ÉDITORIAL De la science infuse au retour des mathématiques
Faire et défaire, c'est toujours faire me direz-vous. L'annonce, hier par le ministre de l'Éducation nationale, du retour de l'enseignement obligatoire des mathématiques à tous les lycéens dès la classe de première à la rentrée 2023, a de quoi étonner. Non pas sur cette sage décision de Pap Ndiaye, trois ans après l’une des mesures les plus controversées de la réforme du lycée Blanquer, du nom de l'ancien ministre de l'Éducation nationale de l'époque, Jean-Michel Blanquer, qui prévoyait sa suppression dans le tronc commun. Mais plutôt qu'une grande partie de la communauté éducative en passant par les chercheurs et opposants politiques avaient déjà tiré la sonnette d'alarme avant l'application de la réforme sur ce risque majeur d'un décrochage des lycéens sur cette matière. Du risque aussi de manquer dans les années futures d'un vivier de scientifiques dont la France, l'Europe et le monde ont cruellement besoin. Mais dans le précédent quinquennat, doté d'une majorité large, le Gouvernement et Emmanuel Macron le premier, pensaient avoir la science infuse. Cette forme d'arrogance vis-à-vis de tout ce qui n'était pas issu de leur cercle de réflexion... Finalement, après avoir constaté une baisse drastique du nombre d’élèves en mathématiques en classe de terminale. Un décrochage particulièrement flagrant chez les lycéennes, et les inégalités provoquées par cette réforme. Un rapport d’experts il y a quelques mois préconisant de réintroduire les mathématiques dans le tronc commun. Sans compter, comme le rappelle le communiqué du ministère hier dimanche, le chiffre impressionnant de « 25 % des élèves qui n’ont pas le niveau attendu en mathématiques à l’issue de la classe de 3e », il était en effet temps de « réconcilier tous les élèves avec les mathématiques et encourager l’égalité filles-garçons ». Reste à savoir combien de temps il va maintenant falloir pour rattraper cette bêtise... Comme le disait l'écrivain Gilbert Cesbron : « Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas, disent les imbéciles quand ils changent. »
Abdel Samari