FAIT DU JOUR Jusqu’à quand tiendra l’union de la Gauche victorieuse du Département ?
Hier soir, à l’issue d’un second tour qui a réservé quelques surprises, la Gauche unie a conforté ses bons résultats obtenus dimanche dernier. Elle est la grande gagnante de cette élection et envoie 28 élus au Conseil départemental. Mais il reste désormais à déterminer qui sera le futur président de cette assemblée et ça, en revanche, ce n'est pas gagné !
À l’issue des élections départementales, c'est incontestable, la Gauche a mis une droite à ses adversaires ! À commencer par les élus du Rassemblement national, quasiment KO, qui n’auront plus que deux représentants au Département. Hier soir, Nicolas Meizonnet et Carole Calba ont perdu le canton de Vauvert, l’un des deux avec Beaucaire qu’ils avaient remporté en 2015. « Le Front National a pris une raclée aujourd’hui », a confirmé l’Alésien Christophe Rivenq sur notre plateau de Bonsoir le Gard. Il ne croit pas si bien dire : avec seulement deux élus, l'extrême-Droite ne pourra pas constituer de groupe au Conseil départemental, le nombre de trois élus minimum étant requis.
Une "raclée" de Vauvert rendue possible par la mobilisation des électeurs du canton (37% de participation au second tour contre 33% au premier, Ndlr) : « C’est une grande satisfaction que les électeurs ne se soient pas trompés et qu'ils aient fait le choix d’élus de terrain qui travaillent ! Nous sommes allés chercher la victoire avec le couteau entre les dents », commente Katy Guyot, première adjointe vauverdoise. Sur Beaucaire, en revanche, l’extrême-Droite avec son binôme, Jean-Pierre Fuster - Élisabeth Mondet, renouvelle son mandat avec 57% des voix.
La Droite et le Centre limitent la casse
Pour la Droite et le Centre, le constat est mitigé. En comparaison du scrutin de 2015, les deux alliés sont en recul. Ils perdent deux cantons, passant de 20 à 16 élus. Défaits à Aigues-Mortes, Marguerittes et Nîmes 3, ils sauvent les meubles en conservant Nîmes 1, avec le binôme constitué par les adjoints Julien Plantier et Sophie Roulle. Sur Nîmes 4 aussi, les sortants Richard Tibérino et Véronique Gardeur-Bancel opèrent une "remontada" contre le binôme de la Gauche unie. À Alès, enfin, ils font carton plein en raflant les trois cantons dont celui du communiste Jean-Michel Suau et de sa coéquipière écologiste, Geneviève Blanc. « À l’arrivée, les résultats sont moins pessimistes que les pronostics », conclut le président de Nîmes métropole, Franck Proust.
Le chef de file des socialistes pour les Départementales, Arnaud Bord, a une autre analyse. Il condamne « la position de certains élus Les Républicains mi-figue, mi-raisin comme Christophe Rivenq vis-à-vis de l’extrême-Droite ». Avant d’enfoncer : « La Droite a un réservoir de votes qui s’appelle le Rassemblement national ! »
Avec cinq élus, les centristes formeront un groupe qui sera probablement présidé par Philippe Ribot (en remplacement de Thierry Procida, Ndlr), vainqueur sur le canton d'Alès 2 . Les Républicains disposent, eux, d’un groupe de 11 élus qui pourrait être présidé, comme le suggère le nouvel arrivant Julien Plantier, par Eddy Valadier « qui a toutes les qualités et capacités ». Il ne pensait pas tout à fait la même chose quand il s’agissait de présider l’Agglo de Nîmes…
À Gauche, les appétits s'aiguisent
La Gauche est donc la grande gagnante de l'histoire. Hier soir, au QG nîmois du café du Prolé, le communiste Vincent Bouget laissait échapper quelques larmes après sa victoire avec l’écologiste Dominique Andieu-Bonnet. Tombeur du sénateur Les Républicains, Laurent Burgoa, le binôme réalise le meilleur score de la Gauche à Nîmes avec 64% des voix. « Nous serons les élus de tous les habitants du canton, des élus du quotidien pour les protéger », réagit Vincent Bouget.
Seulement, si la Gauche s'est unie devant les électeurs - ce qui lui a d'ailleurs réussi - parviendra-t-elle à conserver cette belle entente dans les jours à venir ? Jusqu’à jeudi, date de l’élection du président du conseil départemental (ou de la présidente !), les tractations vont aller bon train.
Récapitulons : aujourd’hui, les élus du groupe PS et apparentés sont au nombre de 16 ; 6 pour les communistes, 4 pour les indépendants (élus de Marguerittes et d’Aigues-Mortes) et 2 pour les écologistes. Et le problème qui se profile, c'est que la reconduction de la présidente socialiste sortante, Françoise Laurent-Perrigot, ne coule pas de source.
Denis Bouad, qui dit vouloir une position « plus claire qu'il y a six ans », ne soutient pas pour autant ce choix de la fédération socialiste et de quelques élus comme Olivier Gaillard ou du président du groupe communiste, Christian Bastid, qui estiment que la présidente sortante est légitime pour poursuivre sa tâche. En joueur de poker, Denis Bouad, le Patrick Bruel de Blauzac, déclare que « les jeux sont ouverts, tout est possible ! Demain matin (ce matin, Ndlr), il y a une recomposition des groupes. Il faut regarder les forces en présence et chacun prendra ses responsabilités. » L'ancien président du Département pourrait-il signer son grand retour ? Soutiendra-t-il la candidature de son ami Christophe Serre, réélu sur le canton de Pont-Saint-Esprit ? Ou tout ça, finalement, ne serait-t-il que du bluff ?
Enfin une dernière carte sort du paquet des "présidentiables", celle d'Amal Couvreur. Ses bons résultats sur le canton de Nîmes 2 et sa position de numéro 1 sur la liste de Carole Delga dans le Gard, font grimper les enchères. C’est du moins ce que pense celle qui a toujours misé sur elle, la députée La République en marche Françoise Dumas. La parlementaire compte passer quelques appels à de vieilles connaissances comme les nouveaux élus que sont Robert Crauste et Rémi Nicolas pour la favoriser. Signe que la majorité de Gauche, si large soit elle, ne sera pas uniforme. Faites vos jeux, rien ne va plus !
Tony Duret et Coralie Mollaret