ÉDITORIAL Le premier pari de François Bayrou en passe de réussir ?
Le Premier ministre pourrait bien, contre toute attente, parvenir à son objectif de stabiliser quelques mois l'ambiance politique.
Critiqué alors qu'il n'avait pas encore monté les premières marches de Matignon. Notamment pour sa désinvolture politique après avoir choisi de se rendre au conseil municipal de sa commune de Pau. Les sondages d'opinion ne donnaient pas cher de sa peau. François Bayrou, le premier ministre Modem, qui semble s'être imposé pour le poste auprès du président de la République, pourrait bien, contre toute attente, parvenir à son objectif de stabiliser quelques mois l'ambiance politique. D'abord par ses choix audacieux d'un gouvernement de personnalités connus et reconnus. Certains que l'on n'imaginait pas certes, comme Manuel Valls ou Elisabeth Borne. Mais ces anciens premiers ministres ont l'expérience du pouvoir et de la rudesse des oppositions. Ils savent aussi manœuvrer en coulisse pour parvenir à leurs fins... Par ailleurs, l'entrée dans l'équipe gouvernementale de quelques figures issues de la gauche, comme François Rebsamen et surtout, Éric Lombard, pourrait faire pencher la balance. Au poste le plus sensible, celui de ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, l'ancien patron de la Caisse des dépôts et consignations et de la Banque des territoires a gardé de nombreux amis au Parti socialiste. Ainsi, selon toute vraisemblance, un accord de non censure se dessine avec le Nouveau Front populaire hors LFI. Les socialistes, communistes et écologistes ont fixé dès le départ plusieurs lignes rouges. La première, capitale : la suspension de la réforme des retraites. Bercy ne ferme plus la porte. D'autres concessions sont aussi à l'ordre du jour : une plus grande justice fiscale, la transformation écologique et de nouveaux crédits pour les services publics. Face à un contexte économique défavorable et un endettement de la France abyssale, il sera bien compliqué d'accéder à toutes les demandes. Mais cette négociation ouverte offre plusieurs perspectives. L'apaisement politique attendu depuis longtemps, l'image d'une classe politique raisonnable et raisonnée. Capable de s'entendre pour l'intérêt général. Et une conséquence loin d'être négligeable. Cette entente de circonstance pourrait renvoyer, pour quelque temps, les extrêmes de gauche et de droite au placard. Difficile de s'en plaindre...