BAGNOLS/CÈZE Vers une fermeture des urgences plusieurs nuits cet été, une situation « très inquiétante »
Cet été, les personnes qui se présenteront aux urgences du centre hospitalier de Bagnols après 19h30 pourraient se trouver face à une porte close. Une situation « très inquiétante, voire dramatique » pour le secrétaire de la CGT et infirmier aux urgences du centre hospitalier, Boris Vigne.
Tout d’abord, « il s’agit de menaces de fermeture, il n’y a rien d’officiel pour l’instant », avance le syndicaliste, qui se montre toutefois pessimiste. Il faut dire que « l’organisation des gardes estivales font état de nombreux trous, que nous n’avons pas la possibilité de combler par des renforts », explique-t-il, et ce dès le mois de juin. « Pour juin, on avance pas à pas », complète Boris Vigne, tout en affirmant que le gros des problèmes sera pour juillet et août.
La faute à une pénurie de médecins, « un problème national, il y a 100 à 120 établissements concernés en France », affirme-t-il. À Bagnols, « sur 13 équivalents temps plein médecins nécessaires, ils sont 6 », précise Boris Vigne. Une situation inquiétante donc, surtout que l’été est traditionnellement une période très chargée aux urgences avec l’afflux touristique dans le Gard rhodanien. « Nous avons déjà des pics à 120 passages par jour actuellement, ces pics sont de plus en plus fréquents alors que l’été n’a pas commencé », souffle l’urgentiste.
Et selon lui c’est sûr, « il y aura des pépins cet été. » Face à ça, un protocole a été mis en place. « L’acheminement des ambulances du centre 15 terminerait vers 17 heures 17h30, et pour les patients qui viendraient de leur propre chef, ce serait stoppé après 19 heures, avec une possibilité d’appeler le 15 », décrit l’infirmier des urgences. Passée cette heure, « on trouvera un service clos, avec le 15 qui orientera vers d’autres établissements », poursuit-il, vers Nîmes ou Alès, donc. Une fois la prise en charge par le SMUR, les patients seraient donc conduits vers ces autres centres hospitaliers, qui auraient donc un afflux de patients supplémentaire.
« C’est une catastrophe sanitaire », tonne le syndicaliste, alors que, pour ne rien arranger, « nous sommes dans un contexte où la médecine de ville est exsangue sur le territoire, et les médecins vont aussi prendre des congés », précise-t-il. « Je ne veux pas noircir le tableau, tout le monde est conscient de la situation mais il n’y a pas d’issue, on ne voit pas le bout du tunnel », reprend Boris Vigne.
Les chiffres évoluent sans cesse, mais il manquerait 5 postes en juin, et 7 à 8 postes en juillet comme en août. « Ce sera peut-être zéro, on espère », note-t-il. Et hors des urgences, « ce sont tous les services de soins qui sont dégradés, il manque aussi des infirmiers et des soignants partout, on est tout le temps dans des organisations dégradées », affirme le secrétaire de la CGT pour le centre hospitalier.
Il y voit le résultat « des économies faites depuis vingt à trente ans par les gouvernements successifs », pas compensées par la hausse du numerus clausus ni par le Ségur. « Il est nécessaire d’ouvrir le robinet de la formation, on ne peut plus faire autrement », estime Boris Vigne. Son syndicat prône plusieurs mesures, comme la participation de l’ensemble des médecins hospitaliers aux urgences, le rétablissement de l’obligation de la garde en médecine de ville, un redimensionnement des capacités d’hospitalisation ou encore des mesures d’attractivité pour les médecins urgentistes ou une réorganisation de la médecine de ville.
En attendant, il y a urgence aux urgences de Bagnols pour tenter autant que faire se peut de combler les trous dans les plannings. Face à cette situation, la CGT appelle à une journée de grève et de mobilisation le 7 juin dès 9 heures, avec un rassemblement à midi devant les urgences du centre hospitalier de Bagnols.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
Contacté, le directeur du centre hospitalier de Bagnols Jean-Philippe Sajus ne souhaite pas s’exprimer pour le moment. Le maire de Bagnols et président du conseil de surveillance de l’établissement Jean-Yves Chapelet n’a pas retourné notre appel.