EXPRESSO Montée de l’extrême-Droite : les organisateurs des Trad'hivernales inquiets
Ce jeudi, à la maison de la Région, la conférence de presse de présentation de la 27ᵉ édition du festival Trad'hivernales a pris une drôle de tournure… Les organisateurs se sont inquiétés de la montée et même, de l’arrivée au pouvoir de l’extrême-Droite.
Sur le papier, nul ne s’attendait à ce que la présentation de la 26ᵉ édition des Trad'hivernales se transforme en plaidoyer pour la culture. C’est dire les inquiétudes et le malaise du secteur, pourtant essentiel à la vie de l’homme. D'emblée, le fondateur de l’association Coriandre, Denis Galvier, surprend tout le monde : « On fonctionne avec des bouts de ficelles… L’an dernier, nous avons accusé un déficit de 9 000€. Il suffit de pas grande chose pour que la corde se casse. »
Ce déficit est dû, selon l'organisateur, à des baisses inattendues de subventions, notamment de la part du Centre national de la musique : « au dernier moment, l'organisme a fixé son plafond d’aide à 100 000€ au lieu de 80 000€ prévus ». L'Occitane en scène, association régionale de développement du spectacle vivant en Occitanie, est aussi pointé du doigt : « Elle nous a annoncé, fin novembre 2024 pour janvier 2024, faire du tri dans ses aides. »
Un chapiteau supprimé
Le budget de la 26ᵉ édition a donc été revu à la baisse pour s'établir à 77 000€. Cela se traduit notamment par la suppression d’un chapiteau. L’association assure toutefois que les partenaires du territoire (Région, département, communauté de communes du Pays de sommiers et ville de sommiers) « ne nous ont pas lâché ».
Ce festival est une véritable institution sur le territoire. Au-delà de sa longévité, il rassemble 800 personnes le vendredi soir et 1 000 autres le samedi soir. Des amoureux des musiques traditionnelles de France et d'ailleurs comme l'illustre, cette année, la présence Hamraaz : deux jeunes femmes proposant un concert moderne, s’inspirant des sonorités traditionnelles d’Iran et d’Arménie.
« Avec un état de Droite, nous sommes déjà en péril »
Dans ce contexte, la coordinatrice du festival, Elsa Alphon Layre, s’inquiète de la montée de l’extrême-Droite : « Nous dépendons des financements publics. Avec un état à Droite, nous sommes déjà en péril. Si on passe à l’extrême-Droite, nous avons extrêmement peur... » Peur des conséquences sur leur activité : « Pourra-t-on programmer nos musiciens kabyles ou d’Arménie ? ». D’ailleurs, le festival propose un débat(*) : « La culture et les politiques culturelles face à la montée des extrêmes ».
Pour le vice-président chargé de la Culture au Département, Patrick Malavieille, l'artiste est un « souffleur de conscience, un cultivateur du pluralisme (...) Nous ne sommes pas pour le choc des civilisations. Nous défendons le lien social, l’esprit de partage, de rencontre… ». Sauf qu'aujourd'hui, « on parle très peu de culture... On parle de loi-cadre pour la justice, l’hôpital... Mais jamais pour la culture ! C’est dangereux pour notre société démocratique. »
Patrick Malavieille réclame une loi-cadre
Or, pendant la crise sanitaire, lire, aller au cinéma, au théâtre s'est révélé être un besoin essentiel. Patrick Malavieille aimerait « travailler collectivement à un mouvement afin de demander la refondation d'un véritable service public de la culture au niveau national. » Et d’appeler à interpeller l’état et les parlementaires, même si « nos six députés du Gard ne sont pas forcément préoccupés par la culture ».
(*) Ce débat est organisé le vendredi 17 janvier à 14 h à l’espace Lawrence Durell.