ÉDITORIAL Énergie : du coke en stock ?
C'est quand même à se demander si chez nos chères têtes pensantes, la carriole n'a pas versé sur le baudet. Quelques semaines après avoir annoncé vouloir accentuer ses efforts sur l'écologie et combattre plus efficacement le réchauffement climatique, voilà que le ministère de la Transition énergétique du nouveau Gouvernement annonce la reprise de l'activité de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle), fermée le... 31 mars dernier ! Si du côté des autochtones, dans un bassin d'emploi très impacté par le chômage, la mesure est plutôt bien accueillie, en matière de transition on aura rarement vu mieux que ce rétropédalage express, destiné selon le Gouvernement a anticiper les tensions sur le marché de l’énergie, dues à la guerre en Ukraine. Frappés par un plan social de grande envergure, les employés reprendront donc le chemin de la centrale pour six mois au moins. Et peut-être plus si affinités... Sans qu'on sache, entre parenthèses, ce qu'il adviendra d'eux plus tard, mais c'est une autre histoire. Car en effet, ce redémarrage... « s’inscrit dans le plan de fermeture », a martelé le ministère. Comprenne qui pourra ce galimatias. Pour être parfaitement honnête, le Gouvernement n'avait pas exclu cette hypothèse de réouverture ponctuelle même si, jusqu'à plus ample informé, on ne devrait pas assister à la réouverture des mines de charbon des Cévennes. Nonobstant, les premiers fournisseurs de coke (*) de la France - la Russie exceptée désormais - étant l'Australie (30% de nos importations à raison de 4 Mt), les États-Unis (1,9 Mt en 2018) ; la Colombie (1,5 Mt) ; et l'Afrique du Sud (0,8 Mt), l'impact carbone des voyages intercontinentaux de cet autre "or noir" pour faire des stocks de coke ne devrait pas être négligeable. Houille, houille, houille, aïe, aïe, aïe ! Autant d'émissions de CO2 qui finiront par faire définitivement craquer la couche d'ozone plus fragilisée qu'une Pampers usagée. Mais comme en Absurdie, une idée farfelue en pousse une autre, les principaux fournisseurs d'énergie de l'Hexagone nous conjurent de faire dès à présent des économies en tempérant notre consommation d'essence, de gasoil et d'électricité dans le même temps que le Gouvernement, lui, nous pousse à acheter des voitures électriques dont l'usage pourrait à l'avenir être éventuellement limité ! Quelqu'un m'explique ?
Philippe GAVILLET de PENEY
* La France a importé en 2019 près de 11 millions de tonnes de combustibles minéraux solides.