Publié il y a 2 jours - Mise à jour le 06.03.2025 - Propos recueillis par François Desmeures - 11 min  - vu 1635 fois

L'INTERVIEW Geneviève Blanc, maire d'Anduze : "La maison Bellot, une des clés de la revitalisation du centre ancien"

Geneviève Blanc est maire d'Anduze depuis mai 2020

- François Desmeures

La municipalité de la maire, Geneviève Blanc, fait partie de celles qui ont débuté leur mandat en plein Covid. Élue en mars, elle n'a pu prendre ses fonctions que fin mai 2020. Cinq ans après, la majorité municipale affiche, dans son magazine, les réalisations effectuées. L'occasion de revenir, avec la maire, sur ces cinq années, les satisfactions et les modifications de projet, à un an des élections municipales. Entretien. 

Geneviève Blanc est maire d'Anduze depuis mai 2020 • François Desmeures

Objectif Gard : Dans le dernier numéro du journal municipal Le Petit Pélico, vous livrez le bilan de 5 ans de mandat de votre équipe. En 2020, en prenant la mairie, quelles étaient vos priorités ?

Geneviève Blanc : Ce qui a été compliqué, c'est qu'on est arrivé en plein Covid. La priorité imposée était de remettre en route la ville, d'une certaine façon : en commençant par les marchés du jeudi, voir comment les faire, rouvrir les écoles, etc. Dans la foulée, on a voulu - pour faire du bien à tout le monde - organiser une fête de la musique, déambulatoire. C'étaient les premières semaines... Mais celles-ci ont duré presque un an, puisqu'il y a eu un deuxième confinement. Ce fut un début de mandat compliqué. Ceci dit, on a quand même lancé pas mal de projets parce que six ans, c'est court. Dont le plan local d'urbanisme, qui nous a demandé beaucoup de travail sur trois ans, avec l'objectif de moins consommer d'espace qu'auparavant - ce qui est aussi une commande publique. Il fallait diviser par deux la surface qui avait été bâtie dans les six dernières annéess, tout en réfléchissant aux manières d'habiter, à l'avenir, à Anduze. Sachant que la maison individuelle, avec 2 000 m2 autour, ce n'est plus le modèle qui va perdurer. Donc, comment faire pour vivre bien, malgré tout ? Le PLU a finalement été voté en février 2024, en trois ans et demi, ce qui n'est pas beaucoup, étant donné les enjeux sur la commune. Et on a lancé les projets d'investissement, en recherchant les aides pour les mener.

Quel a été le premier investissement concret, visible ?

La première réalisation a été le city-stade, qui était fortement demandé par les jeunes de la commune. Il a fallu trouver un lieu parce que, forcément, on dérange toujours quelqu'un ou quelque chose, puis réorganiser la desserte des bus pour le collège. On peut en être fiers parce qu'il est beau et tout le temps occupé. Ensuite, on a assez vite restauré le Mille Club et terminé la scène couverte qui peut servir de loge pour les artistes. Et puis, le gros morceau, qu'on a rapidement attaqué, ç'a été le gymnase, inauguré l'année dernière, complètement réhabilité avec production d'énergie solaire et un gain énergétique de 110 %, ce qui fait qu'on a été bien financé par les fonds verts de l'État et du Département. 

"Répondre aux besoins de la population en se plaçant dans une perspective de transition énergétique et écologique"

Vous souhaitiez, dès votre arrivée, donner une inclinaison en faveur de la politique environnementale dans la commune ?

Partir des besoins de la population et répondre à ces besoins, en se plaçant dans une perspective de transition énergétique et écologique, c'était notre but. C'est comme cela qu'on a pensé la réhabilitation du gymnase. Ou bien encore celle de la cour de l'école : il fallait la refaire mais, entre remettre du goudron et faire ce qu'on a fait, il y a une grosse différence. On a développé un peu le concept de cour "oasis", avec des espaces différenciés qui sont appropriés par les élèves, des jeux supplémentaires que le seul panier de basket qu'il y avait auparavant, des carrés potagers, plus de végétation, et une désimperméabilisation des sols, quand on peut. Idem pour la remise aux normes de la crèche, c'était un besoin, mais on l'a faite en se demandant comment on allait protéger les enfants un peu plus de la chaleur. On a aussi commencé les aménagements de sécurité des entrées de ville, et essayé de faciliter la pratique du vélo : on me disait, lors du précédent mandat, qu'il n'y avait que deux vélos dans Anduze, dont le mien. Force est de constater qu'il y en a un peu plus aujourd'hui... Dès qu'on a mis des arceaux à vélos sur le Plan de Brie, ils ont été pleins. Et la sécurité des déplacements, à vélo, nécessite qu'on aménage les entrées de ville. Cela concerne aussi comment on va se déplacer demain. 

