Publié il y a 6 h - Mise à jour le 22.11.2024 - Propos recueillis par Louis Valat - 7 min  - vu 1012 fois

L'INTERVIEW Christopher Palma, directeur commercial Renault Alès : « On a vendu 56 Renault 5 100% électrique en un mois »

Christopher Palma chez Renault depuis plus de 10 ans.

- Louis Valat

Attendue de longue date, la Renault 5 signe un retour en fanfare, réinventée pour s’adapter à son époque : elle se décline désormais en version 100 % électrique. Le succès est déjà au rendez-vous, comme l’explique Christopher Palma, directeur commercial de Renault Alès. Une belle réussite pour un modèle emblématique qui n’a rien perdu de son aura.

Objectif Gard : La Renault 5 est un modèle emblématique, chargé d’histoire et d’émotion. Avez-vous redouté que son passage à l’électrique représente un pari risqué pour ce patrimoine ?

Christopher Palma : Mon intime conviction, c’est qu’au début, ça aurait pu l’être, surtout quand on a commencé à en parler il y a deux ou trois ans. On n’a pas souvent eu chez Renault un modèle autant attendu, avec autant de buzz avant sa sortie. À ce moment-là, oui, certains disaient : « Si elle était sortie en thermique, ça aurait été un carton encore plus monumental. » Mais aujourd’hui, c’est incontournable. Avec 2035, on sait qu’on ne pourra plus fabriquer que des voitures zéro émission. Et sur ce segment des citadines, il n’y a presque plus que des modèles électriques. Donc oui, ça aurait pu être risqué à première vue, mais aujourd’hui, clairement non. En plus, on propose des options accessibles. Début d’année, on sort une version avec 300 km d’autonomie et 120 chevaux. En juin, une autre avec 95 chevaux à 25 000 € hors bonus, donc environ 20 000 € bonus déduit. Ça rend l’électrique vraiment accessible. Ce qui faisait peur, c’était l’autonomie et le prix, mais avec les progrès des batteries et les bornes rapides, ces freins disparaissent clairement.

Christopher Palma et son atout charme : la R5 électrique jaune avec un toit noir. • Louis Valat

À qui s’adresse cette nouvelle Renault 5 E-Tech 100% électrique ? Est-ce plutôt une voiture du quotidien ou un objet pour passionnés ?

Les deux ! Il y a une vraie vague de passionnés et de nostalgiques qui l’attendaient. On a lancé le "R5 Pass", qui permettait de la précommander, et les premières ont été livrées cette semaine. Ces clients-là, ils achètent pour le look, pour ce qu’elle leur rappelle. Pour eux, c’est souvent un deuxième véhicule, qu’ils vont sortir le week-end, pour le plaisir. Mais on a aussi beaucoup de gens qui vont s’en servir en voiture principale, au quotidien. Une R5 qui fait 400 km d’autonomie, qui peut se charger en 30 minutes, ça permet d’aller partout. Donc, on a les deux profils, à savoir ceux qui l’achètent pour la nostalgie et ceux qui la choisissent comme voiture principale.

L’électrique reste un frein pour certains, notamment pour des raisons de prix, de bornes ou d’autonomie. Vos clients à Alès sont-ils prêts à franchir le pas ?

Depuis le 1er janvier 2024, le leasing social (qui permet aux ménages les plus modestes de s'offrir une voiture électrique pour environ 100 € par mois, en location longue durée ou location avec option d'achat… Dispositif qui a toutefois été victime de son succès et a été récemment suspendu, NDLR) en début d’année. Dès que le prix correspond au budget des gens, ils franchissent le pas. Après, il y a des situations où c’est encore compliqué. Par exemple, quelqu’un qui habite en appartement, qui n’a aucune solution pour recharger ni chez lui ni au travail, et qui roule beaucoup. Là, je comprends que ce soit un frein. Mais pour le reste, ça ne l’est plus tellement.

