NÎMES Trois fontaines et un saint
Un événement marquant de la vie de la cité et un sanctuaire dédié au premier martyr local… Voici les trois fontaines et saint Baudile.
Il existe à Nîmes plusieurs lieux qui évoquent ce nom un peu mystérieux de Baudile. Toujours précédée par « saint » ce nom a des aspects religieux. Une église (les Carmes) et un cimetière viennent immédiatement en tête. Mais existe-t-il une autre trace de cet homme ?
« Le culte de saint Bausile (saint Baudile), effacé à demi par le temps, par nos discordes civiles et religieuses, n'a jamais été entièrement interrompu. Le premier dimanche de l'octave qui suit la fête de l'Avent, les fidèles de la paroisse se rendent aux Trois Fontaines pour y puiser de l'eau et adresser à Dieu des prières, afin de se préparer à la fête de Noël. Au moment où je trace ces lignes, la foule se porte aux Trois Fontaines. On a dressé, sous la modeste voûte qui couvre les eaux, un autel provisoire et l'on se dispose à y élever une chapelle » rappelait Auguste Pelet en 1864.
Saint Baudile ? Les trois fontaines ? Noël ?
Sur le site Nemausis tenu par le regretté Georges Mathon, « Les souvenirs que nous avons recueillis à travers les siècles, les lieux qu'il arrosa de son sang et qui gardèrent sa tombe. Suivons cette avenue spacieuse, aux pentes adoucies, qui conduit à l'oratoire des Trois-Fontaines. »
Sa fille l’affirme, « Les amoureux de notre belle région, curieux de son histoire, peuvent continuer d'accéder à tous les articles de ce site traitant histoire, patrimoine, traditions, langue régionale, généalogie, nature, anecdotes, photos et documents anciens. » Voilà qui est bien, tout ce travail de recherche, même si officieux plus qu’universitaire, est une précieuse source de travail et de nouvelles recherches.
Poursuivons sur ces fameuses trois fontaines et sur ce saint un peu Nîmois. Déjà, c’est du côté de la Croix de fer que cela se passe, en haut du quartier Gambetta, niché entre d’anciens moulins et de nouvelles bâtisses.
En arrivant sur le site, on vous ramène à l’Antiquité car un morceau de rempart est visible. On sent qu’il s’est passé quelque chose ici, que l’histoire a frappé de son sceau le destin de quelques bougres.
Entouré de collines, le coin est aussi solennel que le symbole d’un pieux écrin ou en tout cas d’une relation avec des divinités, même païennes.
Ici s’élevait un autel, au creux d’une cuvette naturelle et on y célébrait sans doute la fête des Agonales, célébrée en l'honneur de Vejovis, ou Jupiter enfant, le 12 des calendes de juin 21 mai.
Le paganisme plaît, le christianisme est encore inconnu ou en tout cas méconnu dans la région. Voyant ce rite impur selon ses codes, un étranger s’indigne et reproche à la foule assemblée sa superstition. Il désire renverser l'idole à laquelle on destinait ces sacrifices.
La foule refuse, évidemment, et s’empare de l’étranger qui perdra sa tête, la hache tombe et le bonhomme deviendra suite à cela, le saint martyr que l’on connaît depuis. D'après une vieille légende, la tête de l’étranger rebondit à trois reprises sur le sol souillé et, de chacun de ses bonds, jaillit une source.
Mais qui était cet étranger au sort funeste ? Retour en arrière.
Vers la fin du IIIe siècle, Baudile apparut à Nîmes en provenance d’Orléans pour évangéliser le territoire nîmois. C’est lui qui a perdu la tête en voulant stoppé le paganisme nîmois. Son corps, recueilli par sa femme, aurait été transporté en un lieu appelé « la Valsainte », où déjà se trouvait une colonie de chrétiens, et y aurait été enseveli.
