FAIT DU JOUR Pompiers et Département : le dialogue de sourd
Les trois heures de réunion hier soir n'auront pas suffi pour sortir de la crise… Au cœur du conflit : des études que la direction du SDIS n'aurait toujours pas produites. Ce sont elles qui permettent au Département de répondre aux attentes des grévistes.
Franchement, il y a de quoi perdre son latin ! Hier soir, le président du Département, les présidents des groupes d'opposition, le Préfet du Gard, la présidente de l'association des maires du Gard ainsi que la direction du SDIS se sont entretenus pendant trois heures (!) avec les syndicats de sapeurs-pompiers. En grève depuis le 23 octobre, ces derniers réclament des moyens humains et matériels supplémentaires en vue de l'ouverture de la caserne de Nîmes Ouest.
"C'est du foutage de gueule"
Leurs revendications ont été revues à la baisse : le syndicat SUD demande aujourd'hui 22 agents supplémentaires et acceptent le transfert de 15 pompiers nîmois vers la nouvelle caserne. Après une heure de réunion, coup de théâtre ! Plusieurs délégués syndicaux quittent la table des négociations...
"Il n'y a rien de concret. C'est du foutage de gueule !" s'énerve Patrice Cartagena. Le délégué Sud Sdis 30 ne comprend plus : "On a eu une réunion la veille avec notre direction. Nous sommes tombés d'accord sur 22 recrutements secs ! On pensait qu'on aurait pu en débattre ce soir…" Au lieu de ça, "le Département propose de différer la construction de la caserne pour avoir le temps de renégocier les effectifs."
Exténué à l'issue de l'animée entrevue, Denis Bouad semble lui-aussi perdu : "Je suis d'accord avec toutes les revendications des pompiers !" Toutefois avant de s'engager financièrement, l'exécutif veut des études chiffrées : "On ne parle pas de millions d'euros sur le coin d'une table comme un épicier !"
"Les chiffres ? Ils les ont déjà !" protestent les syndicalistes, "des collègues ont travaillé pendant des mois pour calibrer les effectifs par rapport à l'activité opérationnelle de cette caserne."Se tournant vers la direction du SDIS, Denis Bouad s'insurge : "Est-ce que vous m'avez donné les chiffres ? L'urgence, ce sont les camions qui ne répondent plus aux normes. Est-ce que nous avons travaillé sur un budget avec le nombre de véhicules, le kilométrage ou l'âge ? " Silencieux, le président Alexandre Pissas* et son équipe ne pipent pas mot.
À qui profite le conflit ?
À la sortie de la réunion, la direction du SDIS n'a pas souhaité donner plus d'explication, se contentant d'hocher la tête avant de quitter les lieux. Plus tard, une source proche du dossier lâchera : "il semble avoir des problèmes dans le cadrage financier entre le Département et le SDIS". Autrement dit : qui va payer quoi ? En attendant que tout ce beau monde se mette d'accord, le conflit perdure*. Pour combien de temps ?
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
*Alexandre Pissas est président du SDIS (Service Départemental d'Incendie et de Secours) et vice-président du conseil départemental du Gard.
*Une assemblée générale est prévue ce vendredi matin pour décider de la suite à donner au mouvement.