FAIT DU JOUR La pédagogie conductive expérimentée à Clarensac
Depuis le 5 janvier, un centre d'enseignement privé pour enfants handicapés moteur a ouvert à Clarensac, le sixième en France. Fanny Grau, médecin généraliste, y expérimente la pédagogie conductive, une nouvelle méthode qui a fait ses preuves.
Elles sont rares les écoles de ce type en France. Celle de Clarensac est la sixième. "La plus proche de notre région se trouvait dans la Nièvre" précise Fanny Grau, à l'origine de ce projet. Au départ, c'est en tant que mère qu'elle constate les difficultés pour scolariser son fils handicapé dans un lieu adapté. Cette médecin généraliste de profession quitte Nîmes avec son fils Numa pour Pouilly-sur-Loire pendant dix semaines de stage en 2013, puis dans une école ouverte à l'année à Bayeux (Calvados). Là-bas, elle y découvre la pédagogie conductive, une nouvelle approche qui la séduit. "C'est très novateur en France, mais à l'étranger, il y a déjà de très gros centres qui ont intégré la pédagogie conductive." La pédagogie conductive est une alternative aux instituts médico-éducatifs qui accueillent traditionnellement ces enfants handicapés. "Nous sommes une alternative qui ne correspond pas à tous les enfants. La pédagogie conductive vise à pousser ces enfants vers l'autonomie du quotidien. Ils sont solliciter pour le langage, l'utilisation de leur environnement ou sur des loisirs variés."
Début 2014, Fanny Grau décide alors de créer un centre d'enseignement dans le sud, et démarche une quarantaine de communes. La plupart ne possédant pas de locaux adaptés, c'est finalement à Clarensac qu'une proposition de la mairie est conclue. "Ils ont mis à notre disposition un local gracieusement, et nous nous sommes occupés de le mettre aux normes". Porte de secours, sanitaires, sol, murs, cuisine, accès au jardin, rien n'est laissé au hasard. Après deux mois et demi de travaux effectués par une cinquantaine de bénévoles, la clé du local est alors remise à Mme Grau. "Nous avions crée une association pour avoir le droit d'exercer. La pédagogie conductive n'étant pas reconnue par l'état, nous n'avons pas le droit aux subventions."
Des frais de scolarité trop élevés pour les parents
Pour faire évoluer le projet au niveau législatif, les six centres d'enseignement que compte la France se sont regroupés en fédération, la FEPEC. "Le président a rencontré une personne du ministère de la santé" ajoute Fanny Grau, qui espère que des solutions vont être apportées. Car, même si le projet est reconnu d'intérêt général par les services fiscaux, les centres d'enseignement sont privés, par dépit, puisque l'état ne reconnait pas l'enseignement. De fait, pour les parents, le coût global de la scolarisation de leur enfant handicapé est très élevé. À Clarensac, une semaine de stage coûte 200 euros. À l'année, chaque mois de scolarisation coûte 640 euros. Une charge trop importante, qui ne couvre même pas l'ensemble des frais de fonctionnement. "Nous faisons appel à du mécénat, aux dons de particuliers et d'entreprises, nous organisons des manifestations."
Ayant une capacité d'accueil limitée, seulement six enfants sont simultanément présents dans l'école dont trois à l'année et trois en stage. Une vingtaine de stage sont proposés dans l'année pour des enfants âgés entre 3 et 8 ans. "C'est le niveau de développement qui compte, pas l'âge." explique Fanny. La FEPEC cherche aujourd'hui à faire reconnaitre le diplôme de conducteur / conductrice, d'un niveau bac + 4, qui permettrait une reconnaissance globale de ces méthodes d'enseignement et à terme, une prise en charge des frais de scolarité par l’État.
Baptiste Manzinali