FAIT DU SOIR Accompagner le Gard de demain

Sébastien Ferra et Jean-Emmanuel Bouchut (Photo Anthony Maurin)
La Direction départementale des territoires et de la mer est un service de l’État qui couvre de multiples pans de la vie quotidienne des Gardois. Petit aperçu.

L’agriculture, l’eau, l’éducation routière, l’environnement, la forêt, l’habitat, les risques, l’urbanisme, ou encore la transition énergétique, l’orpaillage, le schéma d’accueil des gens du voyage, du plant Ponts, la DDTM du Gard s’en occupe, autant dire que son action est omniprésente au quotidien. Pourtant, qui connaît réellement la DDTM ?
Sébastien Ferra, le directeur, et son équipe, parlent un peu de ce vaste champ d’action. « Nous travaillons sur le temps long pour accompagner le Gard de demain. 90 % de notre action, c’est de l’accompagnement. Notre ligne, quelle que soit la politique, c’est justement d’accompagner les porteurs de projets pour les intégrer aux lois et politiques existantes. »
L’eau
De la pollution des rivières en passant par la pêche en eau douce, le prélèvement d’eau, l’assainissement, les autorisations environnementales ou encore le célèbre orpaillage, la DDTM a du boulot. « On s’instruit sur la loi sur l’eau, mais surtout sur la gestion de la ressource en eau, sur l’irrigation et la gestion conjoncturelle de la sécheresse. »
Dans un département souvent contraint, fortement sujet au risque d’incendie et de manque d’eau, les enjeux ne manquent pas.

Jean-Emmanuel Bouchut, directeur adjoint, ajoute : « Nous avons un comité de ressource en eau pour examiner l’état de la météo, des nappes phréatiques, des cours d’eau, des besoins… Nous en référons au préfet et, selon la situation, la gestion de l’eau peut être amenée à évoluer. »
L’objectif principal étant bien entendu de préserver l’eau potable, l’irrigation puis les autres usages selon les priorités. Pour l’instant, de ce côté, aucune crainte, l’hiver a été pluvieux, les nappes et les cours d’eau sont bien rechargés et les indicateurs sont au vert.
La mer
Dans DDTM, il y a M. Même si notre littoral n’est un cordon que de 15 km environ, la commune qui l’habite est assez improbable ! En plus d’une population qui augmente exponentiellement en saison estivale, tout au long de l’année, la petite cité est au cœur d’enjeux économiques primordiaux. Les enjeux environnementaux le sont tout autant !

« Le Grau-du-Roi est le premier port de plaisance d’Europe, le deuxième du monde. C’est aussi un important port de chalutiers. Nous nous attachons à l’évolution de l’érosion du littoral en observant le trait de côte, car nous sommes gestionnaires de la plage qui est au domaine public maritime », brosse Sébastien Ferra.
Les inondations
Le Gard connaît trop bien ce risque. Comme pour l’incendie, l’inondation est naturelle, mais l’anthropisation du territoire fait que les eaux ont du mal à être durablement gérées. La DDTM tente d’y remédier. Ou plutôt endigue lentement, mais sûrement l’action de l’Homme dans certaines zones périurbaines.
« Le département se caractérise à la fois par le manque d’eau et par l’excès ! Nous faisons des cartes sur la prévention des risques d’inondation. Nous travaillons avec les collectivités pour les programmes spécifiques », poursuit Jean-Emmanuel Bouchut.

Le barrage de Sainte-Cécile d'Andorge devrait connaître des travaux lui permettant de résister à une crue plus importante qu’une crue exceptionnelle. Le 13 octobre prochain aura lieu la Journée nationale de la résilience, une belle occasion d’en savoir plus sur le sujet du risque d’inondation.
La forêt
Le rôle de la DDTM est souvent celui d’accompagnateur, de guide, de tuteur aussi bien pour la technique que pour l’ingénierie. Le public peut le constater lors de l’action Gaffofeu qui aura lieu cette année du 22 au 24 mai, juste avant le lancement de la campagne « protection incendie » qui débutera en tout début d’été.

