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Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 01.10.2024  - 7 min  - vu 136 fois

LE DOSSIER Fête de la science, les rendez-vous à ne pas manquer

La Discovery machine d'Unîmes sera officiellement lancée le 4 octobre à la Cité de l'Espace à Toulouse. Ce camion de médiation scientifique a déjà 61 sorties prévues jusqu'en décembre. 

- © unîmes

Une centaine d’évènements gratuits sont organisés dans le Gard pour apprendre en s’amusant.

• Lancement de la Discovery machine.

Il est très coloré et extrêmement équipé. Ce gros utilitaire renferme du matériel pour faire des ateliers scientifiques sur le cerveau, la ressource en eau, la démocratie… Il est même équipé pour faire des live Twitch. Unîmes inaugure sa Discovery machine dans le cadre de l’opération « la route des Phares » de la Fête de la science. Samedi 5,

la Discovery machine proposera des activités sur la ressource en eau au Grau-du-Roi. On pourra la voir devant l’hôtel de ville le matin et en fin de journée. Entre-temps, ce camion, qui a coûté 40 000 euros équipements compris, fera un crochet par le phare de l’Espiguette. Dimanche 6 octobre, il mettra en place des animations sur les déchets et la pollution de l’eau aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Il stationnera à Unîmes samedi 12 et dimanche 13 octobre.

• Fête XXL à Saint-Sébastien-d’Aigrefeuille.

Observer au microscope des bactéries, faire des analyses… Corinne Casiot va animer des ateliers, à Saint-Sébastien-d’Aigrefeuille, pour la Fête de la science. Elle présentera par exemple deux burettes de laboratoire : une avec du déchet minier et une autre contenant du sable. « On fait passer de l’eau sur chacune d’elles. Puis on va prélever au-dessous, le pH, la concentration en fer et en arsenic. Et on va expliquer ce qu’il se passe », décrit-elle. Elle animera une conférence à 10h30 et à 15h avec Marina Héry, microbiologiste à HydroScience. Fertil’Innov – INRAE proposeront une exposition ainsi que des expériences pour montrer l’intérêt de la phyto-stabilisation. D’autres animations seront proposées par le Parc National des Cévennes, l’association géologique d’Alès et de sa région ou énercoop… Samedi 5 octobre.

• Un village des sciences au fort Vauban.

La forteresse nîmoise accueille une vingtaine d’animations. On peut se glisser dans la peau d’un technicien de police scientifique en enquêtant sur la disparition d’Ethan, tué lors d’une soirée étudiante. Médicaments, tissus… Grâce à des jeux, un atelier permet de comprendre ce que les plantes apportent au quotidien. On pourra aussi être initié aux secrets de la parfumerie ou tester la radioactivité avec des détecteurs… Samedi 12 et dimanche 13 octobre.

Claude Grison dirige le laboratoire de chimie bio-inspirée et d'innovations écologiques basé à Montpellier. • © Cyril FRESILLON / ChimEco / CNRS Photothèque

Claude Grison, as de la chimie verte

En 2010, cette chimiste identifie à Saint-Laurent-le-Minier, deux plantes de l’extrême qui stockent dans leurs feuilles des quantités importantes de métaux lourds. C’est le début d’une longue histoire qui la mènera au prix de l’inventeur européen.

Elle est née en Lorraine. Son laboratoire de recherche ChimEco* est installé à Montpellier, mais ses expériences la ramènent très souvent dans le Gard. Claude Grison, qui a déposé 36 brevets avec le CNRS, a d’ailleurs remporté le prix de l’inventeur européen pour un de ses premiers brevets concernant l’écocatalyse, procédé développé avec des plantes de Saint-Laurent-le-Minier.

