FAIT DU JOUR Courant scène tire le rideau sur 20 ans de spectacles
Les 12, 13 et 14 octobre prochain, l'association culturelle Courant scène offrira trois soirées de clôture. Ensuite tout s'arrêtera. L'association crée à Vauvert il y a 20 ans met la clé sous la porte. Geneviève Sarguet, présidente et programmatrice des spectacles a accepté de nous donner les raisons de cette décision.
Objectif Gard : Depuis deux décennies, Courant scène proposait une programmation dense, un spectacle minimum par mois, plus des actions culturelles avec les collèges de Vauvert et Gallargues. Vingt années d'actions culturelles, de partenariats avec les associations, de quoi s'ancrer profondément dans le paysage culturel du territoire. La décision a surpris. Elle est vraiment irrévocable ?
Geneviève Sarguet : Oui, c'est fini. Je suis en train de finaliser les soirées de clôture et… les comptes. Le 14 octobre tout sera terminé. Mais nous aurons trois belles soirées. La dernière est une surprise. Le deuxième soir, ce sera un concert de Carmen Maria Véga à Vergèze espaces. Il y aura aussi un joli cadeau d'adieu au public. C'est un spectacle performance qui s'intitule "savoir enfin qui nous buvons" de Sébastien Barrirer, un circassien qui se produit dans l'hexagone et même au-delà. Cette soirée-là aura sans doute lieu à la cave coopérative de Vergèze.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, pouvons-nous revenir sur les actions de Courant scène pendant ces 20 années ?
Nous produisions environ un spectacle par mois, souvent plus. On travaillait aussi avec les collèges de Vergèze et de Vauvert. On organisait des parcours artistiques d'une semaine et des résidences d'artistes sur 4 semaines. Et puis spectacles à la récré, une à deux fois par an. On a travaillé avec toutes les associations de Vauvert : les clubs taurins, Rives, la médiathèque le Diable Vauvert… C'est un travail énorme pour une structure qui ne compte qu'une employée et des bénévoles.
C'est la raison pour laquelle vous arrêtez ? Trop de travail ?
J'arrête avant que ce soit la catastrophe. On ne peut plus payer notre employée qui collabore avec nous depuis trios ans. Sans cette aide c'est impossible, c'est déjà un gros plein temps à l'année. En plus comme programmatrice, j'allais voir des spectacles à mes frais. Je ne comptais ni mon temps, ni mon argent. Le bénévolat à ses limites.
"Personne ne se rend compte de ce que coûte un spectacle"
Comment vivait Courant scène ?
Nous avions des subventions de la DRAC (Direction régionale de l'action culturelle), du Département, de la Région, de partenaires privés comme la Caisse d'épargne. La municipalité de Vauvert nous donnait 5 000 € par an. Le Département et la Région nous donnait 18 000 €, une subvention qui avait baissé mais qui était maintenue. La mairie nous a versé une subvention exceptionnelle de 10 0000 € pour nos vingt ans l'an dernier. La Caisse d'épargne nous versait 10 000 €. C'est peu, mais personne ne se rend compte de ce que coûte un spectacle. On n'équilibre jamais et si on utilise pas l'argent des subventions on ne peut rien rendre accessible. On paie l'artiste. Par exemple Carmen Maria Vega va coûter 4 500 €, ce qui est raisonnable, mais l'association va dépenser 11 000€. Il faut équiper la salle, la louer, payer la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique), les taxes, la communication… Chaque spectacle est un tour de force.
"Il y avait un outil… C'est dommage"
Les raisons sont donc pécuniaires ?
Oui, essentiellement. On ne peut plus payer notre employée. Elle a d'ailleurs trouvé un autre emploi. Et sans elle, la somme de travail est colossale. J'y consacrais déjà un plein temps en payant tous mes déplacements de ma poche pour satisfaire la programmation. Sans aide ça devient impossible. Dans ces conditions personne ne peut et ne veut reprendre le flambeau.
Pas moyen de voir augmenter les subventions ?
Région et Département maintiennent les sommes et ne peuvent faire beaucoup mieux. Quant à la mairie, elle a fait ses choix et aujourd'hui je fais les miens.
Que ressentez-vous ?
Je voulais lutter. J'étais en colère. C'est passé. Aujourd'hui je ressens de l'amertume. Il y avait un outil, il était là, il suffisait de s'en emparer… C'est dommage.
Propos recueillis par Véronique Palomar-Camplan