GARD Guerre d'Algérie : "La flamme du souvenir ne doit pas s'éteindre"

La mémoire des victimes n'est pas oubliée
- Photo Corentin CorgerLe 19 mars 1962, le cessez-le-feu de la guerre d'Algérie été prononcé.
Nîmes
Ce 19 mars 2025 marque le 63e anniversaire de la commémoration du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. Reconnue comme guerre seulement en 1999, les chiffres du nombre de morts sur les combats en Algérie ne sont pas précis. Le seul reste celui concernant les 25 000 militaires français morts au combat et les 65 000 soldats blessés.
À Nîmes, aucun élu de la majorité municipale était présent. Avant de déposer la traditionnelle gerbe, la conseillère régionale Amal Couvreur et les vice-présidents au Conseil départemental Vincent Bouget et Christian Bastid ont écouté trois prises de parole dont celle de Jean-Pierre Colombet. Le président gardois de la Fnaca (Fédération nationale des anciens combattants d'Algérie) a mis en avant l'importance de transmettre cette mémoire des victimes auprès de la jeune génération.
À Alès, "la flamme du souvenir ne doit pas s'éteindre"
Première cérémonie publique en tant que maire pour Christophe Rivenq. Ce 63e anniversaire a été chargé de messages et drapeaux au parc du Bosquet d'Alès. "L’age venant", René Rousseau, a profité de l'occasion pour délivrer un message à la jeunesse : "Soyez nos ambassadeurs pour bâtir la France de demain. Avant que ne retombe le rideau de l’indifférence et de l’oubli, nous devons transmettre une mémoire partagée. La flamme du souvenir ne doit pas s’éteindre, nous vous passons le flambeau."
Le président de la Fédération nationale des anciens combattants d'Algérie d'Alès a été accompagné dans son "hommage solennel à hauteur du sacrifice des victimes, civiles et militaires, avec une pensée particulière pour nos frères d’armes", par le sous-préfet Émile Soumbo : « Nous devons nous souvenir de toutes ces existences amputées, la mémoire n'est pas un fardeau mais une lumière", a ainsi déclaré le représentant de la ministre déléguée aux Anciens combattants, Patricia Miralles.
La cérémonie s'est aussi tenue en présence de Max Roustan, désormais maire honoraire et Premier adjoint, Pierre Martin, adjoint délégué aux Anciens combattants et correspondant défense, des autorités de police et gendarmerie, de la conseillère départementale Léa Boyer, ainsi que la section sécurité et le directeur du lycée Pasteur de La Grand'Combe.
Beaucaire
À Beaucaire, comme chaque année depuis dix ans, une trentaine de personnes se sont réunies en haut de la rue du 5 juillet 1962 pour rétablir symboliquement son ancien nom : rue du 19 mars 1962. Ce rassemblement était organisé par l'association Réagir pour Beaucaire, soutenue par la Ligue des Droits de l’Homme, la Libre pensée du Gard, les Pieds noirs progressistes, l’Union pacifiste et France Palestine solidarité. "Nous pourrions, comme dans des milliers de communes de ce pays, être dans le public, à écouter le discours d’élus ou de représentants de l’État rappeler les faits, se féliciter de la fin des horreurs, exalter la réconciliation entre les peuples, regrette Jean-François Milesi, membre de Réagir pour Beaucaire. Comme dans des milliers de communes où des rues, des places, des lieux publics portent le nom du 19 mars 1962, comme une bannière de la paix retrouvée, comme un hommage aux 400 000 victimes civiles, aux 25 000 militaires français tombés", expose-t-il.
En 2015, durant le mandat de l’ancien maire RN de Beaucaire, Julien Sanchez, la municipalité a débaptisé la rue du 19 mars 1962 pour la nommer rue du 5 juillet 1962, jour des massacres d’Oran. "Ici, à Beaucaire, on refuse de rendre hommage. Depuis 2015, la rue où nous sommes a été débaptisée pour réécrire l’histoire, pour la falsifier du fait d’un élu et de sa majorité, membres d’un parti au sein duquel, outre des waffen-SS et des collaborateurs, il y a des terroristes de l'OAS parmi les pères spirituels", dénonce Jean-François Milesi. Charles Menard, élu d’opposition au sein du conseil municipal, abonde en son sens. "C’est un acte profondément anti-républicain. On pense ce qu’on veut de cette date, mais c’est celle qui a été choisie par la République pour honorer ceux tombés pour cette guerre", souligne-t-il.
Bagnols/Cèze
La 63e cérémonie du cessez-le-feu de la guerre d'Algérie a été aussi commémorée à Bagnols/Cèze. Jean-Louis Bouchon, nouveau président de la FNACA (Fédération Nationale des Anciens Combattants d'Algérie) a pris la parole, pour rendre un hommage retentissant à tous ceux qui se sont battus, au péril de leur vie. "Aujourd'hui, nous nous souvenons, nous nous recueillons avec une pensée particulière pour nos frères d'armes." Puis son discours s'est orienté vers la nouvelle génération, qui a selon lui un rôle essentiel à jouer pour faire perdurer le devoir de mémoire : "Vous, les jeunes, soyez nos ambassadeurs dans un monde de tolérance, de fraternité et de paix."
Christian Baume, adjoint à la Sécurité, a lu la lettre du ministre. Après les discours, les gerbes ont été déposées, dont une de la part de membres de l'équipe municipale Bagnolaise. Le cortège, menée par la Peña Del Fuego, a rejoint ensuite le second monument aux morts situé au square André-Tome, pour déposer de nouvelles gerbes.
Maxime Couston, maire par intérim en l'absence de Jean-Yves Chapelet toujours en soins à l'hôpital, était en première ligne pour rappeler les sacrifices consentis par les soldats pendant 8 ans, de 1954 à 1962 : "Ce n'était pas votre guerre, mais vous l'avez faite. Ce n'était pas votre destin mais il vous a brisé. L'oubli est une seconde mort", a-t-il clamé, la gorge nouée d'émotions. L'hymne aux morts a retenti ainsi que la Marseillaise avant que les portes drapeaux soient salués pour conclure ce temps d'hommage.
De Nîmes à Alès, en passant par Beaucaire et Bagnols/Cèze, la flamme du souvenir continue de jaillir sur le territoire gardois.
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