Et revoilà Christophe Brunetti ! L’ancien fondateur des Petits pâtés nîmois, vendus en février 2021 et gérant de la brasserie des Antonins, vendue fin 2023, a profité de 2024 pour se reposer. Surtout, l’entrepreneur de 49 ans, qui prend son temps avant de reprendre une affaire, a mûri un nouveau projet. « Après avoir été pendant 17 ans à mon compte, j’ai été pour la première fois de ma vie client à la feria de Nîmes. Et même si je connaissais la problématique de l’urine dans la rue, il faut toujours se mettre à la place des gens. C’est bien joli ces pôles toilettes, mais suivant où tu es, il faut faire 500 mètres pour y accéder. Les gens veulent aller au plus vite et ne pas attendre 45 minutes », constate dans un premier temps le Nîmois.

Il est vrai qu’à chaque feria qui accueille plus d’un million de visiteurs en quatre jours, certaines rues se transforment en toilettes à ciel ouvert et sont inondées d’urine, à l’image de la rue Louis Raoul, entre les rues Fresque et de l’Étoile, tristement rebaptisée "rue de la Pisse". Cela crée évidemment des désagréments pour les riverains et oblige la municipalité à faire nettoyer à chaque lendemain de fête. Fort de ce constat, l’ancien rugbyman décide alors de dessiner des toilettes urbaines, mobiles, qui pourraient facilement et temporairement s’installer dans n’importe quel endroit de la ville et même les petites rues festives du centre-ville. Ainsi, un urinoir mobile voit le jour en alu et en inox pour un poids, à vide, de 40 kilos donc aisément manœuvrable par des agents.

1,25 m de long pour 40 cm de large

Le véritable atout, c'est que l’équipement est directement raccordable au tout-à-l’égout de la ville. Ce qui permet d’évacuer immédiatement l’urine. Sinon, un bac de 200 litres est prévu, soit l’équivalent de 600 personnes qui se rendent aux toilettes. Sur le haut, un réservoir de 100 litres, à remplir deux fois sur une journée de 16 heures de fête, sert à alimenter la chasse d’eau automatisée. « Ce système permet d’économiser 5 300 litres d’eau sur une journée », souligne l’inventeur. L’équipement mesure 1,25 m de long pour seulement 40 centimètres de large, ce qui laisse passer les véhicules de secours dans les petites rues. Pensé pour deux personnes, il est possible d’en clipser plusieurs à la suite avec une seule évacuation. Sans oublier, petit détail qui a son importance, un reposoir tout en haut pour poser son verre.

Une innovation que Christophe Brunetti espère voir fleurir dans les rues festives, mais aussi derrière les casitas installées sur le boulevard Victor-Hugo, « les gens se cachent derrière pour uriner, ça coule sur le sol et les gens se retrouvent à manger les pieds dans la pisse. Je suis sûr que les gérants seraient contents de voir ces urinoirs installés. » Des toilettes facilement accessibles, gratuites, pour éviter à ces messieurs de répandre leur urine dans toute la cité des Antonin. Une invention validée par le ministère de la Défense, la commercialisation peut donc commencer. Via sa société SAS Nemausus, le Gardois est fier de présenter un produit « inventé, fabriqué et commercialisé » en France.

Les premiers achetés par des bodegas privés

Les 50 premiers urinoirs sont en cours de fabrication. Ces derniers seront disponibles à l’achat ou en location avec l’entretien compris pour le remplissage du réservoir et enlever les papiers tombés. Verra-t-on ces urinoirs dès la feria de Pentecôte du 5 au 9 juin prochain ? "Non, car il faut passer par des marchés publics, mais j’espère que ça se fera parce que je suis un Nîmois. Je me dis que ça peut même avoir un intérêt au premier étage des arènes", répond l’intéressé qui a déjà rencontré Frédéric Pastor, adjoint à la ville délégué aux Festivités. Christophe a en revanche déjà signé avec des bodegas privées et des municipalités locales ont déjà passé des commandes. Il est également en discussion avec des stations balnéaires. Car grâce aux pieds réajustables, l’urinoir peut aussi s’installer en camping, plage privée, festival et tout type d’événement en plein air.

Le but d’utiliser ces toilettes urbaines, c’est de désengorger les toilettes en dur pour les laisser aux femmes. Mais le Nîmois n’a pas pour autant oublié la gent féminine. « Le modèle féminin sortira en septembre avec une cabine fermée, aussi léger pour répondre à une envie pressante », annonce-t-il. Un système spécifique sera mis en place. « Je suis pour une écologie positive. C’est sûr que si les gens continuent à uriner à côté, là, on pourra être dans la répression », conclut l’ancien gérant des Antonins qui a hâte de présenter au plus grand nombre sa nouvelle invention.