Article réservé aux abonnés
Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 23.03.2024 - Marie Meunier - 4 min  - vu 361 fois

FAIT DU JOUR Louis Richard, cinquième génération de l’huilerie Richard

© Marie Meunier

En 2016, le moulin d’Uzès a été racheté par l’huilerie Richard, qui détient trois autres moulins dans le sud-est de la France. Cette aventure familiale a débuté en 1885 au pied du Ventoux, à Mollans-sur-Ouvèze. Henry Richard concocte alors son huile d’olive et va la vendre ensuite directement dans les fermes. 130 ans plus tard, son savoir-faire a perduré. L’entreprise continue la production d’huiles gastronomiques ainsi que la vente directement chez les particuliers. L’huilerie Richard a même décroché le prestigieux prix d’excellence au Concours général agricole. Louis Richard, de la cinquième génération, raconte cette histoire qui continue de s’écrire.

Le moulin d’Uzès est un bâtiment construit en pierre du Pont du Gard, situé au milieu d’une oliveraie.  • © Huilerie Richard

Louis Richard fait visiter le moulin d’Uzès, paré de son tablier jaune, estampillé au logo de l’huilerie Richard. Il est la 5e génération de cette entreprise familiale née en 1885, au pied du Mont Ventoux, à Mollans-sur-Ouvèze. Après avoir passé plusieurs années au Canada en tant que représentant commercial pour une grande maison du chocolat, il a choisi de renouer depuis cinq ans avec ses racines. Petit, il passait ses vacances à l’huilerie, et accompagnait son père dans les boutiques. Maintenant âgé de 32 ans, Louis Richard est responsable commercial et marketing. Sa sœur, Emma, responsable exploitation, tandis que leur père Patrick Richard est dirigeant.

L’esprit familial n’a jamais quitté cette entreprise initiée par Henry Richard, l’arrière-arrière-grand-père de Louis. 130 ans en arrière, son aïeul tenait déjà un moulin à Mollans et livrait grâce à sa charrette et son âne des huiles et des savons directement dans les fermes. Il fait figure de premier colporteur de l’entreprise qui a gardé ce modèle de vente encore aujourd’hui avec des moyens plus modernes. Des camions-boutiques de l'huilerie Richard sillonnent le territoire pour proposer en direct chez les clients des huiles, des produits d’épicerie sucrée ou salée.

Rebondir après le terrible gel des oliviers de 1956

Véritable précurseur, Henry Richard a établi des bases solides permettant à l’entreprise de grandir et de perdurer. En 1922, son fils installe la savonnerie et le moulin à quelques kilomètres de là, à Nyons, au cœur de la Drôme provençale. Mais le terrible gel des oliviers de 1956 stoppe net la production d’olives et d’huile d’olive en France. L’arrière-grand-père fait alors venir des olives d’autres pays de la Méditerranée et crée des assemblages. Les tournées chez les particuliers continuent. La famille Richard vend aussi de l’huile de tournesol, du savon, du café... “Dans les années 90, l’huile d’olive revient à la mode, avec le régime méditerranéen. Même si la France reste un tout petit producteur mondial comparé à l’Espagne, l’Italie ou la Grèce”, relate Louis Richard.

L’aventure familiale de l’huilerie Richard a débuté en 1885.  • Marie Meunier

Durant cette décennie, son père Patrick reprend l’entreprise familiale et relance le moulin de Nyons. Il établira aussi un moulin à Montoison pour l’huile de noix, noisettes et colza grillé, et reprendra le moulin d’Uzès en 2016. En mettant un pied dans le Gard, l’équipe se familiarise avec la picholine et l’Appellation d’origine protégée (AOP) de Nîmes, qui présente un profil aromatique avec de l’ardence grattant un peu le fond de la gorge, aux antipodes de la tanche, la variété d’olive typique du berceau nyonsais. L'huilerie Richard s’est également établie aux Mées en 2017, où cohabitent les AOP Provence et Haute-Provence.

“Au total, on est sur quatre AOP sur les huit possibles en France”, pointe Louis Richard.

L’huilerie Richard a obtenu le prix d’excellence au Concours général agricole, remis par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. • © DR

Le prix d’excellence au concours général agricole

À Uzès, à partir du courant du mois d’octobre, plusieurs apporteurs livrent leur production au moulin. “Pour faire un litre d’huile d’olive, il faut environ 10kg d’olives. La récolte varie selon les années, elle était belle cette année”, atteste Louis Richard. Une fois que les olives sont arrivées, il faut qu’elles soient pressées dans les 24 à 48h “sinon, elles vont fermenter et avoir un goût particulier”. Les fruits passent sur une chaîne, où ils sont effeuillés, lavés, broyés, malaxés. La magie opère ensuite durant les étapes de l’extracteur, puis du décanteur où on sépare l’eau et l’huile, et enfin de la filtration. Il est possible de visiter le moulin d’Uzès toute l’année pour mieux comprendre la trituration, mais aussi de prendre une pause gourmande au bar à huiles.

Ce savoir-faire qui a grandi de génération en génération a été récompensé par le prix d’excellence au Concours général agricole. Cette distinction, remise des mains du ministre de l’Agriculture, récompense la qualité et la régularité du travail mené plusieurs années d'affilée. L’huilerie Richard a obtenu au Concours général agricole la médaille d’or pour son huile d’olive bio de Nîmes AOP 2023 mais aussi une médaille d'or en 2022 pour la bio AOP Nyons et une d’argent en 2020 pour l'huile AOP Nyons. Ils sont une trentaine en France à avoir reçu ce prix d'excellence cette année.

Louis Richard au côté d’Alexandre, Thierry et Claude, tous trois colporteurs sur le secteur gardois. • © Marie Meunier

La tradition du colportage

Déjà en 1885, l’arrière-arrière-grand-père de Louis Richard se rendait directement dans les fermes vendre ses produits. Cette tradition du colportage s’est amplifiée avec les années et complète les dix boutiques de l’huilerie Richard. Aujourd’hui, l’entreprise emploie 21 colporteurs qui couvrent une zone allant de Vienne à Uzès et du Puy-en-Velay à Briançon. Ce qui représente 30 000 clients particuliers. Toutes les six semaines, le camion rempli de bons produits se rend directement au domicile du client et ouvre ses portes. Depuis environ trois mois, trois colporteurs rattachés au moulin d’Uzès, sillonnent aussi le territoire gardois et alentours. Déjà 250 clients bénéficient de ce service de proximité. “On amène aussi du lien social chez des personnes parfois âgées qui ne peuvent plus se déplacer. On est parfois leur seule rencontre de la semaine”, souligne Louis Richard. Dans ces épiceries ambulantes, on trouve des huiles bien sûr mais aussi des olives, de la tapenade, de l’épicerie, de la terrine, du vinaigre, de la cosmétique et autres produits fournis par des fournisseurs partenaires.

Marie Meunier

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio