FAIT DU JOUR Les ostéopathes animaliers trouvent refuge à Bellegarde
Depuis plusieurs années un partenariat naturel s'est installé entre l'Institut de formation des ostéopathes animaliers (IFOA) de Tarascon et le refuge pour animaux de la Fondation Assistance aux Animaux de Bellegarde. Dans le cadre d'un échange gagnant-gagnant, les futurs ostéopathes viennent régulièrement au refuge pour se familiariser avec leur pratique sur les pensionnaires qui bénéficient gratuitement des soins apportés par les étudiants.
Au moins une fois par mois, ils traversent la frontière du département voisin pour rejoindre le refuge pour animaux de Bellegarde. Ici, les étudiants ont leurs repères et leurs habitudes. Cela fait en effet plusieurs années que les élèves de troisième année de l'IFOA viennent s'exercer aux soins sur les animaux du refuge. Sous la houlette amicale de leur professeur, Ambre Berlin, ce jour là, par petit groupe, ils répétaient "grandeur nature" sur les chiens du refuge les gestes appris en cours et mettaient la théorie en pratique.
"Ils" n'étant d'ailleurs pas franchement le mot juste quand on sait que la très grande majorité des futurs ostéopathes sont des jeunes femmes, clairement plus attirées que ces messieurs par cette profession. "En moyenne, il y a un, voire deux garçons par classe chaque année", met en exergue l'enseignante. "Le cursus dure cinq ans. Quatre années sont consacrées à l'enseignement et la dernière à la rédaction du mémoire."
Complémentaire et alternative
En France, environ 45 établissements dispensent cette formation d'ostéopathe, et les praticiens diplômés sont maintenant près d'un millier alors qu'ils se comptaient moins d'une centaine dix ans en arrière. Le succès indéniable rencontré par ce métier récent s'explique certainement pour partie par le fait que la profession est maintenant réglementée et que les conditions de sa pratique ont été élargies : "Depuis 2011, il n'est plus nécessaire d'être vétérinaire pour être ostéopathe. Depuis 2015, l'ostéopathie est reconnue par l'État comme un métier à part entière et non plus comme une spécialité. Les ostéopathes interviennent en tant que praticiens de Médecine, complémentaire et alternative", indique la pédagogue, venue à l’enseignement de l'ostéopathie au terme de ses études menées dans une école allemande, et après être passée par une formation initiale d'Éducateur sportif, puis d'éducatrice spécialisée dans le domaine du sport équin.
Au même titre que les écoles Biopraxia à Rennes et NIAO à Bois-Guillaume, l'IFOA de Tarascon est l'une des entités membres et fondatrices du SFOAE (Syndicat des Formations en Ostéopathie Animale Exclusive) qui a vocation à fédérer les centres de formation en ostéopathie animale, les ostéopathes en activité, dont le concept et l’identité sont clairement définis par une charte commune stricte, correspondant aux recommandations de l’OMS sur la formation initiale en ostéopathie animale.
"L’ostéopathe ne règle pas les pathologies vétérinaires ni les vétérinaires les problèmes ostéopathiques. Ce sont deux métiers complémentaires. Par ailleurs, depuis avril 2017, les ostéopathes ne peuvent plus intervenir sur les animaux et les ostéopathes animaliers sur les humains : c'est chacun son secteur", poursuit notre interlocutrice. "Les élèves sont recrutés au niveau Bac après un entretien de motivation. Certains viennent à l'ostéopathie après s'être d'abord dirigés vers des études vétérinaires... Ils étudient la biomécanique, l'ostéologie (science qui étudie la structure des os et plus généralement du squelette, humain ou animal) et les pathologies d'exclusion comme les tendinites et les entorses sur lesquelles il ne faut pas intervenir."
Une médecine non conventionnelle
L’ostéopathe animalier intervient, en première intention, dans le traitement d’animaux en relation et en collaboration avec les vétérinaires, maréchaux et autres professionnels de la santé animale. Dans le cadre de la pratique de cette médecine non conventionnelle, il s’attache à déterminer les restrictions de mobilité susceptibles de déséquilibrer l’état de santé de l’animal, puis à les traiter par leur réduction manuelle. Fondée sur le principe de capacité d’auto-guérison du corps, l’ostéopathie nécessite des compétences spécifiques, une connaissance approfondie des différents systèmes du corps et des interactions entre ces systèmes qui forment une unité fonctionnelle indissociable.
En développant une vision holistique de l’animal, l’ostéopathe animalier recherche et traite des dysfonctions ostéopathiques. Il intervient ainsi pour corriger toute altération fonctionnelle réversible de l’organisme se traduisant par une restriction de mobilité d’un ou de plusieurs de ses composants, ainsi que les répercussions mises en jeu lors de l’apparition de la perturbation et de sa persistance. L’ostéopathe intervient également dans le cadre de programmes de rééducation se limitant à la correction des troubles fonctionnelles et de prévention des risques ou de préparation des animaux à des événements ou des activités spécifiques.
Les chevaux, les chiens mais aussi les volatiles et les...tortues !
Fille de...kinésithérapeute-ostéopathe, Alicia, 21 ans, se réalise pleinement dans sa formation après avoir tout d'abord réfléchi à une formation de vétérinaire. "J'avais envie de m'occuper d'animaux par le biais de la médecine douce. J'apprécie moins le côté invasif et médicalisé de la médecine vétérinaire traditionnelle", détaille la jeune Montpelliéraine. "À l'école, nous nous exerçons sur les chiens, sur les chevaux et les bovins. Mais les ostéopathes peuvent aussi être amenés à traiter des caprins, des ovins et même parfois des volatiles ou des tortues ! Manipuler un chien est parfois difficile au début. Il ne sont pas toujours simples à aborder et ils sont souvent très actifs. Il faut réussir à créer le lien. Après, comme les humains, ils apprécient les massages... (rire)"
Quant à l'avenir, son diplôme en poche, Alicia se verrait bien s'installer à son compte. Elle rejoindra alors une profession qui en l'absence de numerus clausus risque de se voir sérieusement embouteillée dans un proche avenir... La rançon du succès ?
Philippe GAVILLET de PENEY
philippe@objectifgard.com