« Moi, je suis un vrai passionné d’électrique. Je ne l’étais pas au début, mais depuis la sortie de la Mégane électrique il y a deux ans, je ne roule plus qu’en électrique. »

Christopher Palma, directeur commercial Renault Alès

Moi, je suis un vrai passionné d’électrique. Je ne l’étais pas au début, mais depuis la sortie de la Mégane électrique il y a deux ans, je ne roule plus qu’en électrique. Ma femme aussi. Et franchement, même pour les vacances ou le ski, ce n’est jamais un problème. Avec les bornes rapides, ça a tout changé. Avant, avec une ZOE, il fallait s’arrêter 2 h 30 pour charger. Là, je comprends que ce soit un frein, personne ne veut ça. Mais maintenant, s’arrêter 25 minutes sur 500 km, ça ne change rien. Quand je voyage avec mes deux enfants, on s’arrête au bout de deux heures et demie pour qu’ils aillent aux toilettes ou pour prendre un café. On ajoute 10 minutes à la pause habituelle, et c’est tout. Donc non, l’électrique n’est plus un problème, sauf pour quelques cas particuliers.

La Renault 5 électrique est-elle la star du moment dans votre concession alésienne ?

Oui, clairement. Déjà, pour son lancement, on a organisé une soirée. On attendait environ 450 personnes, avec nos équipes on pensait être 500 au total, mais on a dépassé les 800 participants ! La soirée a été incroyable. Les gens se sont garés jusqu’au parking de l'ancien Cora pour venir. Et depuis, on a multiplié les initiatives pour maintenir cet engouement. On a exposé la Renault 5 partout dans la ville. Pour la soirée de lancement, on l’avait même hissée sur une grue à 15 mètres de haut ! Depuis, on la montre régulièrement sur des marchés. Hier encore, un de mes vendeurs était au marché de La Grand'Combe. Ce qui est dingue, c’est l’attraction qu’elle suscite. D’habitude, quand on présente une nouveauté, les gens disent : « Ah, elle est jolie », puis passent à autre chose. Là, c’est complètement différent. Tout le monde veut la voir, en parler, partager des souvenirs. Certains nous disent : « Je l’avais en 1982 », ou « Mes parents l’ont eue ». Ça touche vraiment les gens. Mon vendeur m’a raconté qu’il était au marché de 7h45 à 11h30, et qu’il n’a pas eu une seule seconde pour prendre un café tellement il y avait du monde qui voulait discuter avec lui de la nouvelle Renault 5. Ce n’était même pas pour acheter tout de suite, juste de la curiosité et de la passion. Pour nous, c’est du jamais-vu sur un modèle de marque généraliste.

« On a vendu 56 Renault 5 électrique, et il y en aura quatre de plus que je dois ajouter, nous les avons livré. C’est énorme. »

Christopher Palma, directeur commercial Renault Alès

Des premiers chiffres de vente à nous partager ?

Le lancement date d’il y a environ un mois, et on en a vendu 56, et il y en aura quatre de plus que je dois ajouter, nous les avons livré. C’est énorme. Franchement, si on pouvait vendre 55 voitures de chaque modèle tous les mois, je pourrais travailler six mois et passer le reste de l’année au soleil.

Pouvez-vous revenir sur la soirée de lancement ?

C’était un super moment. On avait une grue, des simulateurs à l’intérieur des voitures, et même un circuit virtuel du Pôle mécanique d'Alès où les gens pouvaient tester les anciennes Renault 5 ou la nouvelle E-Tech. Il y avait des danseuses pour présenter le véhicule, un jeu de couleurs avec des stands de boissons tout jaunes, verts ou bleus, et tout le personnel portait des polos jaunes pour être identifiable. On avait aussi fait venir un DJ et installé des lumières spectaculaires.

La soirée de lancement de la R5 E Tech le 10 octobre dernier. • DR/Renault Alès

Nous avions trois voitures exposées sous un jeu de lumière et trois autres bâchées à l’intérieur de la concession, dévoilées en simultané. Généralement, lors de ce genre d’événement, les gens regardent les voitures pendant une dizaine de minutes avant de se disperser pour boire un verre ou manger un peu. Mais là, c’était différent : pendant plus de deux heures, il y avait une foule compacte autour des voitures. Je n’ai pas pu m’approcher à moins de 10 mètres ! Les retours ont été unanimes. Les invités ont été impressionnés par la soirée et agréablement surpris par la voiture. Même ceux qui pourraient la trouver trop chère ou regretter qu’elle soit électrique ont reconnu qu’elle était visuellement superbe. Un vrai succès pour nous.

Quelle est votre couleur préférée pour cette nouvelle Renault 5 ?

Si je devais en choisir une, ce serait le jaune avec le toit noir, l’iconique. Elle a aussi un intérieur jaune, et c’est ce qui me plaît le plus. Après, ça dépend des goûts. Le bleu nocturne, un bleu foncé, est peut-être la couleur la plus sobre et la plus classe. Mais pour moi, c’est une voiture qui mérite d’être un peu flashy, un peu punchy. Alors, jaune avec toit noir, sans hésiter.

On parle beaucoup de la crise dans le secteur automobile. Est-ce que vous la ressentez à votre niveau ? Comment ça se passe pour le Renault à Alès ?

Oui, on sent que l’activité se calme un peu et qu’il y a des incertitudes dans le secteur. La fameuse taxe CAFE (Corporate average fuel economy) (c'est une loi qui impose aux constructeurs automobiles au niveau de l'Union européenne de limiter les émissions de CO2 des véhicules neufs, NDLR) est un sujet très sensible pour les constructeurs. Cela représente des milliards pour eux. Et avec l’inflation de ces dernières années, le chômage qui peut augmenter, ça crée un climat d’incertitude. Or, l’incertitude n’est jamais bonne pour le commerce, encore moins pour l’automobile, car acheter une voiture reste un investissement important.

GMD Renault Alès. • Louis Valat

Cela dit, à Alès, on a la chance de bien s’en sortir. On a une base de clients fidèles, et notre performance se mesure à un indicateur : le taux de pénétration sur notre marché. En France, Renault a en moyenne une part de marché de 16 % auprès des particuliers, soit 16 voitures sur 100 vendues. À Alès, nous sommes à 33 %, donc plus du double. Et si on ajoute Dacia, qui fait partie du groupe, on monte à 51-52 %. Autrement dit, une voiture sur deux vendue dans le secteur passe par notre concession. Notre priorité est de conserver cette clientèle fidèle, tout en séduisant de nouveaux clients, notamment grâce à des modèles comme la Renault 5 électrique, qui attire beaucoup. Globalement, nous nous portons bien, mais on reste conscients que l’automobile est un secteur cyclique, avec des périodes prospères et d’autres plus compliquées. Depuis la sortie du Covid-19, on a connu quelques années très favorables, mais on entre probablement dans une phase plus difficile. Cela dit, je suis convaincu que c’est dans ces périodes qu’on voit émerger les meilleurs talents. Après le creux, un nouveau cycle vertueux viendra, et je suis confiant pour l’avenir.

On parle du succès de la Renault 5 E-Tech Electric. Quid de la Dacia Sandero, voiture la plus vendue en France et en Europe ?​​​​​​​

Dacia (la marque appartient au groupe Renault, NDLR) est devenue une marque incontournable. Les prix des voitures ne cessent d’augmenter, mais tout le monde ne peut pas se permettre un achat plaisir. Pour beaucoup, une voiture est une nécessité, et leurs finances ne leur permettent pas de rêver à autre chose. Dacia répond parfaitement à ce besoin. C’est une marque qui propose le meilleur rapport qualité-prix du marché. Avec Dacia, vous avez une vraie voiture, équipée de tout ce qui est indispensable, sans superflu, à un prix ou une mensualité abordable. Aujourd’hui, peu de marques peuvent rivaliser avec ça. En plus, Dacia appartient au groupe Renault et bénéficie donc du plus grand réseau d’après-vente en France. C’est rassurant, comparé à certaines marques étrangères récemment arrivées en Europe, dont on ne sait pas si elles seront toujours là dans quelques années. Dacia est aussi synonyme de fiabilité. Depuis des années, elle figure dans le top 3 des marques les plus fiables en France. Elle a un look sympa, elle tombe rarement en panne, et elle reste abordable. Forcément, ça coche beaucoup de cases pour beaucoup de gens. C’est pour ça qu’elle est la voiture la plus vendue en particulier en Europe, et je pense que ça ne changera pas de sitôt.

Propos recueillis par Louis Valat

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