GARD Gilles Guillaud, chef des élections à la préfecture : « Nous vivons des élections municipales exceptionnelles »
Au lendemain du premier tour des élections municipales, le "Monsieur Élections" de la préfecture gardoise, Gilles Guillaud, revient sur le scrutin organisé en pleine crise sanitaire.
Objectif Gard : Comment s’est déroulé ce premier tour de scrutin ?
Gilles Guillaud : D’abord, nous n’avons pas eu à mobiliser nos réserves d’assesseurs et de délégués pour tenir les bureaux de vote. C’est déjà pas mal quand on voit le contexte actuel avec la crise sanitaire. Nous vivons des élections municipales exceptionnelles. Après ce premier tour, nous pouvons vous signifier qu'il y aura un second tour dans 22 communes de plus de 1 000 habitants (Nîmes, Bagnols, Vauvert...) et 25 communes de moins de 1 000 habitants.
Un mot sur les deux incidents électoraux à Vallabrègues et Saint-Laurent-des-Arbres ?
À Vallabrègues, il y a un contentieux entre le candidat du Rassemblement national, Jean-Pierre Fuster, et le maire sortant réélu, Jean-Marie Gilles. Celui-ci n’a pas mentionné la nationalité belge de l’une de ses candidates sur le bulletin de vote. Or, c’est une obligation légale selon l’article 241 du Code électoral. La liste a 15 jours pour déposer un recours auprès du tribunal administratif. Charge au juge de l’élection de décider s’il annulera ou l’élection, ou s'il déclarera la nullité des bulletins du maire entraînant l’élection de Jean-Pierre Fuster. Sa latitude est assez large.
Qu’en est-il de la situation de Saint-Laurent-des-Arbres ?
Ici, la situation est inversée. C’est l’opposante qui a oublié de mentionner la nationalité européenne de deux de ses colistières. Du coup, le bureau de vote a acte la nullité des bulletins.
La préfecture n’aurait-elle pas pu voir ces incidents avant le scrutin ?
Pour Vallabrègues qui est une commune de moins de 2 500 habitants, il n’y a pas de Commission de propagande organisée avant le scrutin. Du coup, la Commission de contrôle (composés du préfet, d'un magistrat...) n’a pas pu voir ce manquement à la loi. Quant à Saint-Laurent-des-Arbres, ça a échappé à la Commission de contrôle.
Ce premier tour des Municipales a également été marqué par une abstention grandissante. Nîmes, Alès, Bagnols… Seulement 30% des électeurs se sont déplacés aux urnes.
Oui, c’est vrai. Toutefois si vous regardez dans les petites communes, la participation est plus importante que dans les milieux urbains. C’est traditionnellement le cas, mais dans cette situation inédite, on le voit davantage.
Comment l’expliquez-vous ?
Je ne suis pas un expert... Peut-être que la peur du coronavirus est moins élevée dans les milieux ruraux que dans les urbains où il y a une plus forte concentration de population. D'ailleurs de manière générale, les électeurs ruraux sont davantage mobilisés car ils perçoivent mieux les enjeux d’une élection en connaissant, par exemple, les candidats.
Les maires des communes comme Bouillargues ou Garons sont réélus avec une participation inférieure à 30%. Sont-ils légitimes ?
Juridiquement oui. Seules les communes de moins de 1 000 habitants sont soumises à la règle d’obtention d'au moins 25% des inscrits. Une règle qui est souvent oubliée. On m’a posé la question pour l’élection de la candidate Nathalie Nury à Roquemaure. Elle a récolté 52% des suffrages exprimés et seulement 24% des inscrits. Comme la commune fait plus de 1 000 habitants, son élection est tout à fait valide.
Leur légitimité est donc juridique mais peut-être pas politique ?
C’est votre commentaire, mais en droit il n’y a pas de problème.
Le président de la République doit s'exprimer ce soir. Pensez-vous qu'il peut reporter le second tour des Municipales ?
Vraiment, je ne peux pas vous dire. D'ailleurs on voit pas mal de constitutionnalistes s'opposer sur le sujet. Comme c’est inédit, la réponse juridique pourrait aussi l'être. Dans tous les cas, une modification juridique sera soumise soit au Conseil d’État, soit au Conseil constitutionnel, selon le type de recours. À noter qu'il est important de ne pas créer de rupture d’égalité entre les communes.
En tout cas, ce lundi, la préfecture continue d’enregistrer des candidatures ?
Oui depuis 14 heures. Nous n’avons pas de contre indication. Ce matin, nous avons rédigé des procès verbaux et vérifié les cahiers d’émargement. Les candidats ont jusqu’à mardi 18 heures pour déposer leur candidature pour le second tour.
Propos recueillis par Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
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