FAIT DU JOUR Franck L’Hostis, le Manduellois devenu ange gardien du Stade briochin

Franck L'Hostis célèbre à l'issue de la séance de TAB en 16e de finale de Coupe de France face au FC Annecy.
- DR (Franck l'Hostis)Le gardien de but de 34 ans se souviendra du parcours mémorable de son équipe de 4e division en Coupe de France. L’apogée ? Un ¼ de finale contre le PSG. Ses premiers pas dans les cages, sa vision du poste, son regard sur le Nîmes Olympique… Le Manduellois sort avec les deux poings.
C’est à l’âge de 3 ans que Franck L’Hostis enfile sa première paire de crampons. Né à Manduel, le Gardois se met vite en évidence à un poste bien particulier : gardien de but. Puis tout s’enchaîne très vite : « Je suis formé au SC Manduellois. J’ai commencé le foot dans mon village. J’avais fait les détections au Nîmes Olympique à 9 ans. Cela se passe très bien pendant 9 mois. Puis je me casse l’avant-bras donc je suis éloigné des terrains. On ne m’avait pas pris pour la finale nationale. Je suis parti à Beaucaire l’année d’après et on a éliminé Nîmes. Comme quoi dans le football… », se remémore-t-il. Aujourd’hui aguerri, trentenaire et père de famille, le numéro 30 du Stade briochin n’oublie pas d’où il vient.
« Beaucaire, c’est gravé, c’est mon club »
Devenir footballeur amateur ou professionnel relève du parcours du combattant : « J’étais tombé dans un club idéal pour moi. Je suis resté 8 ans là-bas. L’épisode Beaucaire, c’est gravé, c’est mon club. Ensuite, on me prend comme troisième gardien à Arles-Avignon. Puis Monaco m’a rappelé. J’arrivais un peu de nulle part, avec les dents très longues. Pour me faire un peu d’argent l’été, je ramassais des abricots dans les champs. J’ai fait de la maçonnerie. Deux semaines avant de signer à Monaco, j’étais dans des serres en train de planter des tomates. Je suis arrivé à l’ASM avec beaucoup d’envie. Je voulais me donner à fond pour réussir dans le football. Cette chance je l’ai saisie du mieux possible », raconte-t-il, fier du chemin parcouru. Le plus magique reste à venir avec une épopée en Coupe de France avec son club de 4e division. Tout commence le 17 novembre 2024, au 7e tour contre le Stade Paimpolais. Puis les premiers exploits arrivent : « On a galéré dans les premiers tours. On ne s’est pas pris la tête dans cette épopée, en prenant match après match. Quand tu viens de sortir Nice avec un scénario de fou, où tu renverses le 3e de Ligue 1 en cinq minutes, avec un but à la 95e de ton défenseur central et capitaine ; puis que tu tires le PSG en quart de finale et que tu joues à Rennes devant 30 000 personnes, quand tu es un joueur de N2, c’est le top. » Comme touché par la grâce, le Stade briochin devient le Petit Poucet à suivre dans une compétition, surnommée « la coupe de tous les possibles ».
Un gardien décisif dans les séances de tirs aux buts
Les joueurs des Côtes-d’Armor ont provoqué leur destin. Revenons sur les meilleurs épisodes avec leur ange gardien, qui s’est distingué dans l’exercice des tirs aux buts : « Au 8e tour, je sors le dernier pénalty contre Saint-Malo. On s’est retrouvé à jouer Annecy en 1/16e de finale. J’arrête le 3e penalty et sur leur dernière tentative, il tire sur la barre. Je suis content que cela permette à l’équipe de passer des tours. » Le gardien de 34 ans n'est pas au bout de ses surprises. Après avoir sorti Nice en 8e de finale, le clou du spectacle se produit le 26 février dernier avec un quart de finale contre le Paris Saint-Germain. De quoi avoir des étoiles plein les yeux : « Le club a fait le nécessaire pour qu’on puisse rentrer sur le terrain avec nos enfants. Mon fils de 3 ans et demi était comme un fou ! C’est un super stade, tu veux espérer quoi de plus à part la gagner ? », se demande-t-il, avant de partir dans un fou rire. Il retiendra notamment son arrêt réflexe après une reprise de la tête d’un Parisien. Son poste, il le connaît sur le bout des doigts et a un avis très précis sur son rôle : « Au pied, il faut évoluer et apporter un plus à l’équipe mais il ne faut pas oublier l’essence même du poste qui est d’être efficace, de faire le bon geste dans la bonne zone. »
« S’offrir une belle fin de saison en regardant devant soi »
Redescendu de son petit nuage, après une défaite nette et sans bavure 0-7, Franck L’Hostis aborde la fin de saison avec ambition : « Cette épopée en Coupe de France, nous sommes allés la chercher mais le club n’était pas programmé pour ça. Tout le monde est satisfait par cette aventure, que ce soit le président ou les bénévoles qui étaient en pleurs. On voudrait accrocher un top 5 dans notre poule. Il faut vite digérer cette épopée pour se focaliser sur le championnat. On veut s’offrir une belle fin de saison en regardant devant avec sérénité. » Quoi qu’il en soit, ses statistiques prouvent qu’il réalise une saison honorable. Dans l’exercice 2024-2025, le portier de 1m86 a concédé 23 buts en 19 matchs et réalisé 5 clean-sheets.
Même s’il ne souhaite pas trop se projeter, revenir un jour à Beaucaire serait pour lui une manière de conclure l’aventure footballistique en beauté : « Je ne me suis jamais fixé d’objectifs car il y a tellement de paramètres. Franchement, si un jour je peux finir la boucle à Beaucaire, ce serait beau. Tant que je joue, c’est que j’ai la grinta. » Jamais retenu par le Nîmes Olympique, il adresse tout de même un message plein de compassion à l’égard du club englué en fond de classement de troisième division : « Les plus belles années de Nîmes, c’est quand ils s’appuyaient sur des joueurs avec cette ADN, comme Medhi Beneddine recruté de Bellegarde. Ils ne lâchent pas, j’espère qu’ils vont se sauver en National. »
Avant le 17 mai 2025, date du dernier match de championnat de National 2, le gardien de but bien dans sa tête et sur sa ligne, veut continuer à faire rêver les supporters, ici à Saint-Brieuc, sa terre promise, où il a écrit avec brio l’une des plus belles pages de sa carrière, celle d'un gardien de but qui a cru en sa bonne étoile, pour devenir titulaire indiscutable dans la cage.