DURFORT Mammouth : sur la voie de la datation, les paléontologues reviendront cet été
Les six scientifiques (*) qui ont cherché, mercredi et jeudi, autour du lieu où fut découvert le mammouth de Durfort, en 1869 (relire ici), ont fait quelques trouvailles. Si celles-ci ne leur apportent pas encore de réponse formelle, elles font saliver les paléontologues qui espèrent, cet été, mettre la main sur une dent.
La chaleur est moite et l'attente fiévreuse dans la cour de l'école de Durfort, ce jeudi soir. Les six experts - qui ont passé deux jours à chercher des restes fossilisés d'animaux dans les strates où fut découvert le mammouth méridional de Durfort, il y a plus de 150 ans - ont convié le conseil municipal et quelques passionnés à écouter le rapport, forcément succinct, de seulement deux jours de sondage. Succinct, certes, mais plein d'espoir.
À la recherche d'une dent de rhinocéros mort il y a des centaines de milliers d'années
"Hier soir, en fin de journée, on était mi-figue mi-raisin", expose Régis Debruyne, responsable de la mission. Mais le premier coup de pelle du jeudi matin, à plus de deux mètres sous le sol actuel, aura été le bon. "On a sorti un morceau de vertèbre et un morceau de côte. Si le morceau de côte en question allait avec la vertèbre, ça devait être aussi du rhinocéros." Pas de vestige de mammouth, donc. Mais peu importe. Car ce que cherchent avant tout les experts sur place, c'est une dent pour pouvoir affiner une période où le fameux mammouth méridional serait décédé, en complément des analyses de pollen, de sédiments et de paléo-magnétisme. Une dent, oui, mais pas une dent de mammouth car la datation peut se faire grâce aux radiations qui émanent encore de l'émail. Or, celui-ci est caché à l'intérieur de la dent chez les mammouths. Pas chez les rhinocéros.
Sauf qu'à creuser autant pour retrouver un sol préhistorique, les experts prenaient le risque de rencontrer la nappe phréatique. Ils se sont arrêtés avant. "On ne peut totalement atteindre le niveau qu'on voulait à cause de la nappe." Seule solution désormais : revenir quand l'été - qui a démarré de façon caniculaire - aura fait son office et que la nappe aura baissé. En espérant trouver la petite pièce qu'attend le géochronologue, Jean-Jacques Bahain, pour investir son laboratoire.
Régis Debruyne, organisateur de la mission, a aussi confirmé au maire, Robert Condomines, qu'il souhaitait que chaque ossement découvert "puisse être valorisé à Durfort". La commune reste ainsi propriétaire de ce qui est découvert, après nettoyage, consolidification et analyse. Robert Condomines avait même, en préambule au compte-rendu, lu un faux arrêté enjoignant les scientifiques à laisser leurs découvertes à la commune. Dans la bonne humeur générale, ils se sont pliés joyeusement au désir du premier magistrat.
En attendant la fin de l'été, le trou qui a servi aux sondages a évidemment été bouché, afin de protéger le sol et ses vestiges.
François Desmeures
francois.desmeures@objectifgard.com
(*) Régis Debruyne (paléo-généticien), Cécile Colin (responsable des galeries d'anatomie comparée et de paléontologie au Muséum d'histoire naturelle), Vincent Lebreton (pléontologue spécialiste des pollens), Jean-Jacques Bahain (expert en géochronologie), Cécile Chapon (paléo-magnétisme) et Grégoire Métais (spécialiste des mammifères)