FAIT DU JOUR À Nîmes, une nouvelle directrice pour une prison toujours surpeuplée
La situation reste extrêmement tendue à la prison de Nîmes et, plus largement, dans les établissements pénitentiaires d'Occitanie. À l'occasion de l'installation de la nouvelle directrice, Catherine Gay-Giat, la question de la surpopulation carcérale a de nouveau été soulevée.
Les fonctionnaires d'État ont souvent des discours aseptisés, alignés sur la politique gouvernementale. Pourtant, ce matin, le directeur interrégional des services pénitentiaires de Toulouse, Stéphane Gély, a surpris plus d'un en affirmant : « La surpopulation pénale remet en cause le sens même de la peine. » Si la prison a pour vocation de punir, elle doit aussi permettre la réinsertion des condamnés dans la société afin de prévenir la récidive. Son affirmation, véritable cri d'alerte, a été prononcée lors de la cérémonie très officielle d'installation de la nouvelle directrice de la prison de Nîmes, Catherine Gay-Giat.
Nîmes : 200 places pour 400 détenus
En poste depuis le 1ᵉʳ décembre, la nouvelle directrice s’est familiarisée avec les conditions de détention difficiles à Nîmes : 200 places pour plus de 400 détenus. Dans le secteur de détention des hommes, entre 80 et 100 matelas sont installés au sol. « Cette situation est comparable à celle de Perpignan, où hier, il ne restait que trois matelas disponibles pour les écrous », a précisé le directeur devant l’administration judiciaire présente lors de la cérémonie. L'exemple de Nîmes illustre une réalité régionale préoccupante : 17 000 détenus pour seulement 4 800 places disponibles.
« La tâche est donc dense et complexe », a-t-il lancé à Catherine Gay-Giat, avec qui il a partagé la même promotion à l'ENA (École nationale d'administration) en 1991, parmi les élèves sous-directeurs des services déconcentrés de l’administration. La principale intéressée n’a pas souhaité répondre aux questions de la presse. Selon son CV, bien que la pénitentiaire soit le fil conducteur de sa carrière professionnelle (Loos-les-Lille, Salon-de-Provence), Catherine Gay-Giat l’a enrichie de plusieurs expériences complémentaires : la formation pour adultes au sein de l’Éducation nationale et la politique d’insertion et de probation aux Baumettes à Marseille.
Extension de la prison : entre espoir et crainte
Sous le regard de sa sœur et de ses parents, Catherine Gay-Giat a pris ses fonctions à la tête de la maison d'arrêt de Nîmes. Dans cet établissement, les peines de prison n'excèdent généralement pas les deux ans. Sous sa direction, elle supervise désormais 166 personnels. « La prison de Nîmes a été mise en service en 1974, après la fermeture de la maison centrale, où le surveillant Marius Albe a été assassiné, victime d’un coup de ciseau porté par un détenu », a rappelé le directeur interrégional. Une gerbe a d’ailleurs été déposée sous la plaque commémorative de son décès.
Cette année, une quarantaine de surveillants sera recrutée pour assurer la mise en service de l’extension de la prison. Un projet longtemps porté par l’ancienne députée nîmoise Françoise Dumas. Le nouveau bâtiment permettra de créer 120 places supplémentaires. Lors de l’apéritif suivant la cérémonie, l’administration pénitentiaire et l’autorité judiciaire ont échangé sur le sujet. « L’idée de cette extension est avant tout d’améliorer les conditions de détention, et non que le tribunal nous envoie encore plus de détenus », redoute un commandant. Un surveillant ajoute, plein de bon sens : « Après, s’il y a des détenus, c’est que les gens font des conneries. »
Vers la création d'une deuxième prison
Au-delà de l’extension, Nîmes devra prochainement bénéficier d’une deuxième prison sur l’ancienne base d’Oc’via. Un projet là aussi porté par Françoise Dumas qui devrait voir le jour en 2027. Les délais seront-ils tenus ? Après des litiges avec Nîmes métropole sur la part de foncier à réservé à l’activité économique, l’État craint aussi les recours de particulier qui retarderaient le projet. Comme si parfois, ce petit monde interdépendant vivait en parfaite inertie.