« L’année 2023 nous a rappelé le sujet des feux de forêt avec de nombreux incendies qui faisaient déjà suite à d’autres séries, notamment à Générac en 2019 et 2021. Nous faisons de la prévention et nous veillons à éviter les constructions près des forêts. Si les constructions sont déjà présentes, il y a les obligations de débroussaillement pour éviter qu’un feu qui vient de la forêt n’impacte les maisons. Nous pouvons aussi agir sur la fermeture des massifs si le risque d’incendie est trop élevé. »
Tous les Gardois seront rapidement sous une chaleur difficile à vivre. D’ici à 2100, plus sept degrés à Marseille, plus quatre pour nous.
L’environnement
Le loup, l’aigle de Bonelli ou les chauves-souris sont des espèces protégées que l’on retrouve dans le département et qui font parler. Le loup a ses détracteurs et ses défenseurs. Le débat est épineux mais les enjeux sont réels. « Nous sommes avec les éleveurs quand ils ont des problèmes, nous les aidons et travaillons ensemble, également avec les chasseurs, sur ces questions. Le sanglier est un autre vrai problème dans le Gard qui a le tableau de chasse le plus important de France avec 30 000 à 50 000 chaque année ! C’est une plaie… », soupire Sébastien Ferra.
L’agriculture
C’est la DDTM qui paie les aides de la Politique agricole commune. C’est pour cela que vous voyez souvent les agriculteurs manifester devant le siège nîmois. « Il y a 3 500 Gardois qui perçoivent ces aides, mais nous nous occupons aussi de la compensation collective agricole qui vise à maintenir ou rétablir le potentiel économique agricole perdu. »

Pour assurer une forme d’autonomie alimentaire, il faut cultiver. Mais pour cultiver il faut des terres. La terre… Un bien qui se fait rare pour l’agriculture et rare pour l’urbanisme. La transition énergétique a alors tapé à la porte. Difficile de jongler. Mais la terre est nourricière. Jean-Emmanuel Bouchut explique : « Un agriculteur n’est pas en centre-ville, mais il y a un droit d’urbanisme, nous devons être vigilants. La récente convoitise de ces espaces sont les parcs photovoltaïques avec des projets de centrales au sol. Nous instruisons ces dossiers et la réglementation se durcit pour protéger les zones agricoles. »
L’habitat
C’est sur l’énorme sujet du renouvellement urbain que la DDTM poursuit son œuvre au cœur des quatre villes gardoises (et d’une partie de Saint-Gilles). Rien qu’à Nîmes, 500 millions d’euros sont mobilisés et financés à 32 % pour l’Agence du renouvellement urbain. « Nous intervenons également pour les travaux de rénovation énergétique, les travaux de mise en accessibilité, sur le mal logement et le logement insalubre. Nous accompagnons les collectivités et les bailleurs sociaux », ajoute Sébastien Ferra.
L’aménagement
C’est le cœur de métier de la DDTM. Le sujet rassemble tous les sujets abordés par ses services. Pour Jean-Emmanuel Bouchut : « C’est le respect des règles et des politiques publiques. Nous pouvons instruire des permis de construire ou encore intervenir dans la démolition de constructions illicites. Autre thème, le Fonds vert. Il peut aider quelques projets pour la transition écologique des communes. »

L’atlas départemental des territoires de la DDTM est d’ailleurs une mine d’informations de 70 pages ! Autre curiosité, les services s’occupent aussi des chutes de gros blocs de pierre. Une dernière ? Les ruisseaux couverts, des tunnels miniers, appelés ruisseaux couverts, abandonnés dans les années 1980 avec l’arrêt de leur utilisation, sont aujourd’hui en mauvais état et attirent la vigilance de la DDTM qui devrait financer quelques travaux d’urgence quand les sous arriveront…