Publié il y a 2 h - Mise à jour le 15.03.2025 - François Desmeures - 2 min  - vu 96 fois

LES PLANTIERS Les données météo des Cévennes tracent un avenir plus sec aux pluies incertaines

Valentin Wendling a présenté les résultats de son étude dans la salle municipale

- François Desmeures

Docteur en hydrologie et ingénieur de recherches à l'IMT Mines Alès, Valentin Wendling a compilé des années de relevés de températures et de climat dans les Cévennes. De ce parcours, il établit une projection des tendances pour les décennies à venir, sans pouvoir répondre à toutes les questions sur, par exemple, la récurrence des précipitations ou la durée des périodes de sécheresse. Il a récemment présenté ce travail dans la salle municipale des Plantiers. 

Valentin Wendling a présenté les résultats de son étude dans la salle municipale • François Desmeures

Le plus étonnant est que cela n'ait pas été fait avant. C'est le premier mérite du docteur en hydrologie Valentin Wendling, d'être allé se coltiner et compiler des années de relevés météorologiques pour en tirer une trajectoire climatique. "Je m'intéresse depuis deux ans aux Cévennes et au Piémont, explique l'ingénieur de recherches de l'IMT Mines Alès à la cinquantaine de personnes réunies dans la salle municipale des Plantiers. J'ai résumé ce qu'on a observé et ce qu'on sait du futur avec une assez grande certiutude, ainsi que le futur plausible." 

En partant d'un constat partagé - et déjà vérifié : que la température moyenne "est désormais 1,5° au-dessus des valeurs préindustrielles, avec la particularité que la Méditerranée se réchauffe plus vite que la moyenne". Au sommet de l'Aigoual, on en est déjà à 2° supplémentaires sur une année, tout comme à la station météo de Salindres, deux sites qui regorgent de données dans les Cévennes. 

Côté précipitations, le changement est moins évident de prime abord. En commençant par les volumes de ce qui tombe du ciel, sur les relevés qui vont de 1896 à 2016. La moyenne des trente premières années de relevés indique 1 504 mm de pluie par an. Celle des trente dernières années s'élève à... 1 503 mm. "Le minimum fut de 724 mm en 1950, le maximum de 2 551 mm en 1996." Valentin Wendling constate globalement, sur 120 ans, une "très forte variabilité" des précipitations. Mais aussi une récurrence : "des périodes de dix ans avec des déficits de pluie"

Sécheresse une année sur deux et des étiages qui s'allongent

Ces déficits, et la hausse des températures, aboutissent à des débits de rivière  "de plus en plus faibles chaque année (...). Une atmosphère plus chaude provoque une plus grande évapo-transpiration. Il y a donc plus d'eau qui repart vers l'atmosphère, ce qui contraint les plantes à s'adapter. Mais jusqu'à quand le pourront-elles ?", interroge le docteur en hydrologie. 

Au cous du siècle, les saisons de crue pourraient se déplacer dans l'année • François Desmeures

Une question qui en appelle d'autres. Car la projection à laquelle se risque Valentin Wendling s'établit à partir d'hypothèses de hausse de température. "Selon les modèles, on voit peut-être une baisse du cumul des précipitations en Méditerannée, mais en fait, on ne sait pas". Une hausse des jours plus secs est elle aussi envisagée. La seule certitude réside dans l'eau disponible, en raison de températures en hausse, qui devraient donner une augmentation de "l'aridité agronomique et agrologique".

Les périodes d'étiage du Gardon pourraient voir couler 20 à 70 % d'eau en moins vers 2080. En 2100, elle devrait même s'allonger de un à trois mois supplémentaires. Mais, surtout, "les violents événements de sécheresse qui arrivaient tous les 50 ans jusqu'ici arriveront, à la fin du siècle, une année sur deux". Tandis que la période des crues pourrrait être déplacée dans le calendrier. Le constat reste identique : l'eau disponible sera moins importante en quantité, et sans doute moins accessible. 

François Desmeures

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