Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 20.07.2022 - norman-jardin - 3 min  - vu 1460 fois

MERCATO NÎMOIS 1961 : Hassan Akesbi fait sauter la banque

Hassan Akesbi a marqué 119 buts avec Nîmes Olympique (Fonds Collignon - Archives municipales de Nîmes)

Hassan Akesbi (à gauche) est le meilleur buteur de l'histoire de Nîmes Olympique (fonds Collignon - Archives municipales de Nîmes)

En juillet 1961, Hassan Akesbi, le meilleur buteur nîmois de tous les temps, quittait le Nîmes Olympique pour le Stade de Reims. Le NO faisait, à cette occasion, une belle affaire financière. Mais dix mois plus tard, il ne lui manquera qu'une victoire pour être champion de France, au dépens des Champenois. 

« D’un jour à l’autre, le Marocain de Nîmes va crever le plafond des transferts 1961 ! », peut-on lire en Une de l’hebdomadaire France Football du 11 juillet 1961. Cela fait effectivement six saisons que l’attaquant brille avec les Crocodiles et le grand Stade de Reims s’apprête à s’offrir ses services. Il n’y a pas de suspense, ni de rebondissement de dernière minute et le 31 juillet, Miroir Sprint peut titrer : « Un évènement, Akesbi à Reims ». C’est le transfert de la saison en France dans un marché hexagonal peu animé jusque-là.

« Nîmes a remporté une victoire morale ! »

Le Nîmois a-t-il crevé le fameux plafond des transferts ? Les observateurs ont de sérieuses raisons de le croire d’autant que les deux parties ont gardé le secret sur le montant final. Akesbi venant s’insérer dans une attaque déjà constituée de Kopa et Piantoni, Nîmes s’enrichit, certes, mais il permet aussi à un de ses concurrents de s’armer davantage. Du côté des supporters champenois, cette politique de recrutement de vedettes n’est pas du goût de tout le monde : « Reims va maintenant recruter au sein de l’équipe qui a été sa principale rivale au cours des derniers championnats. Dans le fond, Nîmes a remporté une victoire morale ! », estime un fan champenois.

La Une de l'Équipe le 26 juillet 1961

Le départ d’Akesbi en Champagne, c’est surtout la victoire du riche contre le pauvre. L’opposition Nîmes – Reims c’est en quelque sorte la lutte des classes. D’un côté le NO, un club au petit budget qui fait des miracles avec ses jeunes et le recrutement de joueurs revanchards ou carrément méconnus. Nîmes, c’est aussi le mélange des cultures : du Gard (Barlaguet, Garnier), d'Afrique du Nord (Bettache, Djebaïli, Rahis et Akesbi), d’Espagne (Salaber), d’Italie (Venturi), de Pologne (Roszak) et du Brésil (Constantino). Ainsi que de quelques joueurs venus tenter l’aventure (Oliver, Bourdoncle, Cassar) et ceux qui s’intègrent à merveille (Chillan, Noël, Bandera et Charles-Alfred).

45 millions d’anciens francs, soit 735 000 euros

Le tout mis en musique par le sorcier, Kader Firoud. L’histoire est belle, mais elle a ses limites car en face le Stade de Reims a les moyens de ses ambitions avec une flopée d’internationaux français (Kopa, Fontaine, Piantoni…) et un entraîneur (Albert Batteux) qui est accessoirement aussi celui de l'équipe de France. Drôle d'époque. Alors quand les Rémois mettent 45 millions d’anciens francs (735 000 euros, NDLR) sur la table nîmoise, il est impossible de refuser. Toulouse et le Racing Club de Paris, qui étaient aussi intéressés, peuvent aller se rhabiller. Nîmes Olympique a mis du beurre dans ses épinards, mais à quel prix ? Dix mois plus tard, l'histoire se charge de rappeler aux Gardois que l'argent ne fait pas toujours le bonheur.

En mai 1962, les Crocodiles ratent le titre de champion de France lors de la dernière journée en s'inclinant au Stade Français 1-0. Ce jour-là, c'est Henri Skiba, un ancien nîmois qui crucifie les Crocodiles. C'est finalement le Stade de Reims qui est titré en s'imposant 5-1 contre Strasbourg avec un doublé... d'Akesbi. Nîmes ne retrouvera plus jamais une si belle occasion et Akesbi part à Monaco en 1964, puis revient à Reims en 1964, avant de terminer sa carrière à Rabat en 1970. À 87 ans, l'ancien nîmois est aujourd'hui retraité au Maroc où il est considéré comme une légende. À Nîmes, il reste ses 119 buts marqués en six saisons qui en font le meilleur. Personne n'a fait mieux depuis.

Norman Jardin

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