NÎMES Collèges, lycées : plutôt que l'exclusion, place aux mesures de responsabilisation
Ce mercredi, l'Éducation nationale et la police nationale ont reconduit leur partenariat dans le cadre des mesures de responsabilisation. Il s'agit d'une alternative à l'exclusion des élèves dans le second degré. Ainsi, l'élève va devoir réaliser un certain nombre d'activités pendant 20 heures pour réparer l'acte qu'il a commis.
Depuis 2017 dans le Gard, une convention lie l'Éducation nationale et la police nationale concernant les mesures de responsabilisation. Il s'agit d'une alternative à l’exclusion scolaire qui a pour objectif de faire participer les élèves, en dehors des heures d'enseignement, à des activités de solidarité, culturelles ou de formation à des fins éducatives. Ces mesures sont mises en place pour éviter un processus de déscolarisation tout en permettant aux élèves de conduire une réflexion sur la portée de leur acte, tant à l’égard de la victime que de la communauté éducative. Concrètement, plutôt que d'être renvoyé temporairement pour s'être battu, avoir dégradé du matériel ou agressé verbalement un professeur, le collégien ou le lycéen va devoir passer 20 heures dans différents lieux pour prendre conscience de son acte et des conséquences que cela entraîne sur les autres.
Les faits les plus graves font l'objet de sanctions plus adaptées et n'entrent pas dans ce dispositif. Sur l'année 2018-2019, 37 élèves ont bénéficié de ces mesures contre seulement 22 et 18 les deux années suivantes en raison de la pandémie. Jugée comme une réussite par l'Éducation nationale et la police nationale, une nouvelle convention vient d'être signée avec l'arrivée d'un nouvel acteur : le CPCJ, le Centre de prévention et de citoyenneté jeunesse de la police nationale du Gard. Une mobilisation pour faire de la prévention et empêcher que ces jeunes commettent ensuite des délits plutôt que de passer par la répression avec l'exclusion de l'établissement comme c'était le cas auparavant. "L'école aujourd'hui doit aussi résoudre les difficultés qui apparaissent dans les familles. L'enseignant ne peut pas tout faire. Face à ce phénomène sociétal, on apporte des réponses concrètes aux familles qui appellent au secours", précise Philippe Maheu, directeur académique des services de l'Éducation nationale dans le Gard (interview vidéo à retrouver ci-dessous).
Ainsi, pendant quatre mercredis après-midi, par groupe de six, les élèves sont accompagnés par un policier et un membre de l'Éducation nationale. Au préalable, une convention individuelle est signée avec le responsable légal de l'enfant et l'élève lui-même, à titre symbolique. "C'est une manière de reconnaître sa faute et de s'engager à s'améliorer", résume un policier impliqué dans cette action. Le premier mercredi débute par une visite à l'école nationale de police de Nîmes avec l'apprentissage de la marche en ordre serrée et un travail sur la posture et la présentation. Apprendre aussi à respecter les consignes avec un passage sur le parcours d'obstacles. L'opération rédemption se poursuit au tribunal de grande instance de Nîmes pour assister à une audience du tribunal correctionnel et pouvoir faire le rapprochement avec un véritable rappel à la loi.
Place ensuite à une action citoyenne comme, par exemple, le ramassage de détritus au parc de la Bastide. Enfin, le dernier mercredi est consacré à une rencontre avec les médiateurs de la société de transport Transdev pour être sensibilisé aux mauvais comportements constatés dans les bus. Les jeunes simulent eux-mêmes des situations. Une fois les heures terminées, un bilan est réalisé au sein de l'établissement. "C'est prendre conscience qu'il est inscrit dans une société, qu'il n'est pas tout seul et qu'un certain nombre de règles s'imposent à lui", résume le Dasen du Gard. Pour Jean-Pierre Sola, directeur départemental de la sécurité publique du Gard, c'est un outil complémentaire : "On vient amarrer l'action du CPCJ à notre action quotidienne." Un dispositif salué pour son taux de récidive très bas.
Corentin Corger