L'INTERVIEW Lionel André, maire de Thoiras-Corbès : "Une fusion communale pour l'intérêt général, pas pour se faire plaisir"
Ce lundi soir, le premier conseil municipal de la commune nouvelle, Thoiras-Corbès a élu son maire, en l'occurrence Lionel André, ancien maire de la seule Thoiras. L'ancienne maire de Corbès, Monique Crespon-Lhérisson reste, pour l'instant, maire déléguée. La fusion des deux communes est effective depuis le 1er janvier. Envisagée à cinq au départ, le mariage n'a finalement eu lieu qu'à deux. Une liste commune réunissant les deux maires devrait se présenter lors des municipales de 2026.
Objectif Gard : Pour vous, quel était intérêt de mener une fusion entre votre commune, Thoiras, et Corbès ?
Lionel André : De mutualiser, toujours pour des questions de budget, puisque nos budgets sont de plus en plus serrés. Du point de vue du personnel, de l'informatique, des contrats d'assurance, etc. Cela nous permet aussi de bénéficier d'une dotation plus importante de la part de l'État, puisqu'il favorise les fusions. Et puis - je l'ai souvent dit mais je crois que c'est quand même vrai - au bout du fil, on va y arriver, même si nous ne prenons pas nous-mêmes la décision. On le sent trop venir. Quand on voit que les syndicats des eaux passent aux communautés de communes, on comprend que l'État veut supprimer une strate administrative. Pour nos administrés, je pense que ce sera un plus, notamment si on apporte plus de services. Nos "collègues", avec qui on s'est marié, n'avaient pas de service technique, par exemple.
La commune nouvelle compte combien de personnel communal, désormais ?
On doit tourner à une dizaine, avec la secrétaire de Corbès et nos neuf employés.
Dans ces conditions, Thoiras n'absorbe pas Corbès ?
Non, pas du tout. C'est ce que j'ai dit à Corbès, je les ai mis à l'aise. On est là pour apporter un plus, dialoguer, discuter. Un exemple tout bête : ce lundi, lors du conseil municipal, toutes les délibérations ont été votées à l'unanimité.
"Finalement, quand on a appris que Sainte-Croix ne venait pas, ça a tout apaisé dans nos communes respectives"
Sainte-Croix-de-Carderle a décidé de jeter l'éponge de la fusion en cours d'année, est-ce que cela aurait pu remettre le projet en cause ?
Non. Au départ, on devait même partir à cinq communes, avec Vabres et Saint-Bonnet-de-Salendrinque. Eux ont interrogé leur conseil municipal, qui n'étaient pas favorable, et ils ont arrêté tout de suite. Et Sainte-Croix, d'après ce que disait le maire (Ludovic Mourgues, démissionnaire depuis, NDLR), ils allaient arriver à comprendre... Mais on sentait qu'il y avait un petit doute, une petite réticence. Quand chaque conseil a délibéré, le maire de Sante-Croix s'est trouvé en ballottage, avec seulement une voix pour la fusion qui dominait une grosse abstention. On l'a incité à recommencer le vote, parce que les abstentions, c'était en fait des votes contre. Si la commune entrait en charriant une opposition, ça n'allait pas le faire ! Il a donc refait un vote et les "contre" se sont révélés. Et il a démissionné. En même temps, à chaque réunion d'information revenait sur le tapis : "Et pourquoi Sainte-Croix-de-Caderle ?" Parce que les gens d'ici voient la commune plus isolée. J'ai même demandé à certains s'ils s'étaient fait virer des champignons là-bas... (rires) Finalement, quand on a appris que Sainte-Croix ne venait pas, ça a tout apaisé dans nos communes respectives.
Une opposition s'était montée contre la fusion, ou du moins souhaitait que ce soit l'objet d'une discussion à l'occasion des municipales (relire ici). Est-ce que vous comprenez que cette fusion ait pu créer des craintes dans la population, notamment corbésienne ?
De la concertation - on peut dire tout ce qu'on veut - mais il y a eu des réunions publiques. On en a fait chacun quelques-unes. On a expliqué tout ce qu'on avait à dire, que c'était pour l'intérêt général, pas pour se faire plaisir. Les choses sont vite déformées quand vous avez une opposition dans la commune.
"Vabres, Saint-Bonnet, Sainte-Croix... C'est une logique et une continuité"
Et vous avez pensé attendre les prochaines élections pour que ce soit un enjeu de celles-ci ?
Cela nous a été reproché, effectivement, de vouloir faire la fusion tout de suite. Mais ça fait quelques temps qu'on en parle, à chaque mandat le sujet revient ; on recule, on recule, pour atendre les prochaines échéances électorales. Alors, j'ai dit : "Maintenant, les enfants, il faut se réveiller un peu, il faut y aller, quoi."
Est-ce que la porte reste ouverte pour Sainte-Croix ou Vabres, s'ils venaient à changer d'avis ?
Tout à fait. Quand tout sera bien rodé, on ne pourra refuser personne. Vabres, Saint-Bonnet, Sainte-Croix... C'est une logique et une continuité.
Vous avez donc été élu maire de la nouvelle entité...
Le principe, c'est que chaque commune garde son maire délégué. Puis, un maire chapeaute. On est une équipe municipale de vingt : nos onze conseillers et les neuf de Corbès. En 2026, on passera à dix-neuf conseillers. Puis, à quinze lors des municipales suivantes.
Comptez-vous faire liste commune avec Monique Crespon-Lhérisson lors des prochaines municipales ?
Bien sûr, c'est un peu obligatoire. Il n'y a pas de souci entre nous. On aura des réflexions, il y en a toujours. Mais on ne va pas mettre la pagaille.
Les voeux de la nouvelle commune et équipe municipale auront lieu vendredi 17 janvier, à 19h, à la salle Pellegrine de Thoiras