Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 01.11.2020 - anthony-maurin - 4 min  - vu 392 fois

FAIT DU SOIR Fleuristes un jour, fleuristes encore et toujours !

(Photo Anthony Maurin).

Les fleuristes sont relativement heureux de cette dernière aère journée d'ouverture... (Photo Anthony Maurin).

En ce jour de la Toussaint, dernier jour d'ouverture pour les fleuristes qui ont eu une dérogation pour cette fête très fleurie, les professionnels Nîmois sont contrastés. Heureusement, Internet et les commandes à distance leur permettront de continuer les affaires...

Certains avaient clairement signifié qu'ils seraient ouverts depuis qu'ils avaient pris connaissance de cette possibilité donnée par l'État. D'autres avaient quant à eux préféré la jouer discrète et ne communiquant pas et en voyant comment se passent les choses. Enfin, quelques déçus de la première heure et dont les jours d'ouverture vont initialement du mardi au samedi n'ont pas pris la peine de monter leur rideau pour cette dernière date.

Les chrysanthèmes représentent le gros des ventes de ce dernier jour d'ouverture des fleuristes (Photo Anthony Maurin).

" Pourquoi travailler un jour de plus alors que les gens sont chez eux ? Mes clients sont en grande majorité des personnes âgées et elles sont déjà allées fleurir les tombes. Il me reste quoi ? Je ne veux pas ouvrir toute la journée pour vendre deux bouquets et une rose ! " avouait un fleuriste samedi en fin d'après-midi. En ce dimanche matin en ville, pas grand monde sauf peut-être aux Halles.

Pour un ambulant qui se tient devant un cimetière, " Heureusement que Macron nous laisse terminer notre stock cette fois ! Il aurait été très mal venu de nous faire fermer à la veille de la Toussaint, notre meilleure période de l'année, mais ils en est capable... On a eu du monde cette semaine, j'imagine qu'on vous dit ça souvent mais ça commençait à repartir. Avec la Toussaint on sauvera les meubles, j'espère seulement que nous pourrons rouvrir pour les fêtes de fin d'année ! "

En plein confinement, difficile de savoir si les fleuristes traditionnels étaient ouverts ou fermés pour l'occasion (Photo Anthony Maurin).

En parlant de stock, certaines échoppes avaient prévu de faire des ristournes. Pour ne pas gaspiller et faire plaisir tout en vendant correctement certains proposaient un joli -30 % sur tout le magasin ! D'autres se sont tout simplement arrangés pour n'ouvrir que le matin et avaient limité leur offre.

Autour de l'Écusson, les habitudes ont la dent dure. En ces temps de malêtre social, un peu de rire ne fait jamais de mal. Arrivé en courant pour faire une belle surprise à sa rose, un homme qui vient de perdre les clés de sa voiture est prêt à sortir sa carte bancaire. " J'ai pas de chance mais ma femme oui ! C'est son anniversaire ce soir alors je lui prend un beau bouquet pour fêter ça et pour m'assurer la paix pendant le confinement... J'ai honte mais ça peut servir ! " avoue quant à lui Frédéric, heureux client qui a apprécié son passage in extremis chez le fleuriste et qui a fini par retrouver son trousseau... Au fond de sa poche.

Les plus modernes annoncent la couleur (Photo Anthony Maurin).

La fleuriste d'un village de l'agglo qui va prendre sa retraite prochainement est à la fois émue et résignée. " Ces fou comme les gens nous soutiennent ! On me demande souvent si nous pouvons faire les livraisons pendant le confinement. Certains ne savent pas que nous sommes tous ouverts jusqu'à ce soir mais quand ils le comprennent ils s'arrêtent pour éviter les supermarchés. On vend bien mais ça reste calme, différent par rapport à la Toussaint de l'an dernier par exemple. Cette année sera mauvaise, les gens ont de moins en moins l'habitude d'offrir des fleurs. "

Les fleuristes ont, dans l'ensemble, joué le jeu de l'ouverture. Les clients ont pu faire leurs derniers achats en direct mais la plupart des fleuristes poursuivront leur travail grâce aux commandes à distance, sur Internet ou via le téléphone. L'économie est comme l'eau, elle trouve toujours son chemin, le chemin le plus court.

(Photo Anthony Maurin).

C'est le cas de Julie Donnat, maître artisan fleuriste aux Angles, qui à partir de mardi mettra en place un système adapté aux mesures sanitaires : "Un drive sera ouvert le matin et l'après-midi, je ferai des livraisons. Les gens peuvent commander par téléphone ou directement sur le site Internet." Ses clients pourront continuer de se fournir en chrysanthèmes, renoncules et tulipes même si la première semaine risque d'être compliquée, le temps que la filière trouve son organisation.

Julie Donnat, fleuriste aux Angles, va mettre dès mardi un système de drive et de livraison pour poursuivre son activité. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Pour la fleuriste, cette crise va modifier durablement la vente dans les commerces. Avec une place prédominante d'Internet : "Les clients ont tendance à revenir chez les commerces de proximité mais pour qu'ils puissent revenir, il faut que l'on s'adapte nous commerçants. Les gens ont le réflexe de regarder d'abord sur Internet. On dispose maintenant d'outils en ligne à un prix raisonnable. Pour garder nos entreprises, il faut qu'on se bouge et qu'on s'adapte à la demande." Il y a déjà deux ans, Julie Donnat avait lancé sa plateforme achacunsesfleurs.com pour permettre aux fleuristes de créer leur propre site. Une offre qui apparaît de plus en plus nécessaire en cette période.

Pour un grand fleuriste nîmois, " Je m'attends à perdre 30 à 40 % sur l'année par rapport à 2019. J'espère que ce confinement servira et nous permettra de rouvrir pour les fêtes de fin décembre. Les fleurs sont devenues un cadeau de luxe mais elles font toujours plaisir. Nous avons des compositions qui vivent longtemps, les bouquets d'un jour plaisent de moins en moins et coûtent trop cher. Nous allons mettre à profit ce temps de semi repos pour réfléchir sur la suite de nos propositions, sur notre offre à venir. Je pense que nous allons multiplier les niches, les petits plus qui font que nous pourrons poursuivre. Nous devons tisser des liens avec notre clientèle, la fidéliser car si elle n'est plus là, nous non plus... "

Une perte de chiffre d'affaires, comme un peu partout. Une envie de survivre, comme un peu l'entendre souvent. Une remise en question pour assurer de nouvelles créations dès que possible, comme dans de nombreux autres secteurs économiques. Les fleuristes sont fermés mais ils restent à l'écoute de leur clientèle et pensent déjà à l'après. Les fleurs et leurs symboles n'ont pas fini de nous intriguer !

Anthony Maurin

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