DIMANCHE VILLAGE La Grand Combe meurt mais ne se rend pas
"Ils nous croyaient morts. Ils nous avaient enterrés. Ils avaient oubliés que nous étions des graines". C'est en citant un poète équatorien anonyme que Patrick Malavieille, maire de la Gard Combe, termine son discours inaugural. Une citation qui résume bien la situation actuelle de la ville. Mais cette désertification ne doit pas être synonyme de décrépitude, alors le bourg fait peau neuve. En jeu, la qualité de vie de ceux qui restent.
La Grand Combe a connu jusqu'à 60 000 habitants au temps de sa gloire, en a compté 18 000 il n'y a pas si longtemps et voit aujourd'hui sa population réduite à moins de 5 000 personnes. Les moyens aussi ont fondu comme peau de chagrin. Alors il est devenu très difficile d'entreprendre des travaux de rénovation pourtant nécessaires. C'est ainsi que sous l'impulsion du maire, L'OPH (Office public de l'habitat) du pays Grand Combien, qui ne pouvait plus faire face aux dépenses nécessaires, a fusionné avec Habitat du Gard. Lors cette fusion, le 1er janvier 2014, un grand plan d’action de 13,6 M€ sur 10 ans a été adopté pour transformer le patrimoine de l’ancien OPH, qui totalise 952 logements.
À ce projet le Département du Gard apporte un soutien financier de 1 114 000 € pour permettre la réalisation d'un vaste plan qui englobe : 136 démolitions pour résorber le nombre de logements inoccupés, la réhabilitation totale de 289 logements, l'amélioration thermique de 180 autres, plus un grand nombre de travaux de mise en sécurité ou d’améliorations ponctuelles sur le parc et enfin la mise en place d’une agence de proximité d’Habitat du Gard, l’Agence des Cévennes, qui, avec 24 agents au service des locataires gère 1 950 logements répartis sur 36 communes.
Quatre ans après la fusion, l’inauguration de l’agence des Cévennes, établie dans les anciens locaux de l’OPH du Pays Grand’Combien, agrandis et complètement transformés, est l'occasion de faire un point sur ce qui a été déjà réalisé par Habitat du Gard, ce qui est engagé et sur ce qui va l’être. Le plan de réhabilitation global sera achevé en 2023 et toutes les opérations sont engagées.
L'agence Cévennes a ouvert ses portes
L'agence inaugurée jeudi dernier a été agrandie et complètement transformée pour permettre un accueil du public plus confortable et un accès aux personnes à mobilité réduite. L'architecture de façade a respecté les codes de la mairie toute proche et est résolument moderne. La surface ayant été considérablement augmentée par l'achat d'un logement de fonction au-dessus de la Caisse d'Épargne, les agents travaillent aujourd'hui dans des bureaux confortables et disposent d'un espace détente et d'une cuisine. Coût de l’opération : 565 860 € TTC.
Une visite à Marie Hugon
Pour prendre la mesure de l'ampleur de la réhabilitation, nous avons été invité à rendre visite à Marie Hugon, veuve d'un ouvrier de la ville. Heureuse de nous recevoir et honorée d'être invitée à l'apéritif suivant l'inauguration, elle a déclaré être "très heureuse de son appartement aujourd'hui comme neuf !" Heureuse aussi de pouvoir rester dans ce quartier qu'elle habite depuis 40 ans et où elle a souvenirs, amis et habitudes.
La réhabilitation s'est soldée par : 1 relogement en dehors de la résidence, 2 dans la résidence, sans retour dans le logement initial, 11 familles ont déménagé 2 fois pour revenir dans leur logement initial (dont Mme Hugon). 12 logements ont été attribués, 2 attendent leurs locataires. Le coût moyen d’un déménagement s'élevait à 1 500 € + prime de 300 € donnée à chaque famille et le coût des travaux à 50 000 €.
"Nos locataires nous quittent pour aller au cimetière", déplore un agent d'habitat du Gard. Il n'empêche que ceux qui restent voient leur bien être augmenter. La Grand Combe fait peau neuve et a encore plus d'un projet dans son sac, alors pourquoi ne pas rêver à des jours heureux …
Véronique Palomar