GARD RHODANIEN L’heure du choix pour l’ancien site Arcelor-Mittal de l’Ardoise
Outre la présentation du projet de territoire et le vote du budget 2021, le conseil communautaire de l’Agglo du Gard rhodanien sera appelé lundi à se positionner sur le devenir de l’ancien site Arcelor-Mittal dans la zone industrielle de l’Ardoise. Deux projets et des centaines d’emplois sont en balance.
Depuis le départ d’Arcelor-Mittal il y a un peu plus de quinze ans, c’est un terrain en or qui s’est transformé en friche industrielle : 48 hectares comprenant des accès routier, ferré et potentiellement fluvial, le terrain jouxtant le Rhône. Autant dire que les enjeux sont énormes pour l’Agglo du Gard rhodanien, qui a bataillé pendant plusieurs années pour racheter le terrain au mastodonte de la sidérurgie par le truchement de l’Établissement public foncier Languedoc-Roussillon, afin de lui rendre sa vocation économique. L’EPF LR avait donc racheté le terrain en 2017 pour le compte de l’Agglo 1,5 million d’euros, avec une obligation de rachat par l’Agglo sous cinq ans. Charge à elle de profiter de ce délais pour trouver preneur.
L’heure du choix est donc arrivée. Si une partie des terrains est d’ores et déjà consacrée à une unité de production d’électricité photovoltaïque, deux projets sont en balance pour l’essentiel du site : un pôle logistique du groupe Gifi, et le projet L’Ardoise éco-fret (LEF), une zone logistique avec plusieurs acteurs sélectionnés par un cabinet pour le compte de l’Agglo. Une chose est sûre à ce stade : ce sera soit l’un, soit l’autre.
Deux projets en balance
Le groupe Gifi, en plein développement, cherche pas moins de 200 000 mètres carrés sur l’ensemble du sud-est. Le site de Laudun-l’Ardoise lui permettrait d’en avoir 120 000 de surface bâtie, ce qui représente pour l’entreprise un investissement de 60 millions d’euros entièrement porté par elle. Le projet créerait entre 250 et 300 CDI, pour certains non-qualifiés, avec des pics à 500 emplois en fonction de la saisonnalité. Côté nuisances, le projet Gifi apporterait un trafic de 250 camions par jour, avec ici aussi des pics saisonniers, mais uniquement le matin et cinq jours sur sept, six jours lors des pics. Quant aux rentrées d’argent pour le territoire, elles seraient uniquement fiscales, avec la cotisation foncière des entreprises et la taxe foncière. Et question temporalité, Gifi prévoit un lancement début 2024.
Mais le projet Gifi a un hic : il ne prévoit pas à ce stade d’utiliser la multimodalité du terrain. D’après nos informations, le ferré n’est pas totalement exclu par Gifi, même s’il ne sera pas utilisé tant qu’il ne sera pas compétitif en coût pour l’entreprise. Le projet LEF en revanche prévoit d’utiliser aussi le rail. « Un cabinet a mené des études, il a fait du benchmark et nous a présenté plusieurs modes d’organisation spatiale », explique le président de l’Agglo Jean-Christian Rey.
Sur la zone logistique proposée dans le cadre de LEF, il convient de considérer les deux extrémités : la surface bâtie irait de 53 500 mètres carrés au plus bas et jusqu’à 103 500 mètres carrés au plus haut. Forcément, le nombre d’emplois est à l’avenant : 250 au plus bas, et 680 au plus haut, comme le nombre de poids-lourds par jour, de 450 à 600. L’investissement global serait de 36 millions d’euros, dont 0 euro pour l’Agglo en cas de portage totalement privé. Une participation publique est envisagée jusqu’à 70 % de l’investissement en cumulant l’Europe, l’État, la Région et l’Agglo, mais dans ce cas, outre les rentrées fiscales, l’Agglo pourrait toucher une redevance de 600 000 à 800 000 euros par an, d’après nos informations. Quant au calendrier, il prévoit un début d’activité en 2025.
À Laudun-l’Ardoise de trancher
Alors que, toujours selon nos informations le monde économique local, représenté par le Collectif, privilégie le projet Gifi, le président de l’Agglo penche quant à lui pour le projet LEF pour une raison : « l’embranchement ferré permet de garantir qu’il n’y aura pas de délocalisation possible », des terrains réunissant toutes les caractéristiques de celui de Laudun-l’Ardoise étant rares. L’aspect multimodal ferme du projet LEF, qui reste conditionnel pour Gifi, risque donc de peser lourd dans la balance. Pour autant, le choix n’était pas tranché ces dernières heures. Il sera l’oeuvre du maire de Laudun-l’Ardoise Yves Cazorla.
« C’est un sujet important avec des retombées mais aussi des nuisances à la clé, la commune est en première ligne, avance Jean-Christian Rey. Nous avons proposé en conférence des maires de suivre Yves Cazorla. Quelle que soit sa décision, nous la suivrons. La balle est dans son camp. » Verdict ce lundi.
Thierry ALLARD