Le prix lui a été décerné par l’office européen des brevets en 2022. Mais l’histoire commence en 2007. À l’époque, Claude Grison est directrice adjointe du laboratoire de chimie biomoléculaire de l’université de Montpellier. Des étudiantes l’interpellent : peut-on dépolluer avec les plantes ? Celle qui a fait une thèse de chimie organique n’en a pas la moindre idée. Mais cette question l’intrigue. Elle fait des recherches bibliographiques, puis rencontre José Escarré, un écologue. Lui connaît une plante qui pousse à Saint-Laurent-le-Minier, ancienne commune minière gardoise, et qui est capable d’accumuler dans ses feuilles des polluants.

Plantes de l’extrême

« Dans les bassins de décantation, il y avait 500 à 800 fois plus d’éléments métalliques que les normes autorisées. Quelques plantes survivaient. Même si c’était timide, même si elles n’étaient pas toutes en bonne santé, cela m’a beaucoup intéressée », confie-t-elle. Deux plantes sont capables d’extraire le zinc et de le stocker dans leurs parties aériennes : le tabouret des bois (Noccaea caerulescens) et la vulnéraire (Anthyllis vulneraria). Des années après, sa voix s’accélère encore quand elle en parle : « Elles étaient capables d’extraire du zinc en quantité astronomique. On peut quasiment parler de folie végétale. » La vulnéraire est une légumineuse qui peut aussi réintroduire de l’azote dans le sol.

Claude Grison se lance dans des recherches. Il faut répondre à plusieurs questions : comment faire pousser ces plantes pour créer un couvert végétal qui limiterait les envols de poussières polluées ? Ces végétaux ne sont-ils pas dangereux pour la biodiversité ? Que va-t-il se passer quand ses plantes bisannuelles vont mourir et que leurs feuilles gorgées de métaux vont retomber sur le sol ? Les abeilles qui les butinent ne produisent-elles pas du miel pollué ? « On a contrôlé le miel pendant trois ans. On a exposé certaines ruches », raconte-t-elle. Le miel est analysé : « Il n’était pas pollué. » Au bout de 4 ans, elle démontre que l’on peut développer de façon intense ces plantes et les installer dans un terrain très érodé. Mais combien d’années faudrait-il pour tout dépolluer ? « On ne cherchait pas forcément à tout extraire, répond la chercheuse. On voulait faire un couvert protecteur et une dépollution partielle et élargir progressivement le nombre d’espèces qui s’installent sur le site ».

Cercle vertueux

Il lui faut trouver une solution pour transformer ces plantes gorgées de métaux. Elle ne souhaite surtout pas créer de nouveaux déchets. À cette époque, le Pôle interministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques fait justement valoir que le zinc va faire défaut au niveau mondial. Or les plantes de l’extrême de Saint-Laurent-le-Minier l’accumulent. Ce métal est connu en chimie pour être un catalyseur, c’est-à-dire qu’il peut être l’élément qui va déclencher une réaction chimique entre d’autres éléments. Pourquoi ne pas transformer les plantes gorgées de métaux en catalyseurs écologiques ? Au bout d’ « un an de galères », la chercheuse trouve la bonne méthode pour fabriquer des « écocatalyseurs ». Elle fait sécher les feuilles, leur fait subir un traitement thermique modeste et y ajoute éventuellement une phase d’activation.

À Saint-Laurent-le-Minier, elle travaille sur un hectare d’anciens bassins de décantation, une des zones les plus polluées de la commune. « En 2014, les plantes se développaient toutes seules et de nouvelles espèces de plantes tolérantes à la pollution poussaient. Cela a réintroduit de la végétation sur ce sol. J’avais atteint mon objectif sur ce site », témoigne-t-elle. Cette année-là, elle reçoit la médaille de l’innovation du CNRS. Elle crée et dirige le laboratoire de chimie bio-inspirée et d’innovations écologiques. Mais elle n’a pas continué à suivre le site des bassins de décantation de Saint-Laurent-le-Minier. L’Ademe a choisi une autre stratégie. La chercheuse développe par contre son concept d’écocatalyseurs à plus grande échelle sur de grands sites industriels pollués en Nouvelle-Calédonie. « Le site de Saint-Laurent m’a servi de démonstrateur, m’a permis de faire la preuve de concept, avance-t-elle. Cela a montré que la chimie peut avoir un impact environnemental positif ».