Son souvenir et ses reliques furent dès lors de puissants moyens pour répandre la religion nouvelle, la Valsainte devint un lieu de pèlerinage, dès le IVe siècle, on y construit une église, et, en 511, un monastère qui fut un des plus importants de la région et survécut jusqu'au XVIIe siècle.
L’historien Félix Mazauric, évoquait ses recherches voilà plus d’un siècle. « La découverte de monuments en ce lieu, dans nos tombes en brique, a son importance capitale pour l'histoire de saint Baudile, car elle permet de fixer d'une façon certaine l'âge de notre vieille nécropole chrétienne, en même temps qu'elle nous donne aussi une date approximative aux nombreux objets trouvés à côté. On peut affirmer que dès le début du IVe siècle, probablement après la fameuse Paix de l'Église sous Constantin, en 313, on commençait à enterrer autour du tombeau du saint ; cette pratique interrompue par les invasions des Barbares, fut reprise plus tard, vers l'époque de Charlemagne… »
Aujourd’hui ? La crypte de saint Baudile, à l'extrémité de la rue des Moulins et de la rue des Trois Fontaines qui a pris le nom de la légende, marquerait le lieu où le saint fut martyrisé. Avancez-vous et vous verrez un espace clôturé, aménagé et à la manière d’un jardin public. Dissimulée sous l’herbe, une bosse monumentale laisse entrevoir la présence d’une crypte. C’est ici que l'on a déposé le premier monument matériel du christianisme à Nîmes, un sarcophage en marbre blanc sculpté du IVe siècle, trouvé on ne sait où, disparu ensuite, puis retrouvé par l'abbé de Cabrières, le futur cardinal, dans une maison de la route de Sauve, où il servait d'auge.
La tradition veut que saint Félix ait été le premier évêque connu de Nîmes, vers la fin du IVe siècle, et qu'il y ait été martyrisé en 407. Ce qui est certain, c'est qu'au cours du IVe siècle, Nîmes fut dotée d'un siège épiscopal, puisqu'un concile s'y réunit le 1er octobre 396. Le choix de notre ville pour pareille assemblée, montre évidemment qu'il y avait alors une église déjà fondée et tout à fait affermie.
Le temps passe et la religion prônée par Baudile prend place ici comme ailleurs. Ménard, l’historien, rappelle qu’en 1479 une première chapelle fut construite aux Trois-Fontaines et que les Consuls de la ville se firent un honneur de la couvrir et de la visiter. Plus tard, un ermitage y fut fondé. La Révolution détruisit ce sanctuaire, il n'en resta que la voûte qui recouvrait la source. Cette voûte a été réparée et agrandie, par les soins d'une famille pieuse, l'ancien oratorium a été restauré, et a pris l'apparence d'une petite chapelle rurale qui a été bénie le 20 mai 1872.
Sur place de nos jours, on peut lire quelques informations grâce à la signalétique faite par les soins du Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine.
« Inauguré le 20 mai 1872, jour de la Saint-Baudile, ce lieu de dévotion aux allures de crypte est construit à l'emplacement d'une ancienne chapelle et d'un ermitage du Xve siècle. Le sanctuaire dédié au saint patron de la ville se trouve en contrebas, caché par la végétation. À côté d'une statue du saint et de nombreux ex-voto, il abrite notamment un sarcophage paléochrétien du IVe siècle trouvé au XIXe siècle route de Sauve à Nîmes. »
Et l’explication de se poursuivre et de confirmer les propos, « La légende raconte que saint Baudile est arrivé d'Orléans à la fin du Ille siècle afin d'évangéliser le territoire nîmois. Il interrompt une cérémonie païenne et provoque la colère de la foule. Décapité, sa tête rebondit trois fois, faisant surgir trois sources aux propriétés miraculeuses. Son corps aurait été enterré dans un lieu-dit « Valsainte ». Pendant longtemps, sa tombe, sur laquelle pousse un laurier, est un lieu de pèlerinage. »