FAIT DU SOIR Inondations, feux de forêts, séismes : une journée pour développer la culture du risque
La journée « Prév’actions » se tenait ce vendredi au Pont du Gard. Une grande première, avec des ateliers, des démonstrations et des émissions de télévision, pour un but : développer la culture du risque.
Des risques naturels, plus précisément, dans un département qui sait mieux que d’autres que la nature peut se déchaîner. « Notre département est très exposé au risque inondation et feux de forêts, nous sommes parmi les plus gros bénéficiaires des crédits de prévention des inondations du ministère de l’Écologie », rappelle le directeur de la Direction départementale des territoires et de la mer, Sébastien Ferra.
Alors ici plus qu’ailleurs, il est important de connaître les risques pour éviter de se mettre en danger. « Le premier acteur de la prévention, c’est le citoyen », résume Christophe Perrin, chef du service interministériel de défense et protection civile à la préfecture du Gard, et sur la culture du risque, « on a des marges de progrès énormes », rajoute-t-il. Il faut déjà commencer par « identifier les risques pour être capables d’avoir les bons comportements », avance le lieutenant-colonel Éric Agrinier, des pompiers du Gard.
Ce qui est loin d’être le cas : « La plupart de nos concitoyens ignorent les risques », affirme le président de l’Association française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques, Christian Kert. Du reste, une enquête menée par l’association a fait ressortir que seul un français sur deux connaît les risques auxquels il est soumis, que parmi eux seuls 12 % ont pris des mesures en conséquence, et que 6 % seulement se sont engagés dans leur prévention. Les marges de progression sont effectivement « énormes » pour citer le représentant des services de l’État.
Plusieurs acteurs se sont donc réunis pour proposer cette grande journée, une première dans le Gard : l’Association française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques (AFPCNT), l’Entente Valabre, le SDIS du Gard, la chaîne « L’Esprit sorcier » et le site du Pont du Gard. Au programme : des ateliers, sur les feux de forêts ou les gestes qui sauvent, des exercices, avec des simulateurs de séismes, d’ouverture de portière d’une voiture submergée par exemple, une pièce de théâtre, des expositions et des démonstrations, avec un largage par un hélicoptère bombardier d’eau par exemple.
Le tout ouvert au grand public, mais aussi et peut-être surtout aux enfants. Ainsi, 280 enfants des écoles de Beaucaire, Estézargues, Marguerittes, Remoulins et Manduel, principalement de CM1 et CM2, ont participé à la journée. « La culture du risque, il faut la faire connaître aux enfants le plus tôt possible, aussi pour qu’ils en parlent à leurs parents », affirme Vincent Desoutter, directeur de cabinet du DASEN du Gard. « C’est par les enfants que passe la culture du risque, rajoute Christian Kert. Au Japon par exemple, tout part de l’éducation. »
Alors l’AFPCNT s’est donnée pour objectif « dans les quatre prochaines années de contribuer activement au développement de cette culture du risque », avance sa directrice générale, Ghislaine Verrhiest-Leblanc. Pour y parvenir donc, des journées plurielles comme celle organisée ce vendredi sont au coeur du dispositif. Et pour diffuser le message largement, les organisateurs ont fait appel à une figure bien connue de la vulgarisation à la télévision, Frédéric Courant, ancien coanimateur avec Jamy Gourmaud de l’émission de France 3 « C’est pas sorcier ».
Frédéric Courant gère aujourd’hui la chaîne « L’Esprit sorcier », disponible en ligne et sur les box Orange, Free et Bouygues Télécom, chaîne qui « diffuse des sujets sur la science, l’environnement, l’éducation et la pédagogie, et la prévention des risques majeurs nous tient aussi à coeur », avance-t-il. Alors plusieurs émissions ont été diffusées en direct ce vendredi, sur les feux de forêts, les crues rapides, les séismes, avant un plateau en début de soirée réunissant divers acteurs de la prévention et des secours.
De quoi apporter une belle pierre à l’édifice de la prévention, même si elle ne suffira pas. « Tous les acteurs de la prévention et de la lutte contre les risques naturels savent que la pédagogie est l’art de la répétition, et que la culture du risque s’étiole rapidement », affirme Sébastien Ferra. Alors ce genre d’initiatives est appelé à se reproduire, surtout eu égard à l’accroissement des risques d’inondations et de feux de forêts induit par le changement climatique, sans compter que l’actualité récente a démontré qu’un séisme significatif pouvait aussi survenir en France métropolitaine. Alors comme le dit Christophe Perrin, « un citoyen bien informé en vaut deux. »