La cour de l'école André-Clavel • François Desmeures

Récemment, une lettre signée d'un "collectif PLU Anduze" a été distribuée dans les boîtes aux lettres de la commune, sans qu'on sache réellement de qui il s'agit. Ces opposants vous reprochent de créer un programme de logements, alors que 300 seraient, selon le collectif, à réhabiliter en coeur de ville. Confirmez-vous ces chiffres, de votre côté, et que répondez-vous à ce reproche ?

Je ne sais pas d'où sortent ces chiffres, mais ce n'est finalement pas important que ce soit 180 ou 280... Le constat est fait : il y a des logements vacants en ville, on est bien d'accord, ce qui est notamment compris dans la convention Petites villes de demain, dans l'ORT (opération de revitalisation de territoire) dont Anduze fait partie, et dans l'OPAH (opération programmée pour l'amélioration de l'habitat, NDLR). Oui, ce sont peut-être 300, ou 200 maintenant... Tout dépend de ce qu'on compte comme logement : une maison qui n'est plus habitée, à la rue Basse, on ne sait pas si d'un appartement, ça deviendra deux ou si, au contraire, on va en rassembler certains... Ces chiffres sont un peu sujet à caution. L'OPAH est sur la fin maintenant, mais on travaille à la prolonger parce que, étant donné le contexte du bâtiment, il est moins évident d'obtenir des réhabilitations qu'il y a cinq ou six ans. Le travail est en cours, il fait le poursuivre, bien sûr. Quant à la réhabilitation de 200 nouveaux, cela fait sans doute allusion au quartier de la Gare, mais qui est un projet à moyen et long terme (relire ici), étalé dans le temps. Ce ne sont pas 200 mais 110 logements qui sont prévus là-bas. D'un coup, ça n'aurait pas de sens. L'idée est de faire les choses progressivement et, justement, de prévoir les besoins. On est presque en retard parce qu'il y a déjà des personnes âgées, par exemple, qui ont des villas au Poulverel ou au Plan des Môles, qui souhaiteraient que le projet soit plus avancé parce qu'ils aimeraient bien vendre leur villa pour acheter un appartement. Car il y aura de l'accession à la propriété et du logement abordable. Là-bas, on veut une gamme de toutes les façons de se loger, hors château ou grande villa avec piscine. Il y aura les 30 % de logement social et le reste sera, si possible, abordable. Des couples veulent ce genre de bien pour pouvoir rester à Anduze.

"Le quartier de la gare, c'est la seule réserve foncière de cinq hectares de la commune qui n'est pas inondable"

Avez-vous une idée de quand pourraient démarrer les travaux ?

Il y a une réalité, que ceux qui ont rédigé le tract savent également : il y a de l'emprise publique et de l'emprise privée - un peu - sur le site. Il faut loger ailleurs les ateliers municipaux, ce n'est pas fait. Et les bâtiments des routes du Conseil départemental, qui ne déménageront à Bagard qu'en 2027. Le changement sera donc progressif, on en est au stockage de foncier, il ne se passera rien avant 2027, voire 2028. Mais ce n'est pas "le projet de Geneviève Blanc". Il s'impose un peu à la réalité anduzienne, car c'est la seule réserve foncière de cinq hectares de la commune qui n'est pas inondable, déjà imperméabilisée, sans impact environnemental. Mais les enjeux sont grands pour le réussir en termes paysagers, d'entrée de ville et de vie de quartier. La réhabilitation de la maison du garde-barrière, avec des activités de pleine nature, et l'arrivée de la voie verte, donnent déjà le ton. Ce sera certainement l'enjeu des prochaines municipales mais je pense qu'il est irresponsable de dire "on va faire comme avant". Quand on creuse, l'opposition souhaite continuer à faire des lotissements, comme ça se faisait auparavant, ce qui aboutit à quelque chose de négatif en matière de cadre de vie et de lien social. 

