Publié il y a 3 h - Mise à jour le 25.02.2025 - Coralie Mollaret - 4 min  - vu 280 fois

FAIT DU SOIR L’élu nîmois Jean-Marc Campello : « Mon truc c’est la technique, pas les grands discours ! »

Jean-Marc Campello, élu de la ville de Nîmes et vice-président aux transports à Nîmes métropole

Jean-Marc Campello, élu de la ville de Nîmes et vice-président aux transports à Nîmes métropole

Le chef d’entreprise a été élu dans l’équipe de Jean-Paul Fournier aux dernières municipales. Sans expérience politique, il s’est vu confier le gros portefeuille des transports à l’Agglo. Son franc-parler et son approche peu conventionnelle de la politique dénotent. Qui est vraiment Jean-Marc Campello ? 

Objectif Gard : Vous avez fait « irruption » en politique. Racontez-nous votre intégration dans la liste de Jean-Paul Fournier ?

Jean-Marc Campello : Je connaissais beaucoup de monde et le rôle des institutions grâce à mes fonctions. J’ai été vice-président de la FFB (Fédération française du bâtiment) et de la Chambre des métiers. Pendant la dernière campagne municipale, j’ai croisé le maire, Jean-Paul Fournier. Moi, je suis plutôt à Droite. Je me suis dit que ça pourrait être sympa de faire de la politique… Jean-Paul Fournier m’a alors dit de lui envoyer une lettre de motivation. C’est comme ça que j’ai intégré sa liste.

« J’ai toujours eu l’envie de travailler pour gagner des ronds »

Pour cette première expérience, vous occupez une grosse délégation à Nîmes Métropole : les transports.

J’ai dit à Franck Proust : « Où tu veux me tuer, ou tu me fais vraiment confiance » (rires) ! Honnêtement, je ne savais pas ce que c’était d’être vice-président aux transports, ni le travail que ça représentait. Alors, j’ai pris des notes, j’ai fait des classeurs… En plus, j’ai toujours mon activité de chef d’entreprise. En réunion, je leur dis : « J’ai une heure, faut pas ranconner ! »

Votre manière d’être dénote dans le paysage politique nîmois. Vous êtes un peu « nature-peinture ». 

Moi, je suis naturel. Je ne me prends pas pour ce que je ne suis pas ! Si on triche, ça te revient dans la tronche. Je ne sais pas bien écrire, ni parler anglais… Mon truc, c’est plus la technique que les grands discours. D'ailleurs à l'Agglo, c'est toujours moi qui arrive à la dernière réunion pour négocier les prix. 

Comment ça, vous ne savez pas bien écrire…

J’ai arrêté le collège à 14 ans à Condorcet. J’ai bossé chez Tissot comme apprenti électricien. J’ai dû faire une école de transition jusqu’à mes 16 ans pour obtenir le statut d’apprenti. Après, je suis parti à l’armée de l’air de Narbonne. Ensuite, j’ai travaillé chez le concessionnaire Manitou. J’ai été magasinier de pièces détachées, puis chef de dépôt. Je suis passé vendeur, puis directeur de concession. Je vendais des grosses machines. J’ai toujours eu l’envie de gravir les échelons pour gagner des ronds.

Quand avez-vous décidé de monter votre entreprise ?

Au bout de 30 ans, je commençais à être un peu vieux par rapport aux nouvelles méthodes. Je n’étais plus vraiment dans le coup avec les ordinateurs et les réunions à foison… Je gagnais bien ma vie. Comme mon patron voulait encore me garder, j’ai décidé de monter ma boîte à côté. J’avais trois salariés. Aujourd'hui, j'en ai 30. Puis, quand il a voulu me laisser partir, je me suis entièrement consacré à ma société, Ck Elec.

« La délégation des transports, c’est un mi-temps ! » 

Revenons sur les transports, que représente cette délégation ?

