LE DOSSIER Municipales : promesses tenues ? Aéroport, gare TGV, vélos… Le bilan côté Nîmes métropole
Franck Proust pilote l’agglomération. Il gère les transports, la prévention des inondations et le développement économique.
TRANSPORTS
• Aéroport, développement nouvelles lignes grand public. Fait. Ryanair rallie Dublin depuis 2022, Porto depuis 2023. Fin mai, se rajouteront Ajaccio, Bastia et Nice qui permettra de rejoindre Milan.
• Gratuité des transports pour les plus de 65 ans, les demandeurs d’emploi, les moins de 18 ans et lors des pics de pollution. En partie. Car seuls les plus de 70 ans en bénéficient. « On pense que c’est de l’ordre de l’électoralisme », argumente Vincent Bouget.
• Déplacement de la gare de Saint-Césaire et réalisation de la troisième voie de la gare TGV à Nîmes centre. En attente du gouvernement. Ces projets sont intégrés au projet de Service express régional métropolitain déposé avec la Région et la métropole de Montpellier.
VÉLO
• Création de nouvelles pistes et d’un réseau de vélos publics électriques. En cours. Vincent Bouget juge le développement de pistes cyclables « faible ».
• Parkings relais. Franck Proust admet « un peu de retard ».
DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
• À Magna Porta, zone voisine de la gare TGV de Manduel, le programme voulait « recentrer l’ambition économique autour d’un projet de parc thématique créateur d’emplois, de formations et d’activités notamment en matière de recherche ». Rien pour l’instant. « Franck Proust a répété qu’il a des lettres d’engagement mais pour l’instant, il n’y a pas d’annonces », soulève Vincent Bouget.
• Asseoir la base de sécurité civile comme réelle base européenne. En cours. Ce hub est construit avec sept pays. Le président Macron, en visite à Garons en juin 2023, a réaffirmé l’ambition européenne du projet.
INONDATIONS
• Faire un Papi 3. Bien avancé.
Entretien avec Franck Proust président de Nîmes Métropole
« On a un an d’avance sur les travaux de lutte contre les inondations »
Objectif Gard le magazine : Dublin, Porto…Vous avez ouvert de nouvelles liaisons en 2022 et 2023. En octobre dernier, vous avez annoncé des lignes supplémentaires dont une vers Nice, qui est à 3h de route de Nîmes...
Franck Proust : L'Odyssey commercialise depuis le 21 décembre quatre lignes depuis Nîmes : Ajaccio, Bastia, Milan et Nice. Quand vous atterrissez à Nice, ce n’est pas la destination finale. À Nice ou Barcelone, c’est la notion de hub. Les gens pourront aller dans le monde entier et les touristes du monde entier pourront venir à Nîmes. On a développé deux lignes permanentes vers Dublin et Porto. Avant la fin de ce mandat, je souhaite développer une ligne vers l’Italie et vers l’Espagne. Niveau formation, on a fait venir Icare, Mermoz, Conair. On va bientôt inaugurer le B46, un bâtiment d’innovation et de recherche. L’objectif sur l’aéroport est plus que rempli.
Vous vouliez aussi faire venir des entreprises autour de l’aéroport.
On a acquis le foncier aéroportuaire qui appartenait à l’État, pour avoir le droit de construire 12 bâtiments bord de piste. On a aussi acheté 20 hectares au sud de la sécurité civile. On met tous les atouts en avant pour obtenir l’accueil des entreprises. Si les planètes sont alignées, nous pouvons avoir une réindustrialisation sur site de la conception ou de l’assemblage des bombardiers d’eau. Vu le réchauffement climatique, la demande ne peut qu’être exponentielle. Il y a un coup à jouer, on le joue de manière collective.
Allez-vous mettre en place un réseau de vélos publics électriques ?
On vient de recevoir les vélos. On va faire enfin entrer Nîmes dans le XXIe siècle avec un véritable Velib’. Il y aura 35 stations avec 5 à 10 vélos. Ce réseau sera lancé pour « Mai à vélo », si tout se passe bien. On a adopté un plan vélo. On travaille main dans la main avec le Département. Les premières pistes sont planifiées comme celle qui part de la Rouvière pour rejoindre la plateforme multimodale de Saint-Genies.
Cinq ans après l’ouverture de la gare TGV de Manduel, il n’y a aucune entreprise autour. Pourquoi ?
Quand j’ai été élu, la ZAC venait d’être créée. J’ai ouvert 60 hectares à la commercialisation. On est en phase de révision de PLU avec la ville de Manduel. Il sera terminé en septembre. Parallèlement, on a lancé un appel à projets. Le groupement NGE l’a remporté avec des entreprises que l’on devrait pouvoir annoncer en 2025. On devrait avoir de l’industrie, du tertiaire, de la santé, informatique… Tout ça devrait emmener entre 2 000 et 3 000 emplois.