La maison Bellot, future médiathèque d'Anduze • François Desmeures

La cession des Jardins de la filature doit être votée ce soir, en conseil municipal. Le collectif PLU Anduze vous accuse de placer le parc "en zone constructible", et de renoncer au projet associatif et de santé dans les locaux. Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis et que doit devenir l'ensemble ?

Au début, on s'était dit "pourquoi pas en faire un lieu de projet ?" On a fait réaliser un audit patrimonial, avec l'intention d'y implanter, notamment, un centre médical, tout en gardant des espaces associatifs. Sauf que l'audit a fait ressortir que tout garder était suicidaire au niveau financier : c'est conçu comme un hôpital, donc il faut tout refaire, même si le bâtiment est sain. Mais le découpage, la conception, rien n'était opérationnel. L'audit a conclu qu'il fallait vendre. On a donc voulu vendre par lots aux grosses associations qui étaient demandeuses, en gardant une aile pour le volet médical. Mais l'ANCA (Angéline Cavalier association) et la Clède se sont finalement désistées car ce n'était pas assez fonctionnel et les travaux étaient trop lourds. On a donc mis à la vente dans les agences. 

"Quand on a l'opportunité de faire des logements sociaux, il faut les faire avant qu'on nous les impose, en maîtrisant"

Tout en gardant une aile du bâtiment pour le médical ?

On a bien essayé mais toutes les offres que nous avons reçues l'ont été pour la globalité. Personne ne voulait acheter qu'une partie. On imaginera le reste ailleurs. Il y a eu un premier compromis de vente, mais on n'est pas allé au bout, ce n'était pas quelqu'un de sérieux. Ce soir, on va voter la possibilité d'un compromis avec Immoconcept, c'est-à-dire la même société avec laquelle la municipalité précédente avait réalisé l'opération Charles-Gide. Et le bâtiment doit être, ensuite, racheté par Habitat du Gard, sous réserve que l'office HLM puisse le racheter l'année prochaine. Cette année, ils ne peuvent pas, avec la conjoncture et les six millions d'euros que leur a pris l'État. Mais Anduze fait partie des projets retenus pour l'avenir. Ils estiment que Charles-Gide a été une belle opération en matière d'architecture - les goûts et couleurs ne se discutent pas (sourire).

Les logements sociaux de l'ensemble Charles-Gide • François Desmeures

Le bâtiment n'avait pas vos faveurs...

Je rappelle qu'à l'origine, le projet était un énorme rectangle au lieu des deux actuels. C'est déjà assez imposant, alors avec les deux rectangles collés, ça aurait été énorme. On a réussi à faire changer leurs plans, en arrivant aux responsabilités, en insistant sur le fait d'avoir des appartements traversants pour ventiler en été, et avoir de la lumière en hiver, matin et soir. L'idée est de faire le même type d'opération aux Jardins de la filature, d'une quarantaine de logements. On ne peut pas ajouter un étage et, au rez-de-chaussée, il ne peut pas y avoir de logement en raison de l'inondabilité. Ce sera des caves. Effectivement, on peut ne pas être d'accord pour faire du logement là-bas. Mais pour faire quoi ? Et maintenir le bâtiment comment ? Je veux bien qu'on m'explique. De plus, on attend les chiffres du recensement, mais on est très proche des 3 500 habitants (*). Il faut donc anticiper, les logements ne se font pas en claquant des doigts. Quand on a l'opportunité de faire des logements sociaux, il faut les faire avant qu'on nous les impose, en maîtrisant. C'est bien pour tout le monde. Il y a beaucoup de gens, qui ont une activité à Anduze, qui souhaiteraient s'y loger. 

"À la maison Bellot, l'extension qui faisait problème ne fait plus partie du projet"

Et que devient le parc ?

On va évidemment le garder. La polémique vient du fait qu'il y a eu une confusion, sur le PLU : contrairement à ce qu'on avait suggéré, la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer) a mis ce parc dans l'enveloppe urbaine. Par définition, l'enveloppe urbaine est constructible, sauf en cas de contre-indication. Et, ici, la contre-indication majeure est que c'est fortement inondable. Donc, aucune construction majeure ne peut être faite. Et comme Habitat du Gard n'est pas intéressé par le parc, c'est nous qui allons le récupérer. Le parc sera exclu de la cession, mis à part les espaces nécessaires au parking, qui sont obligatoires. 

