Un gros moteur bourdonne. Quatre jeune femmes se précipitent vers la fenêtre. Elles regardent un camion traverser la piste qui longe les salles de classe du pôle routier du lycée Raimu. Manon, Carméla, Nadia et Jennie ont chacune déjà effectué deux heures de cours conduite de poids lourd. Elles sont en deuxième année de bac pro CTRM, la formation la plus recherchée de ce lycée nîmois.
Manon Jauffret, 17 ans, vit à Moussac mais rêve de conduire des poids lourds au Canada. L’Alésienne Carméla Savary vise le transport international. Quand on leur demande si les contraintes du métier ne leur font pas peur, toutes affichent aussitôt un air interrogatif. Quelle drôle de question ! Ne pas rentrer tous les soirs, s’absenter longtemps sur les routes, pour ces quatre lycéennes « c’est la liberté ». « Ce n’est pas une contrainte, c’est le rêve », s’écrient Carméla et Jennie Samson. Manon argumente : « On peut être tranquille, seul, faire ce que l’on veut. » Nadia confirme : « Ce que j’aime bien dans ce métier c’est que l’on n’a pas forcément de patron sur le dos. »
Toutes ont des membres de leur famille conducteurs routiers. Le grand-père de Carméla était chauffeur poids lourd, son père mécanicien. Elle l’a convaincu de se reconvertir comme conducteur de camions. Le troisième jour, il était déjà en route vers l’Espagne. « Mon père à moi, quand je lui ai dit que je voulais faire le bac CTRM, il a sauté au plafond », ajoute Jennie. « Ma grand-mère m’a dit "tu changeras d’avis, c’est un …