DIMANCHE VILLAGES À Garrigues-Ste-Eulalie, les panneaux solaires sont coopératifs
Le nouveau foyer communal du petit village uzégeois de Garrigues-Sainte-Eulalie, qui abrite également la bibliothèque communale, dispose depuis quelques semaines d’une ombrière solaire. Une installation coopérative.
« La transition énergétique, c’est l’affaire de tous » : la phrase, encore répétée samedi matin lors de l’inauguration de l’installation, a tout du mantra, pour ne pas dire du slogan creux. Pas à Garrigues-Sainte-Eulalie, village de 750 habitants niché à quelques kilomètres d’Uzès. Ici, on a fait le choix d’un projet coopératif, via la coopérative CITRE, Citoyens pour la transition et la reconversion énergétique. Concrètement, l’achat et l’installation des 33 panneaux photovoltaïques installés sur le foyer communal a été permis par la souscription par 25 coopérateurs locaux de comptes courants d’associés pour un montant de 14 000 euros, soit la moitié du montant total. Le reste étant financé par la commune et la région, qui met un euro pour chaque euro citoyen.
« On aurait pu le faire en direct, nous l’avons déjà fait sur les hangars municipaux, mais nous avons choisi la coopérative pour impliquer les citoyens d’ici et d’ailleurs », explique le maire Didier Kielpinski. Une petite installation d’une puissance de 9 kiloWatts, soit la consommation de trois à quatre foyers, en résulte. Symbolique. « Mais si dans chaque commune on le fait, on arrivera à de la puissance », ajoute le maire, qui se félicite par ailleurs des cet engagement coopératif, « pour financer du concret et dire qu’on participe à la transition énergétique. » « Ici, votre argent sert à quelque chose », ajoute Denis Méjean, le président de l’association Citre. Concrètement, après avoir pris au moins une part sociale de 50 euros dans la coopérative, il est possible d’ouvrir un compte d’associé. Limité à 500 euros, il est bloqué sur trois, cinq ou dix ans. C’est cet argent qui sert à financer les chantiers, un argent seulement prêté, puisqu’il sera restitué à l’issue des trois, cinq ou dix ans, avec les intérêts qui vont avec : 0,9 % pour trois ans, 1,5 % pour cinq ans et 3 % sur dix ans.
Plus de 200 coopérateurs
Pour en revenir à l’ombrière de Garrigues, « c’est une petite installation, mais qui regroupe toute notre volonté », poursuivra le président de la coopérative CITRE Philippe Pourcher. Une coopérative qui regroupe plus de 200 coopérateurs, dont quatre mairies (celle de Garrigues en fait partie), six associations, le Syndicat mixte des Gorges du Gardon ou encore deux entreprises commerciales, et depuis ce samedi matin l’antenne locale des Ingénieurs sans frontières, des étudiants ingénieurs de l’école des Mines d’Alès qui ont conscience de leur rôle citoyen. La coopérative a déjà financé cinq installations en 2018, et compte en lancer au moins autant en 2019.
De quoi ravir la conseillère départementale déléguée à l’économie sociale et solidaire Bérengère Noguier : « grâce à ce mode de financement, c’est un territoire dans toutes ses composantes qui contribue à faire émerger un projet », estime l’élue. Une élue qui voit dans les territoires ruraux « un modèle pour démontrer que malgré la déficience de moyens, on peut y arriver. » Du côté de la Région Occitanie, qui a participé au financement du projet, on rappellera que « nous avons lancé un objectif très ambitieux, être la première région de France à énergie positive d’ici 2050, ce sera long et il nous faut passer par de nombreuses étapes, et ce projet en fait partie, lancera le vice-président Jean-Luc Gibelin. L’objectif est de baisser de 59 % les émissions de gaz à effet de serre des transports et des bâtiments. »
Du côté de l’État, représenté samedi par la députée Annie Chapelier, on rappellera les objectifs : « moins 40 % de consommation d’énergies fossiles d’ici à 2030 et la neutralité carbone d’ici à 2050, en sachant que la meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas. » Et la députée de poursuivre en affirmant que « cette Programmation pluriannuelle de l’énergie peut sembler très éloignée, mais tout le monde doit contribuer, cette ombrière montre comment les associations et les collectivités peuvent travailler ensemble. » Le caractère exemplaire de ce dossier a également été salué par Annie Chapelier : « si on veut être suivi, il n’y a pas d’autre moyen que d’être exemplaire. »
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
Et aussi :
Citre et Le Cinéma des possibles proposent le jeudi 14 février à 20 heures au cinéma le Capitole d’Uzès la projection du film « Power to change, la rébellion énergétique » de Carl A. Fechner. Un film allemand sur la transition énergétique et les énergies alternatives.