FAIT DU JOUR Gare Nîmes-Pont du Gard : un chantier à grande vitesse
Il reste huit mois à la SNCF pour achever la gare LGV (ligne à grande vitesse) Nîmes-Pont du Gard, à Manduel. Un chantier mené tambour battant, contre les aléas politiques et climatiques.
« D’habitude, on construit une gare en trois ans. Là, le défi est considérable puisque nous devons la réaliser en deux ans ! », lâche Philippe Holstein. Depuis plusieurs mois, le directeur de projet, délégué aux bâtiments, retient son souffle pour mener à bien ce chantier. Un chantier dont le porteur de projet, Nîmes métropole, espère bien qu’il donnera un coup de fouet à l'économie du territoire.
Une gare à l’extérieur de Nîmes
Prétexte à polémique, puisque le complexe ferroviaire sera érigé à l’extérieur de Nîmes, la construction de la gare a démarré il y a un an. L’équipement se situe sur le contournement ferroviaire Nîmes-Montpellier, mis en service en décembre 2017. Implantée sur un site d'une vingtaine d'hectares, la gare a coûté 95 M€, dont 31,7 M€ financés par SNCF Réseau, 31,7 M€ pour l’État, 22,6 M€ pour la Région, 8 M€ pour Nîmes métropole, 1 M€ pour Montpellier Méditerranée métropole.
Le projet était d'ailleurs fortement décrié par les communistes et la Région avait suspendu ses paiements après les élections de 2015. « Mais aujourd'hui la situation est débloquée » , souligne la SNCF. Ce matin, lors d’une visite de chantier, le maire communiste de Domessargues, Bernard Clément, est venu « voir la gare contre laquelle je me suis battue. Je suis un démocrate. »
Une résignation à laquelle d’autres élus du PCF, comme le secrétaire départemental, Vincent Bouget, se sont rangés. Du côté du Département, « on traîne encore un peu des pieds », note-t-on du côté de l’Agglo, « il faut terminer d'aménager la RD 3 pour que cette route absorbe le trafic. Dans la même veine, la collectivité doit aussi créer une déviation de la RD 999 à la RD 3. Mais pour l’heure, rien n’est fait… »
Deux mois de retard
Le 15 décembre prochain, 25 TGV transiteront par la gare avec, à terme, un objectif d’1,5 million de voyageurs. Ces trains passagers viendront compléter les 70 % de trains de marchandises détournés de la gare centrale de Nîmes.
Qu’on se le dise, « le 15 décembre, le dernier brin d’herbe ne sera pas planté », reconnaît Joseph Giordano, directeur du projet Contournement Nîmes-Montpellier SNCF Réseau. Car il y a un autre ennemi contre lequel politiques et entreprises peuvent difficilement se battre : le climat.
« Nous avons perdu deux mois l’an dernier, à cause des pluies et du vent… », complète Philippe Holstein. Conséquence : « Nous devons rattraper ce retard. Il nous reste huit mois. Alors, les 80 entreprises sur le chantier étendent leurs plages de travail de 6 heures à 22 heures et on rogne sur les marges », poursuit le directeur délégué du projet.
À vitesse grand V
Tambour battant, les 80 entreprises, soit près d’une centaine d’ouvriers, s’activent sur le chantier. Un chantier où toutefois les bâtiments ne sont pas légion. « La gare restera champêtre. […] On viendra ici pour se promener, pas uniquement pour prendre le train », espère la SNCF. Le mas Larrier sera également conservé avec un investissement de 2,7 M€ de travaux conduits par Nîmes métropole pour implanter un restaurant et un espace de coworking.
De l’autre côté du mas, un parking d’une quarantaine de places accueillera les usagers soucieux de prendre l’un des 44 TER (Transport express régional) pour se rendre à Nîmes. « Il faudra peut-être l’agrandir. À Baillargues, on a été surpris de voir arriver l'affluence des personnes qui venaient prendre le train pour aller travailler. Quand on sait que Manduel n’est qu’à 8 minutes de Nîmes, on peut imaginer que certains préféreront prendre le train », poursuit la SNCF. Le chantier de Nîmes-Pont du Gard est donc encore loin d’avoir écrit le mot fin.
Coralie Mollaret et Anthony Maurin