La séparation entre les deux bâtiments, négociée avec Habitat du Gard • François Desmeures

Où en est le projet de médiathèque à la maison Bellot et est-il vrai que sa cour doit accueillir une construction ?

Au niveau de l'appel d'offres des entreprises, l'extension qui posait problème ne fait plus partie du projet. Elle est encore inscrite sur le projet car nous n'avons pas encore fait le permis modificatif. On veut d'abord tout caler avec les financeurs. Entretemps, on a connu la flambée des prix et notre plan de financement initial aurait été un peu juste pour une extension. Financièrement, ca nous arrange et ça plaît davantage aux Anduziens, et à moi aussi, au passage. On a donc bien pris en compte cette remontée, qu'on comprend. Le projet avait été validé par l'architecte des Bâtiments de France mais on peut facilement s'en défaire. 

Au sein de l'agglo d'Alès, notre position, c'est de faire reconnaître Anduze comme une centralité"

Quels sont les rapports d'Anduze avec Alès Agglomération ? Le collectif PLU Anduze estime que la commune est "mise au ban"...

Je pense qu'on est respecté. On a fait ensemble les travaux du temple, même si l'accord avait été passé avec la précédente municipalité mais rien n'avait démarré. On va refaire la zone d'activités de Labahou, et j'avoue que je ne comprends toujours pas que cela n'ait pas été négocié en 2012 quand la municipalité a décidé de rejoindre l'agglo d'Alès. Quand j'étais vice-présidente de la communauté de communes Autour d'Anduze, le retoilettage de la zone d'activités était déjà un projet. Et rien n'a bougé. Comme les activités sont d'intérêt intercommunal, on a demandé un fonds de concours à l'agglomération, qui nous a été accordé. On va le faire cette année. Si on était au ban de l'agglo, elle n'était pas obligée de nous aider. On est respecté, tout en faisant savoir que nous ne sommes pas les vallées d'Alès. Et on n'a pas besoin de ça pour être respectés. Notre position, c'est de faire reconnaître Anduze comme une centralité. C'est ce qu'on fait valoir lors des réunions du SCOT, avec les communes rurales, afin de reconnaître les bassins de vie autour des centralités. 

"J'espère pouvoir être candidate en 2026"

Il vous reste un an de mandat. Quelles sont les priorités de cette dernière année ?

Il reste beaucoup de choses à faire, dont certaines à différer sur un éventuel mandat futur, comme le quartier de la gare. La mise en route du chantier de Bellot reste la priorité. Il a été retardé d'un an parce qu'après la dissolution de l'Assemblée nationale, notre dossier a été perdu dans les services de l'État. Et il a été débloqué le 24 décembre... Je n'ai pas voulu engager les travaux sans certitude de financement. Désormais, on peut le faire. On commencera à la fin de l'année. Je crois fermement, avec les autres institutions - car c'est un des projets centraux de l'ORT et de Petites villes de demain - que c'est le projet phare du mandat parce que c'est un des clés de la revitalisation du centre ancien. Il doit y avoir des conséquences économiques à ce projet et il y en a déjà : le petit salon de thé à côté attend que ça arrive ; un boulanger vient de s'installer et ce n'est pas étranger au projet. On espère être là pour mettre en oeuvre la vie qui doit aller dans la maison... On construit actuellement le budget et on espère aussi pouvoir faire la place de la tour Pezene. On attend de voir les dotations qu'on aura avant de s'engager. On espère aussi mieux sécuriser les entrées de ville. Et j'espère pouvoir être candidate en 2026. J'ai un peu d'heure de vol en politique et les temps administratifs et insitutionnels sont tellement longs, que deux mandats, c'est bien pour faire aboutir ce qu'on a commencé au premier. Je ne dis pas que je n'ai pas des idées pour trois ou quatre mandats (rires), mais je pense qu'il faut aussi savoir passer le relais. 

La tour Pezene de la place éponyme • François Desmeures

(*) Selon l'article 55 de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain, les communes de plus de 3 500 habitants, situées dans les agglomérations et les EPCI de plus de 50 000 habitants et comprenant au moins une commune de 15 000 habitants, doivent disposer d'un parc de résidences principales comptant au moins 25 % de logements locatifs sociaux (LLS)

Propos recueillis par François Desmeures

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