Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 14.11.2021 - stephanie-marin - 4 min  - vu 622 fois

FAIT DU JOUR Élie Semoun : "Plus le temps passe, moins j'ai de tabous"

Élie Semoun sera à La Grand'Combe le 20 novembre. (PHOTOPQR/Stéphane Mortagne/VOIX DU NORD/MAXPPP) - PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP

Reporté à de multiples reprises depuis plus d'un an, le spectacle d'Élie Semoun aura lieu le samedi 20 novembre dans le cadre du Festival du rire à La Grand'Combe, salle Denis-Aigon. Interview.

ObjectifGard : Enfin, les Gardois vont pouvoir découvrir votre dernier spectacle "Élie et ses monstres"...

Élie Semoun : C'est dingue ! D'ailleurs j'en parle dans ce spectacle qui a été reporté au moins 13 ou 14 fois. Je raconte aux gens qu'à l'époque où je l'ai écrit, on pouvait rire de tout ce qui est plus compliqué maintenant, mais que je vais quand même le faire. Alors là, ils sont contents, ils applaudissent. C'est génial de sentir ce plaisir partagé entre le public et l'artiste. Je n'ai jamais ressenti un plaisir aussi fort, honnêtement.

"Avant on pouvait rire de tout, plus maintenant", c'est une boutade n'est-ce pas ?

Oui, c'est une boutade. Ça fait presque 30 ans que je suis sur scène, et plus le temps passe, moins j'ai de tabous. En voyant mon spectacle, vous verrez que j'aborde tous les sujets : le djihadisme, la mort, le handicap, la pédophilie, le sexe... Autant de sujets qui à priori sur le papier ne sont pas drôles, mais c'est justement cela qui est drôle. Tant pis si je me jette des fleurs, mais je me dis que c'est une forme de performance. D'abord, celle de l'acteur dans le sens où j'interprète des personnages mais aussi le fait de choisir des sujets dont personne ne veut.

Je rebondis sur les personnages. C'est votre marque de fabrique. Mais vous, Élie Semoun sur scène, tout seul ce n'est pas possible ? Faut-il obligatoirement ces personnages ?

J'ai du mal avec moi-même. Je pars du principe que lorsqu'on va au théâtre, c'est pour qu'un artiste vous raconte des histoires. C'est pour cela que je ne fais pas de stand-up, que je ne raconte pas ma vie en disant : "Tiens, l'autre jour j'ai été chez Ikea, j'ai bien compris le mode d'emploi de tel lit...". Ça ne m'intéresse pas de faire ça, je suis presque gêné devant les gens si je raconte ce genre de conneries parce que je trouve ça superficiel. Certains le font avec beaucoup de talent mais moi, tout seul, je ne suis pas assez intéressant pour réunir des centaines de personnes pendant une heure et demie. J'ai envie de parler de moi à travers les personnages.

Vous avez perdu votre papa il y a un an et demi. Il souffrait de la maladie d'Alzheimer. Abordez-vous ce sujet dans ce spectacle ? 

Non mais je l'ai abordé dans le film que j'ai fait, "Mon vieux". C'est un film très drôle, parce que mon père était drôle. Je pourrais parler de ce sujet dans un spectacle, mais je ne l'ai pas fait pour celui-là.

Élie Semoun sera à La Grand'Combe le 20 novembre. (PHOTOPQR/Stéphane Mortagne/VOIX DU NORD/MAXPPP) • PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP

Encore une fois, Nans Delgado ainsi que Muriel Robin vous accompagnent sur ce projet...

Entre autres... Avec Vincent Dedienne et aussi Manu Payet pour le sketch sur les échangistes. (Rires) C'est l'histoire d'un mari qui se plaint auprès de sa femme parce qu'elle aime trop le sexe et qu'il n'arrive pas à suivre le rythme. Avec Fred Hazan, j'ai écrit le sketch du raciste, ça s'appelle Hello Facho. On a inventé une application qui repère les racistes à moins de 300m ! Écrire un spectacle d'humour tout seul, ça me semble très compliqué.

Parce que...

Parce que la période de création est à mourir de rire quand on trouve des idées avec les copains. Entre autres, je me rappelle quand avec Muriel (Robin, Ndlr), on a écrit des sketches ensemble, on pouvait pleurer de rire par terre dans sa cuisine. Et ça j'adore.

Et ces monstres, qui sont-ils ?

Ce ne sont pas des monstres qui viennent d'une autre planète. Ce sont des monstres comme vous, comme moi. Ce sont des gens qui ont des problèmes, qui sont un peu boiteux, qui pensent mal mais... J'explique aux gens au début du spectacle que ce sont des monstres qui nous font avoir de mauvaises pensées, qui nous font être racistes, qui nous font tromper notre femme. Je parle de l'être humain et l'être humain est loin d'être parfait. Et c'est cela qui m'intéresse, parce que raconter le bonheur, ça n'a aucun intérêt.

Élie, tout le monde l'attend. Ce retour des "Petites annonces", aura-t-il lieu un jour ? 

Aaaaah, les "Petites annonces" ! Pour l'instant, pas pour le moment. C'est vrai qu'on en parle mais il y a une lenteur dans les chaînes de télévision qui est insupportable. Et j'attends toujours la réponse d'une chaîne. Je ne me vois pas le faire tout seul parce que finalement c'est un programme qui coûte assez cher. On n'a pas l'impression, mais c'est une grosse entreprise.

Et le cinéma, vous en êtes où ?

Je viens de terminer le tournage d'un film qui sortira en avril 2022. Il s'appellera "Ducobu Président". J'ai pris beaucoup de plaisir à faire ce film, on a eu dix semaines de tournage en Belgique. Je suis très heureux, ça va être à mourir de rire. C'est très moderne parce que ça parle des élections et il sortira en pleine période électorale. Je pense que ce sera un petit pied de nez à ce qui va se passer.

Propos recueillis par Stéphanie Marin

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Stéphanie Marin

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