Publié il y a 2 mois - Mise à jour le 25.08.2024 - Anthony Maurin avec Bettina Rautenberg-Celié de la direction des affaires culturelles de la Ville de Nîmes - 4 min  - vu 540 fois

NÎMES La ville au fil des siècles

Les armoiries de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

« C’est que Nîmes est posée sur un carrefour d’histoire et d’échanges humains », notait en son temps Christian Liger pour expliquer la diversité de la cité des Antonin.

monument Nîmes (Photo Anthony Maurin).
La Tour Magne à Nîmes est-elle la tour magnanime ? (Photo Anthony Maurin). • monument Nîmes (Photo Anthony Maurin).

C’est à partir de la civilisation romaine que Nîmes connaît son premier essor même si par le passé la cité était déjà bien connue et dominait un vaste territoire allant d’Agde au Rhône.

Nous ne connaissons pas la date exacte de la fondation de la Colonia Augusta Nemausus. La cité a reçu le droit de porter le nom de colonie régie par le droit latin certainement dans les années 40 av.J.C. par Jules Ceesar ou ses successeurs du second triumvirat. Contrairement à une colonie de droit romain, où tous les citoyens ont les mêmes droits que ceux de Rome, seuls les citoyens exerçant des magistratures et leurs familles, deviennent citoyens romains. Centre d’un important réseau routier Nîmes est un lieu privilégié d’échanges commerciaux. Capitale du peuple des Arécomiques elle domine 24 oppida (agglomérations gauloises fortifiées) qui devaient lui payer un tribut.

Ici à Nages, il faut imaginer l'oppidum nîmois... (Photo Archives Anthony Maurin).
Ici à Nages, il faut imaginer l'oppidum nîmois... (Photo Archives Anthony Maurin).

Jusqu’à la conquête de la région par les Francs en 759 sous Pépin le Bref, Nîmes fait partie du royaume wisigoth de Septimanie. Les édifices publics romains changent de fonction, sont détruits ou leurs pierres utilisées pour des constructions nouvelles. Les Arènes sont transformées en forteresse où la population trouve refuge en cas de péril. Assiégées à plusieurs reprises, en 673 par le roi wisigoth Wamba, en 737 par Charles Martel, elles restent le siège du pouvoir féodal sous la domination des comtes de Toulouse. Un sceau du XIVe siècle montre quatre chevaliers des Arènes. Au nombre d’une centaine en 1226, ils contrôlent les affaires économiques et politiques jusqu’à la fin du XIIe siècle.

Visite théâtralisée des arènes de Nîmes été 2024 (Photo Anthony Maurin)
Le plan médiéval prêté par Bernard Aton V à ses convives (Photo Anthony Maurin)

Au XIIIe siècle Nîmes est une ville prospère. Le vin nîmois est réputé et son exportation est un privilège accordé en 1254 par Louis XI au port d’Aigues-Mortes. Cet essor urbain s’accompagne de l’entrée en scène du pouvoir municipal : le consulat.

En 1124, les Nîmois avaient obtenu du vicomte Bernard Aton IV le renoncement à ses redevances seigneuriales, entre 1139 et 1145 à ses droits de justice. Au XIIe siècle les quatre consuls de la cité, représentant les quatre quartiers de la ville, sont issus des grandes familles bourgeoises et propriétaires terriens. Les artisans, répartis par échelle, obtiendront leurs consuls à partir de 1283. En 1350 ils seront quatre des échelles contre deux de la cité et deux des arènes.

Les armoiries de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Après la croisade contre les Albigeois, le comte de Toulouse doit abandonner ses terres au roi Louis VIII. L’installation du pouvoir royal et la réorganisation administrative de la région, qui reçoit le nom de Languedoc, profite à la ville : elle devient siège de la sénéchaussée en 1226. Ses services, le tribunal et la prison s’installent près de l’amphithéâtre.

En 1391, le roi Charles VI réutilise un fortin abandonné englobant la porte Auguste pour construire un château où sont cantonnées ses troupes et dont la seule trace est le nom d’une place. Le XIVe siècle est marqué par le recul économique : dépréciation monétaire, hausse de prix, disette chronique et sécheresse.

En 1541, François Ier ordonne « d’extirper cette malheureuse secte luthérienne » et valide les armoiries de la cité.

Au cimetière protestant (Photo Anthony Maurin).

Cependant l’élite locale et la plus grande partie de la population adhèrent à la religion réformée. La guerre entre catholiques et protestants éclate en 1562. La paix d’Amboise rétablit une période de calme jusqu’en 1567 marquée par le massacre de la Saint-Michel : une centaine de catholiques sont précipités dans le puits de l’Evêché.

Les violences culminent en 1569 avant la paix de Saint Germain en 1570. L’idéal pacifiste des humanistes et l’Édit de Nantes de 1598 favorisent la coexistence des deux populations. Après de nouveaux affrontements en 1621 et 1625, la paix d’Alès met en 1629 un terme aux guerres de religion.

Musée du Vieux Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)
Musée du Vieux Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)

Confrontés à la crise de la laine au XVIIe siècle les manufacturiers et négociants nîmois investissent dans la production de soieries à petits prix. Filée dans des ateliers familiaux, la soie est teintée sur les bords de l’Agau, canal qui sera dérivé au XIXe siècle. En 1776, on compte à Nîmes 4 500 métiers, soit 1/5 des métiers français.

16 800 personnes produisent 101 966 douzaines de paires de bas. Nîmes est la première ville manufacturière du Languedoc qui exporte notamment vers l’Amérique latine. Sous le Premier Empire, les fabriques nîmoises profitent de la mode du châle cachemire. Par la suite, et jusque dans les années 1930, Nîmes produit surtout des tentures et des tissus d’ameublement.

La Maison carrée (Photo Archives Anthony Maurin).

Nîmes reste longtemps une ville ouvrière et populaire dont les activités économiques relèvent de secteurs traditionnels : confection, bonneterie, industries liées à l’alimentaire et au chemin de fer. Beaucoup disparaissent dans les années 70. Dès les années 80, la situation géographique et la romanité confortent l’image d’une capitale touristique culturelle qui a su s’enrichir : un centre historique vivant classé secteur sauvegardé, des événements festifs, culturels et sportifs.

De nouvelles perspectives se dessinent grâce au développement des universités, la candidature à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco et la construction, face aux arènes, d’un nouveau musée archéologique, le musée de la Romanité.

Anthony Maurin avec Bettina Rautenberg-Celié de la direction des affaires culturelles de la Ville de Nîmes

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio