ÉDITORIAL Nîmes Chemin-Bas : le film de leur vie
Elle est vraiment belle cette histoire de gamins d'un quartier populaire qui parviennent à se hisser à la hauteur des grands en Coupe de France. C'est presque un scénario de film, sauf que cette fois-ci c'est le film de leur vie. Et ce film, il n'a pas intérêt à s'arrêter. On ne veut surtout pas voir le générique de fin. Non, on veut voir ces minots du Nîmes Chemin-Bas encore longtemps. Au prochain tour, les clubs de l'élite font leur rentrée. Forcément, ils rêvent tous d'affronter une belle équipe de Ligue 1. C'est sûr que de tomber sur le voisin du Nîmes Olympique - même si les Crocos évoluent en Ligue 2 - permettrait d'avoir l'assurance d'un club gardois qualifié en 16e de finale. Mais une grosse cylindrée comme Marseille, Monaco ou pourquoi pas, si les dieux du foot nous lisent ce lundi matin, le Paris Saint-Germain et toutes ses stars serait un cadeau historique ! Un souvenir à jamais pour ces footballeurs amateurs qui le raconteront à leurs enfants et petits-enfants. Et puis, pour une fois que l'on ne dit pas mal de ces jeunes et des habitants de ce quartier... Félicitons aussi la ville de Nîmes qui a fait le déplacement. Son maire, Jean-Paul Fournier, et son premier adjoint, Julien Plantier, ou encore les élus François Courdil et Carole Solana. Tous avec la banane. Ils n'ont pas hésité à se jeter dans les bras les uns des autres au coup de sifflet final. Eux aussi ont mis entre parenthèse les tensions du quotidien. Alors qu'il ne devait regarder que la première mi-temps, Jean-Paul Fournier est finalement resté jusqu'au bout, jusqu'à la victoire. Et il s'est régalé comme il l'a déclaré à notre rédaction. Il a surtout, sans probablement s'en rendre compte, rendu fier un quartier qui a vu de l'admiration dans ses yeux, de la bienveillance et cette passion qui transcende toutes les différences. Rappelons que le club du Nîmes Chemin-Bas, comme d'autres clubs de football des quartiers populaires nîmois, rencontre les pires difficultés tout au long de l'année pour mobiliser les acteurs du territoire. Avec des bouts de ficelle, ils sont l'un des derniers liens qui unit les gamins. Ils sont le rempart aussi vers toutes les formes d'extrémismes. Alors oui, bien sûr, chacun retournera dans quelques semaines, ou quelques mois, à ses occupations. Mais ce dimanche 28 novembre, la ville de Nîmes s'est figée quelques instants pour ces gens modestes, pour ces invisibles. Et la victoire de ces jeunes, c'est surtout celle-là !
Abdel SAMARI