Pourquoi ne pas avoir communiqué de noms sur les lettres d’intention que vous avez ?
Avant qu’une entreprise donne une signature définitive, elle a besoin de lisibilité. Or, tant que le PLU n’est pas adopté, on est incapable de leur dire quand ils pourront mettre une première pierre. On a aussi des contraintes environnementales. Pour que je commercialise 60 hectares, il a fallu trouver plus de 200 hectares de compensation. Tout cela prend du temps. On a raté deux boîtes de dimension européenne. Quand on leur dit qu’il ne pourra pas y avoir de pose de première pierre avant trois ans, ils nous disent qu’à Gérone, c’est possible en 15 mois.
Nîmes-Pont-du-Gard est à 14 km du centre-ville. Pour aller d’une gare à l’autre, les voyageurs peuvent emprunter la ligne TER Nîmes-Avignon. Il y a parfois plus d’une heure d’attente. Vous militiez pour une troisième voie pour pouvoir mettre en place des navettes…
C’est un combat que je mène. On avance, sauf que c’est l’État et la SNCF qui sont les décideurs. On l’a intégré au projet de Service express régional métropolitain (SERM) Montpellier-Nîmes. Ce projet prévoit le déplacement de la gare de Saint-Césaire pour en faire un pôle d’échange multimodal. Si le SERM est retenu, on pourra faire un mode de transport collectif Saint-Césaire/gare Feuchères/gare Pont-du-Gard. Dans le cas où le SERM ne se ferait pas, on a demandé à ce que le pôle multimodal de Saint-Césaire, soit inscrit dans le contrat de plan État-Région (CPER). Je vais aller voir le ministre des Transports d’ici peu sur ce sujet et sur le contournement Ouest de Nîmes.
Vous aviez promis la gratuité des transports pour les + de 65 ans, les demandeurs d’emploi, les - de 18 ans et lors des pics de pollution. Seuls les plus de 70 ans y ont droit.
Il y a aussi la gratuité pour les personnes handicapées, les demandeurs d’emploi et les policiers. On a mis des tarifs sociaux très attractifs. Je fais des navettes gratuites à certaines périodes. J’ai décidé de mettre en place la gratuité pour les plus de 70 ans car, à partir de cet âge, c’est parfois du transport subi. Vous ne pouvez pas avoir un service performant et gratuit. Les 8 à 9 millions de recettes, c’est ce qui me permet de renouveler ma flotte, d’avoir des véhicules propres. On a terminé la T2, développé la T3, la T4, la T5 qui arrive bientôt…
Un élève nîmois paie 70 euros par an pour faire, en semaine, les 3 km qui le séparent de son lycée. À l’inverse, un lycéen qui parcourt 38 km pour aller de son domicile à Sauve jusqu’à un lycée nîmois, ne paie rien car il dépend de Lio, le transport de la Région.
Pour 90 euros par an, les moins de 18 ans peuvent prendre le bus autant de fois qu’ils le souhaitent, même le week-end, ce qui n’est pas le cas avec la Région. J’ai annoncé cette gratuité en n’ayant pas le Covid, l’Ukraine, les contraintes financières de l’État... À un moment donné, vous ne pouvez pas investir sur des piliers comme le plan de protection des inondations, supporter l’investissement et donner tout gratuit. La gratuité est un concept complément dépassé. Depuis les restrictions budgétaires, tout le monde est là (il pointe son cou).
Vous aviez justement promis de faire un PAPI 3 contre les inondations. Où en-est-il ?
Malgré les difficultés financières, je n’ai pas voulu renier cette dépense. C’est un chantier énorme. On est à 126 millions d’euros. Je suis allé chercher à la force du poignet un financement d’État parce qu’on a utilisé la technique du tunnelier pour permettre à la SNCF et à l’armée de continuer à travailler. On va avoir un an d’avance sur le calendrier.
Vous êtes en charge du développement économique. Quel est votre bilan ?
Depuis 2020, si on calcule le solde net entre les disparitions et les créations d’emplois, on en est entre 1 800 et 2 000 emplois créés. On a revu la collecte des déchets ce qui nous permet de baisser la TEOM (taxe d'enlèvement des ordures ménagères) de 10 %. On a pris une agglo en difficulté financière. On était aux alentours de 12 années pour le remboursement de la dette. On s’est séparé de 80 collaborateurs sur 500. On a recentré l’agglo sur ses compétences. Aujourd’hui, on a voté un budget primitif, avec un taux ramené à 9,2 années. On est encore convalescent mais quand je vois d’où on est parti… Nous avons signé en décembre avec la banque européenne d’investissement. C’est un gage de bonne santé financière, en tout cas de confiance par rapport à une gestion.