne soit détruite, le préfet Bonet avait visité la tour Avogadro, dans le quartier Valdegour à Nîmes. Cette fois-ci, le préfet du Gard assistait à la remise à neuf d’une tour âgée de plus d’un siècle et demi. Ainsi, la tour la plus récente sera détruite, tandis que la plus ancienne subsistera.
« Les Nîmois ont la Maison Carrée, classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Les habitants de Codognan ont, eux aussi, leur monument emblématique auquel ils sont profondément attachés, c'est l'horloge », indiquait Philippe Gras, au pied de l’édifice. Un bâtiment qui surplombe l'entrée de l'ancienne école, à proximité des locaux de l’association le Carrefour culturel Codognanais situés dans l’ancienne bibliothèque, plantée dans l’axe de l’entrée du temple.
Restauration salvatrice
L'édifice se fissurait, les pierres en calcaire se détérioraient. Il fallait agir, et vite ! 200 000 euros ont été rassemblés par Philippe Gras, avec l’aide de la préfecture et de la région Occitanie. C’est l’architecte nîmoise Albane Buzançais qui a supervisé l’affaire. Une étude, effectuée par un géomètre, au drone, a posé un diagnostic.
Rénovation des corniches, ajout de zinguerie afin de protéger l’édifice de la pluie, ont été ordonnés. Le haut de la tour a été renforcé avec des tiges en fibre de verre. Nettoyage du cadran et du mécanisme de l’horloge revu. La machine qui commande les quatre cadrans extérieurs donnant l’heure a été également révisée. L'architecte a supprimé la plateforme en métal située sous l’arche. Les pierres abîmées ont été remplacées ; un sablage donne une cohérence calcaire colorée à la façade.
Initiée en 1818
L’histoire, c’est Bernard Février, représentant du Carrefour culturel Codognanais, qui la raconte. L'association s'efforce de mettre en valeur l'histoire et le patrimoine de la commune et a retracé l'histoire de la tour. Le 17 janvier 1818, époque où Louis XVIII siège sur le trône de France, un certain André Gaussen, maire de Codognan, écrit au préfet afin d'être autorisé à convoquer un conseil municipal extraordinaire visant à lancer un projet de construction d'une tour équipée d'une horloge mécanique.
Les finances de la commune ne permettent de concrétiser le projet que plusieurs décennies plus tard. C’est sous le règne de Napoléon III qu’en 1853, Henri Révoil, architecte en chef des monuments historiques, propose un plan et un cahier des charges que le préfet valide le 6 mars 1854. Le 22 juin 1854, une adjudication met en concurrence quatre entrepreneurs de maçonnerie de la région dont un habitant de Codognan, Louis Dupuy, maître maçon et tailleur de pierre qui est choisi.
27 juin 1857
La construction et la taille des pierres représentent une tâche délicate, car l'architecte impose que la face ouest de la tour soit alignée sur la rue, alors que les autres faces doivent être orientées vers les trois autres points cardinaux, formant ainsi un curieux trapèze rectangle.
Cette originalité permet ainsi que l'arcade sous la tour se trouve dans un alignement parfait avec la porte d'entrée du temple, alors en projet. Le 1ᵉʳ juillet 1855, Étienne Peiron, maire de Codognan, signe une convention avec Jacques Beringuier, « mécanicien et horloger en grand » à Nîmes, pour une « horloge allant 8 jours » que l'on devait remonter chaque semaine.
Le 27 juin 1857, la construction de la tour étant terminée et l'horloge installée, le maire commande la fabrication d'une cloche de « 200 kilogrammes environ, au prix de 4,25 francs le kilogramme » à François Baudouin, fondeur à Alès. Le fondeur précise qu'il y fera graver gratuitement les noms du maire et de tous les membres du conseil municipal.