NÎMES Tentez le castellum aquae !
Nîmes est une ville connue pour son passé et ses monuments romains mais celui-ci est sans doute le moins visité.
Vous connaissez le triptyque formé par les Arènes, la Maison carrée et la Tour Magne. Vous avez certainement entendu parler de l’Augusteum, du temple de Diane, de l’enceinte romaine… Et du castellum aquae alors ?
Dites-vous bien que l’eau a toujours été un enjeu premier. C’est pour cela que les premiers peuples nîmois se sont installés au plus proche de la source nourricière. L’aqueduc du Pont du Gard est aussi un peu nîmois et le castellum est son point d'arrivée.
Un vestige rarissime car il n’en reste qu’un autre, en élévation, à Pompei. Remontons le temps. Afin d’alimenter Nemausus, la cité d’alors en eau, on construit au milieu du 1e siècle de notre ère un aqueduc de 50 kilomètres dont le Pont du Gard est un témoin prestigieux. Vous pouvez par ailleurs faire une bonne partie de ce chemin dans la garrigue environnante, les plus beaux tunnels étant à Sernhac et d’autres vestiges remarquables sont égrainés au fil des chênes verts et genets.
Retour dans le quartier de Gambetta, au Nord de l’Écusson. Au pied d’un rempart Vauban abritant aujourd’hui la faculté de Nîmes, c’est à part de ce bassin circulaire de distribution d'eau de 5.90m de diamètre pour 1.40m de profondeur, taillé dans le rocher, que des canalisations en plomb acheminaient l'eau vers les fontaines publiques et les différents quartiers de la cité. Cet apport supplémentaire en eau contribua à asseoir le prestige de Nîmes, à lui apporter confort et art de vivre à la romaine.
En complétant les basses eaux de la source de la Fontaine en période de sécheresse, il permettait d'assurer la sécurité de l'approvisionnement et facilitait l'évacuation des eaux usées de l'est de la ville.
On put ainsi édifier de nouveaux thermes entre le forum et la porte Auguste. Certains tronçons de l'aqueduc abandonné furent réutilisés en caves, en citernes, voire en fosses d'aisances.
Le castellum était encore connu au XVIIe siècle et fut, semble-t-il, remblayé lors de la construction de la citadelle en 1688. Il ne fut réellement redécouvert qu'en 1844 par un particulier qui entreprit aussitôt de le mettre au jour ! Connu par les textes, ce type d'édifice n'avait jamais été observé encore en Europe. Il fut racheté par la ville et l'État et classé monument historique.
À l'origine l'ensemble, limité par un mur recouvert d'enduits peints représentant une scène aquatique, était inclus dans un édifice carré à colonnade couvert de tuiles.
Les eaux en provenance de la source d'Eure, à Uzès, arrivaient obliquement dans le bassin par une ouverture presque carrée. Une vanne munie d'un cabestan permettait de régler le débit.
Six trous carrés ménagés dans la dalle surplombant le canal permettaient à une grille d’arrêter d’éventuelles intrusions. Des canalisations en plomb s'adaptaient aux dix orifices circulaires disposés en éventail visibles actuellement sur le mur du bassin. Regroupées par paires, elles étaient amenées par cinq conduits maçonnés, couverts de dalles vers les différents quartiers de la ville.
Le trop-plein partait vers le réseau d'égouts contribuant ainsi à l'assainissement de la ville. On n'a pas trouvé de dispositif permettant de hiérarchiser la distribution de l'eau comme à Pompéi (d'abord les fontaines, puis les établissements publics enfin les particuliers). Par contre, on a retrouvé de nombreuses monnaies qui laissent supposer que l’édifice a pu jouer un rôle cultuel.