Voilà un château qui peut se targuer d’être associé à Philippe IV (dit Philippe le Bel) et à Guillaume de Nogaret. On ne présente plus le premier nommé qui a été roi de France pendant presque 30 ans (1285 à 1314). Quant au second, il était son conseiller et Chancelier de France. Ce sont deux personnages importants de l’histoire de France du XIVe siècle. La grande histoire rejoint la petite quand le roi Capétien donne le château de Calvisson à son conseiller préféré, soit deux prestigieux personnages pour la glorieuse forteresse gardoise.

« On a découvert un mur, puis un autre, mais aussi la tombe d’une protestante »

Seulement, les ravages du temps, les guerres et révolutions ont fait perdre de sa superbe à l’édifice. Sept cent ans plus tard, le château est en ruine, et il faut pal mal d’imagination pour matérialiser les imposants murs et tours qui le constituaient. Si rien n’est fait, ce pan de l’histoire gardoise disparaîtra, emporté par le ruisseau de l’oubli. Mais, à Calvisson, deux hommes sont bien décidés à sauver ce qui peut l’être. Luc Pascon et Guy Serre ont fondé, en avril 2023, l’association « Les amis du château de Calvisson ».

Dès lors, les deux passionnés d’Histoire se lancent dans ce chantier titanesque. Leur première mission est de nettoyer le site recouvert pas les végétaux. La tache est ardue, mais n’inquiète pas les deux bénévoles. « Depuis le mois d’octobre, nous débroussaillons et nous avons commencé à faire apparaître des morceaux de remparts. On a découvert un mur, puis un autre, mais aussi la tombe d’une protestante », s’enthousiasme Luc Pascon, qui a travaillé dans les espaces verts, et qui a la charge de la partie manuelle du projet.

« Une tour mesurait 22 mètres de haut et une autre 19. C'était énorme pour l'époque ! »

Petit à petit, des parties du château ressortent de l’oubli et offrent de nouveaux éléments sur l’aspect originel du géant de pierre. Car il reste beaucoup de choses à apprendre à son sujet : « Personne n’a jamais trouvé le plan du château. On présume qu’il avait une fonction militaire. En revanche, nous savons qu’il a été construit au début du XIe siècle, qu’une tour mesurait 22 mètres de haut et une autre 19. C'était énorme pour l'époque ! », explique Guy Serre, dont la mission est de rechercher des archives faisant avancer l’enquête.

Dans sa démarche, l’association peut compter sur du soutien :  « La municipalité nous aide bien, elle nous a permis d’installer l’adresse de notre siège dans ses locaux, et tout le débroussaillement est évacué par les employés municipaux. M. Paul Schott, qui s’est bien investi, a fait avancer le projet. Il y a aussi l’aide du chantier d’insertion Calade, qui travaille sur la Communauté de communes de Sommières, dont la mairie de Calvisson a demandé l’intervention. Et ça avance », précise Luc Pascon.

Faire du château un lieu pédagogique 

À l’aspect historique, les deux passionnés veulent associer un côté pédagogique avec le souhait de faire visiter le lieu aux écoliers et collégiens de la Vaunage. Le château de Calvisson conserve de nombreux secrets. « On s’est rapprochés de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles, NDLR). On aimerait qu’ils nous soutiennent dans ce projet, car on ne peut pas aller plus loin sans leur accord. Ensuite, on espère que certaines fouilles pourront nous permettre de faire des découvertes », abonde Luc Pascon.

Tous les fantasmes sont permis même si Guy Serre recontextualise : « Philippe Le Bel n’est jamais venu dans ce château et Guillaume de Nogaret n’y a probablement pas vécu. » Alors, le trésor des Templiers et le Saint-Graal seraient-ils cachés dans les ruines du château de Calvisson ? C’est peu probable, mais il n’est pas interdit de rêver.