Franchement, c’est un mi-temps pour moi ! Je me lève tous les matins à 5 heures et je rentre à 22 heures. Le budget de cette délégation est de 74 M€, dont 53 M€ versés à notre délégataire, Kéolis, et 10 M€ d’investissements en moyenne. Ce qu’il faut savoir aujourd’hui, c’est que 18 M€ sont ponctionnés du budget principal vers le budget transport pour l’équilibrer. Si on ne tape pas dans la caisse, on n’avance pas.

Quels sont les investissements prévus en 2025 ?

Environ 12 M€. Sur le mandat, ça représente 34 M€. Nous allons commander neuf minibus électriques et trois pour les personnes à mobilité réduite. Cinq BHNS (Bus à haut niveau de service) électriques viendront remplacer ceux au gasoil de la ligne 1. C’est quand même 800 000 € l’unité. Nous en prendrons cinq autres pour les lignes T2, T3, T4 et T5. Nous allons également refaire l’intégralité de la signalétique, l’information voyageur et remplacer le système dans les bus pour permettre le paiement par carte bleue. Cela coûtera 1,8 M€. Nous avons tout de même 240 véhicules.

Jean-Marc Campello, élu de la ville de Nîmes et vice-président aux transports à Nîmes métropole
Jean-Marc Campello, élu de la ville de Nîmes et vice-président aux transports à Nîmes métropole

Un mot sur la gratuité des transports. Vous y êtes farouchement opposé.

Un franc, c’est un franc ! Le coût serait de 14 M€. Il y a déjà la perte de 7 M€ de recettes commerciales. Ensuite, notre régime fiscal changerait avec une hausse du taux de TVA puisque nous ne serions plus collecteurs de recettes, ce qui ferait 5 M€. Et puis, si on rend tout gratuit, il faudra augmenter l’offre, les investissements… Au total, 14 M de personnes transportées en 2023, soit une progression de 3%, dont 73% en urbain et 27% en périurbain. Ce n’est pas avec le parc délabré laissé par Yvan Lachaud (ex-président de Nîmes Métropole, ndlr) qu’on va y arriver…

Vous avez parlé de vos talents de négociateur. Comment se sont-ils illustrés au cours de ce mandat ?

Avant, pour l’achat des bus, on passait par la centrale d’achat Ugap. C’est fini. Ils prenaient 2,5 % du montant de la commande en frais. Si tu commandes pour 8 M€ de matériel, ça fait 200 000 €. Maintenant, on passe par la CATP, qui prend 1 %. Certes, il faut plus de temps pour monter les dossiers, mais c’est beaucoup moins cher.

« Jean-Paul Fournier m’aime bien parce que je ne l’emmerde pas !»

Un mot sur les vélos avec la mise en place des vélos en libre-service. À titre personnel, vous préférez l’appellation "NemoVélo", d’ailleurs !

(Rires) Déjà, l’Agglo a pris la compétence des pistes cyclables et des voies vertes : 600 000 € par an. On compte réaliser 130 km de pistes avec la Région et le Département d’ici 2030. Il faut savoir qu’un km de piste, c’est déjà 250 000€. Quant aux vélos en libre service, nous allons les présenter officiellement le 30 avril, avec les stations, réparties dans la ville, mais aussi toutes les pistes cyclables. Un village sera installé sur le parvis des Arènes avec des animations… J’ai eu l’autorisation du maire (sourire) !

D’ailleurs, quelles relations entretenez-vous avec le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, et Franck Proust, président LR de Nîmes Métropole ?

Jean-Paul Fournier, il m’aime bien parce que je ne l’emmerde pas ! On rigole bien ensemble. Pendant la campagne, c’était mon parrain. En tant que jeune candidat, c’était mon tuteur. On a bien accroché et nous sommes devenus copains. Ce n’est pas un secret, je le soutiens aux prochaines municipales. Je pense qu’il a une belle vision pour la ville, de l’expérience et du réseau. C’est important, parce que si tu ne connais personne, tu peux faire ce que tu veux avec tes dossiers de contournement ou ta troisième voie sous le bras, mais tu n’avanceras pas.

Coralie Mollaret

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