ARAMON Rendre la musique accessible à tous
Ce mardi 2 avril, la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme est l’occasion de mettre en lumière les actions menées sur le territoire pour inclure les personnes atteintes de ce handicap. Zoom sur l’école de musique d’Aramon, la seule du département labellisée musique et handicap.
Bao Pao, ou encore orgue sensoriel… Non ce ne sont pas des mots inventés, mais bien des instruments de musique un peu particuliers. Composés d’arcs métalliques et de lasers, ou de pads et de rouleaux en bois, ces instruments sont accessibles à tous les publics, y compris porteurs de handicaps. L’école de musique d’Aramon les a intégrés à son panel d’instruments, au même titre qu’un piano ou une batterie, ce qui lui a valu le label « musique et handicap » décerné par le Conseil départemental.
Rendre la culture accessible
« C’est important pour nous de pouvoir rendre la culture accessible à tous, sans distinction », explique la directrice, Élisabeth Graizzaro. Tous les enseignants de l’école ont par ailleurs suivi la formation musique et handicap dispensée par SNGS Culture, afin de proposer ces enseignements à tous.
Tous les élèves, porteurs de handicap ou non, peuvent s’inscrire aux cours pour apprendre à jouer de ces instruments. « Ce sont des cours de 30 minutes, comme pour n’importe quel instrument. On met en place une fiche qui reprend les besoins spécifiques de certains élèves, mais c’est là la seule différence. » Parmi eux, Joël, Ikram et Yohan, trois patients de l’hôpital de jour Tony Laine à Beaucaire.
Accompagnés de leurs soignantes Marlène et Cindy, ils viennent toutes les semaines jouer du Bao Pao en prévision d’un concert en partenariat avec l’Orchestre national d’Avignon Provence prévu en mai. « C’est la première fois que je joue de la musique, alors ce n’est pas évident », raconte Joël. « J’aime le fait qu’on soit plusieurs sur le même instrument, ça change ! », reprend Yoann. « C’est de la musique quand même », appuie Ikram.
Un outil thérapeutique
Pour les soignantes, la musique est un véritable outil thérapeutique. « Ça valorise beaucoup, la confiance en soi, la prise de risque. Ça peut générer beaucoup de stress, mais ils le surmontent et voient qu’ils ont plein de capacités. Et c’est générateur de liens et d’apaisement. Souvent, c’est mis en mots après la séance, mais la musique libère des tensions ». Une autre personne qui observe les effets bénéfiques de la musique, c’est Julie, la maman de Mila, 6 ans : « Elle fait plus de gestes spontanés, avant elle n’enclenchait même pas le mouvement. Elle est plus réceptive, même avec des jouets normaux. »
Mila est inscrite aux cours d’orgue sensoriel depuis deux ans. « Elle adore la musique, surtout le rock et Julien Doré ! Elle a beaucoup de prise en charge médicale, alors venir ici lui permet d’avoir une activité comme les enfants normaux. Et ici ce n’est pas du soin, il n’y a pas la blouse blanche. Ici, c’est plus détente. » À l’aide de pads, des gros boutons colorés, et d’un rouleau en bois, elle déclenche des pistes audios gérées par ordinateur. « Mais elle n’aime pas qu’on l’aide, elle préfère faire de la musique toute seule ».
On manque cruellement de place
Cependant, si cette initiative permet aux personnes porteuses de handicap, dont l’autisme, d’être intégrés et encadrés, tous n’ont pas cette chance. « Je pense qu’il y a des établissements, comme des IME par exemple, ou nos établissements à nous, qui ont la volonté d’accompagner les personnes en situation de handicap dans le Gard, et qui font plein de choses de qualité. Mais encore faut-il y avoir accès », explique Monique Eilser, bénévole et membre du conseil d’administration de l’association Sésame Autisme Occitanie Est (SAOE). Cette dernière accueille dans le Gard près de 160 personnes sur le spectre de l’autisme.
L’association a créé des établissements d’accueil, comme à Saumane, Saint-Jean-du-Gard, Saint-Mamert-du-Gard, Vauvert ou Fons-sur-Lussan. Destinés selon l'établissement aux adolescents et aux adultes, ils proposent, chacun ayant leur propre mission, des activités adaptées, mais aussi des soins, des formations ou des emplois, ainsi qu'un hébergement et un encadrement pour faire en sorte que chacun puisse suivre son projet de vie.
« Mais on manque cruellement de place. Actuellement dans le Gard, les hôpitaux de jour pour enfants et les IME sont surchargés, et il y a un délai d’attente pour y accéder », ajoute-t-elle. « Même si on a dans le département des interlocuteurs qui sont très à l’écoute de ces problématiques, et il y a plein de projets d’expansions ou de créations de structures. Mais ça reste insuffisant. »
L’info en plus:
Pour sensibiliser le grand public à sa cause, la SAOE organise de nombreux événements :
- 2 avril : deux stands d’information seront installés au marché de Saint-Jean-du-Gard,
- 12 avril : Soirée ciné-débat autour du film « Hors norme » au Kinépolis à 17h30 en partenariat avec la municipalité de Nîmes