Eaux polluées

Elle n’oublie pas pour autant la commune cévenole de 360 habitants perchée sur la route du Vigan. Elle revient à Saint-Laurent-le-Minier pour travailler sur les eaux polluées de l’ancienne mine des Malines. « C’était une des plus grandes mines d’Europe d’extraction du zinc. Il y avait un réseau de galeries énormes où les camions entraient, décrit-elle. Les eaux minières polluées étaient traitées par un traitement à la chaux ». Cette méthode génère des boues toxiques qu’il faut enfouir de manière sécurisée. Et si on utilisait des plantes ? La chimiste se plonge dans la littérature scientifique, puis cherche des plantes aquatiques avec un gros système racinaire. Elle identifie d’abord la menthe aquatique, une plante locale « menacée de disparition dans le Gard et l’Hérault à cause du réchauffement climatique ». Elle pousse vers Vallabrègues où elle se fait étouffer par des plantes exotiques envahissantes : la laitue et la jussie d’eau. « Ces plantes envahissantes sont une catastrophe écologique car elles étouffent la vie aquatique et bloquent les écoulements des eaux. C’est aussi une catastrophe économique », pointe Claude Grison. Mais ces envahisseuses ont un atout : elles peuvent traiter des effluents contaminés par les métaux. La chercheuse les transforme donc en poudres végétales dépolluantes. Le principe est simple : on fait passer l’eau polluée dans une colonne. Au premier étage, la poudre de laitue d’eau retient le fer et au second étage, la poudre de jussie retient le zinc. La chimiste obtient un financement Feder et montre sur le site des malines que ces poudres « aussi efficaces que la chaux » sont « capables de dépolluer aux normes de rejet ». Une fois gorgées de métaux, les poudres sont transformées en écocatalyseurs. Ils permettront d’accélérer les réactions chimiques nécessaires à la synthèse de nouvelles molécules. En 2020, Claude Grison crée la start-up Bioinspir. C’est elle qui est chargée de développer des écocatalyseurs qui permettent de créer des molécules pour le bien-être, la cosmétique et les parfums. Un autre travail est mené sur les médicaments dans son laboratoire de recherche.

*Laboratoire de chimie bio-inspirée et d’innovations écologiques

© DR

20 ans de travaux à Saint-Laurent-le-Minier

La mine ferme en 1991. Elle comprend deux zones : les bassins de décantation contenant des résidus et les haldes constituées de stériles miniers. En 2006, des travaux sont effectués dans les jardins du hameau de la Papeterie afin d’excaver la terre polluée et de mettre une couche de terre végétale non polluée. Malgré cela, on relève des plombémies persistantes chez les habitants. L’Ademe est mandatée, par arrêté préfectoral en 2019, pour conduire la mise en sécurité du site des Avinières. Les travaux ont notamment consisté à végétaliser des haldes des Avinières. « Elles présentent la principale source de pollution qui touche les habitations. Il était primordial de réduire l’émission de poussières chargées en métaux lourds et notamment en plomb qui présente un danger pour la population habitant en contrebas », indique Souhir Soussou. Sa société, Fertil’Innov est chargée de végétaliser environ 2 hectares. Elle sélectionne des plantes poussant sur le site et les cultive dans une pépinière aménagée sur place. « Les travaux de semis ont été effectués en 2022 et on suit le couvert végétal jusqu’en 2026 », poursuit-elle. Les espèces semées ne sont pas hyperaccumulatrices car la technique retenue est la phytostabilisation. « La phytoextraction est plus compliquée à mettre en œuvre (il faut notamment récolter et traiter les plantes régulièrement), écrit l’Ademe dans un bilan*. Elle estime qu’avec ce procédé, il faudrait « plusieurs dizaines, voire centaines d’années pour réduire sensiblement la pollution ».

*bilan interventions Ademe 2021 202

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