Tous les jeudis de l’été, Objectif Gard vous propose une nouvelle rubrique : « Un accueil presque parfait ». Pendant une journée, nos journalistes se mettent dans la peau de touristes et évaluent, incognito, l’accueil d’une commune touristique gardoise. Restaurateurs, commerçants, activités de loisirs… : la chaleur humaine, l’amabilité ou encore la pertinence des conseils sont-elles au rendez-vous ? Aujourd'hui direction la Camargue et le Grau du Roi...

Petite cité maritime d'une dizaine de milliers d'habitants permanents,Le Grau du Roi accueille parfois jusqu'à 90 000 personnes au plus fort de la saison estivale. Il faut dire que l'unique ville côtière du Gard ne manque pas d'atouts ni de charme, avec ses 17 km de littoral réparti sur cinq plages, son port de pêche (le 2e de Méditerranée) et son port de plaisance, Port-Camargue, le plus important d'Europe avec ses 5 000 anneaux...

Mais pour poser le pied au Grau du Roi quand on vient en voiture, il faut d'abord trouver...à se garer ! Et là, c'est tout sauf une sinécure ! Après avoir tourné et viré durant un quart d'heure, de guerre lasse nous abandonnons ce parcours du combattant et partons à la recherche d'un parking payant. Au final, nous finissons par trouver notre bonheur. Pour stationner quatre heures, ils nous en coûtera 5 euros. Dommage car, avec un budget contraint, ce sera autant de moins à dépenser sur place ...

Après avoir flâné dans les petites rues, nous cheminons vers le canal et ses quais. C'est là que sont installés la plupart des restaurants. Dont le centenaire Grand Café de Paris du quai Colbert et son décor suranné qui fait l'étonnement des touristes étrangers en quête d'authenticité.

Car à propos d'authenticité, on en manque parfois autant que d'originalité dans la myriade de commerces d'articles de plages et de souvenirs, pour la plupart fabriqués par des petites mains asiatiques... Pas de quoi cependant nous faire bouder notre plaisir. Direction le Point information. C'est comme ça que s’appelle l'office de tourisme local.

Lovée en bout du quai du Général De Gaulle, sur la rive droite (*) qui abrite moult résidences aux styles disparates (chalets, pavillons, villas exotiques et baroques), la bâtisse fait belle impression ! "C'est la villa Parry. Elle porte le nom de son premier propriétaire, Ferdinand Parry", m'explique, tout sourire, l'aimable préposé à l'accueil. "Elle a été construite en 1899. Elle est propriété de la municipalité depuis 1996 et a été réhabilitée avant d'être inaugurée en 2000."

À notre demande, l'érudit décline la longue liste des activités que propose la ville : excursions en bateau en Camargue pour aller voir les taureaux, balades en quad, baptêmes de plongée sous-marine, parties de pêche en mer, promenades à cheval, visite du Seaquarium et de ses 200 espèces marines dont 25 espèces de requins et autres poulpes, murènes, méduses, poissons scorpion, poissons clown, poissons vache, raies, requins, otaries, phoques, tortues...

"Sinon, il y la plage ! Allez à l'Espiguette : c'est une des plus belles plages d'Europe. Elle est classée ''Site Naturel'' depuis 1998 et labellisée ''Grand Site de France'' depuis 2014", nous propose notre interlocuteur. Refus poli de notre part : "Nous aimerions visiter des monuments !" La réponse fuse. Aussi rédhibitoire que spontanée : "Ah !, ici, côté patrimoine, il n'y a rien !"

Pas si grave car il est déjà l'heure de déjeuner et nos estomacs réclament déjà leur pitance ! Le hasard et notre bonne fortune nous conduisent à un jet de pierre de là, au Restaurant du Port. L'accueil est des plus sympathiques : patron souriant et personnel aux petits soins. Nous optons pour un menu à 13,90 euros. En entrée, pour moi, une excellente soupe de poissons avec petits croûtons, fromage râpé et l'indispensable rouille faite maison.

Ma complice du jour opte pour une terrine de hoki (un grenadier bleu ou merlu à longue queue qui vit...dans les eaux du sud du Pacifique !) et son aïoli maison. Verdict : en dépit du peu d'intérêt gustatif du hoki, la terrine est plutôt réussie. Les supions à l'américaine qui suivent le sont tout autant et l'assiette est copieuse. Deux boules de sorbets sont les bienvenues pour faire glisser tout ça. Nous reviendrons volontiers pour pouvoir profiter du patio (le soir exclusivement) et du spectacle de flamenco qui a lieu tous les mercredis soir...

Nous reprenons notre déambulation en direction de la jetée pour aller humer l'air du large, regarder les bateaux et admirer le vieux phare. Après quoi nous décidons de reprendre la voiture pour aller faire un tour au Seaquarium. Trop tard ! C'est fermé ! Mais pas le bar-restaurant-glacier Le Patio de la Mer qui le jouxte. À défaut des "Dents de la mer", voyons ce qu'il y aurait pour satisfaire...les dents du père et son appétit de squale.

Et là, le patio de 300 m2 est ouvert. Nous nous y installons confortablement dans des fauteuils en rotin, en harmonie avec le décor façon "paillote exotique". Cette fois encore, l’accueil est des plus aimables et le personnel diligent. Nous jetons notre dévolu sur un mojito aux fraises (8 euros) et une plancha composée d'un fuet (saucisson catalan) et de brandade de...Nîmes (6,50 euros). Un choix que nous n'aurons pas à regretter  : concocté à base d'une purée de fraise réalisée sur place, de menthe fraîche, de citron vert, de glace pilée, d'un trait de Perrier (un produit local, lui aussi !), d'un zeste de rhum bien dosé, le tout surmonté d'une fraise entière, le mojito est une vraie réussite. Le Bon Dieu en culotte de velours aurait dit un autre... Merci pour ce moment, Luc et Corine ! Et tans pis pour le Seaquarium. Promis Grau du Roi, on reviendra...

Philippe GAVILLET de PENEY

philippe@objectifgard

(*) La rive gauche est celle du village de pêcheurs.