ALÈS Deux étudiants de l'école des Mines ont développé une application anti-arnaques sur le net
Étudiant en informatique à l’IMT Mines Alès jusqu'à l'an dernier, Jimmy Fayolle a mis au point une application permettant de se protéger des sites pratiquant le "dropshipping". Des arnaques de plus en plus courantes sur le net.
"Antidrop". Tel est le nom de l'application conçue par Jimmy Fayolle, étudiant en informatique diplômé de l'IMT Mines d'Alès. Le principe est simple : il suffit de coller le lien de article que l'on souhaite acheter et l'outil nous indique si le produit provient du dropshipping. Un anglicisme qui décrit un concept : celui de vendre des produits sans disposer de stock, en pratiquant éventuellement un dropshipping jugé abusif lorsque les prix sont largement gonflés sans qu'aucune plus-value n'ait été apportée au produit vendu.
"Pendant le tout premier confinement, je traînais sur les réseaux sociaux, et je suis tombé sur plusieurs publicités avec des objets qui étaient vendus 10 fois plus chers que leur vrai prix. Ça m'a révolté", resitue Jimmy Fayolle. Initié dans la foulée par le dernier nommé, le projet avait pourtant vocation à rester scolaire. Mais c'était sans compter sur le soutien de l'incubateur de l'école des Mines qui a fort justement "trouvé ça intéressant sur le plan éthique".
Les influenceurs dans le viseur
Usant parfois de la crédulité d’une partie du public, souvent à l’appui d’une publicité agressive, le dropshipping serait monnaie courante chez les influenceurs. "On fait la guerre à ceux qui font la promotion de produits et de services de manière malhonnête", clame Jimmy Fayolle, incluant dans la démarche son ami Dorian Dignac, lui aussi diplômé de l'école des Mines. "Pour acheter, il faut avoir confiance. Or les fans font souvent confiance à leurs influenceurs préférés", regrette le dernier nommé, qui a rejoint l'aventure "Antidrop" pour développer l'identité visuelle de l'application, entre autres.
Disponible uniquement sur Android à ce jour, l'application, gratuite, aurait déjà permis à plusieurs centaines de personnes de déjouer une arnaque, en les redirigeant vers un site permettant d'acheter le produit à son prix initial. Si les premiers retours sont "très bons", ce projet anti-arnaques ne rapporte pas encore d'argent au duo.
Et pour cause ! "On récupère seulement une commission (environ 7%) si la personne se décide à acheter, via notre site, l'objet auquel elle s'intéressait. Sauf que l'objet, qui valait par exemple 25 euros sur les sites de dropshipping, ne va valoir que 5 euros sur Ali-Express, donc le pourcentage de la commission est très réduit. C'est bien moins rentable que le dropshipping", se marre l'auto-entrepreneur. "De plus, quand la personne se rend compte qu'elle s'apprêtait à se faire escroquer, elle renonce souvent à acheter l'objet", complète Dorian Dignac.
Des améliorations à venir
En neuf mois, le duo n'a donc récolté "que" 250 euros. "Ça permet juste de compenser les coûts de fonctionnement du site", concède le créateur. Et d'ajouter : "On a pourtant un volet dédié aux dons pour ceux qui ont évité une arnaque et qui voudraient rétribuer une partie du montant économisé. Mais on en reçoit très peu pour l'instant, car les dons sur le net ça fonctionne moins bien que les dons au chapeau (rires)", philosophe Jimmy Fayolle.
Actuellement, le tandem s'attèle à la mise en ligne de l'application sur iOS, ainsi qu'à la création d’une extension pour navigateur web. Une fois installée, celle-ci préviendra automatiquement l’utilisateur qu’il visite un site de "dropshipping", sans aucune action requise. Une avancée qui pourrait permettre à Jimmy et Dorian de professionnaliser leur démarche et de voir affluer les demandes de partenariats. "Après quoi on envisagera peut-être de vivre de ça..."
Corentin Migoule
Le lien vers l'application Antidrop.