ÉDITORIAL À Droite, le front républicain s’effrite
Sortie affaiblie du premier tour des élections départementales, la Droite gardoise va regarder, dans 14 cantons, la Gauche livrer un duel face au Rassemblement national. Souvent sans appeler au front républicain.
Si à Gauche et chez La République en marche l’appel à voter pour les candidats opposés en duel au RN au second tour est clair, à Droite il l’est beaucoup moins. Le maire de Nîmes Jean-Paul Fournier l’a involontairement illustré avec la polémique qui a éclaté mardi, avec la reprise de sa phrase « notre seul adversaire, c’est la Gauche » par le Rassemblement national, avant de réaffirmer quelques heures plus tard son « opposition franche et claire à tout rapprochement avec les candidats et les élus RN. »
Quand on rentre dans le détail, on constate que de nombreux binômes représentant la Droite et le Centre éliminés à l’issue du premier tour ont choisi de ne pas donner de consigne de vote, arguant souvent de la « liberté » des électeurs et du fait qu’ils n’étaient pas « propriétaires de leurs voix ». C’est le cas à Roquemaure, Uzès, Pont-Saint-Esprit, Marguerittes. D’autres, comme à Nîmes-2 ou à Aigues-Mortes, n’ont carrément rien dit à ce propos, et il faut chercher du côté de Christophe André à Beaucaire pour trouver des appels à faire barrage au RN.
Qu’en déduire ? Peut-être que, si après la Une polémique de Libération il y a quelques semaines on pensait que le front républicain mourrait par sa Gauche, force est de constater que dans le Gard, où le RN réalise tout de même de gros scores, il s’étiole par sa Droite. Peut-être aussi que la Droite et le Centre, qui misaient gros sur cette élection départementale, ont pris une belle claque. Plus en mesure de remporter la mise rue Guillemette, la Droite républicaine boude et choisit d’adopter le « ni-ni », la stratégie impulsée en son temps par Nicolas Sarkozy avec le succès que l’on sait.
Stratégie dangereuse politiquement, car elle renvoie la Gauche et l’extrême-Droite dos-à-dos, contribuant à dédiaboliser un parti lepéniste qui ne demande pas mieux. La reprise de la petite phrase de Jean-Paul Fournier sur la Gauche par les candidats du RN sur Nîmes-2 Laurence Gardet et Yoann Gillet sur leur propagande le démontre, du reste. Stratégie qui peut aussi laisser à penser que « qui ne dit mot consent ».
Thierry ALLARD